Hymns For The Broken annonçait le retour d'Evergrey avec la réintégration de deux membres essentiels, Henrik Danhage et Jonas Ekdahl. L'album tentait de retrouver l'ambiance des débuts du groupe, à l'époque où il n'avait aucun mal à enchaîner In Search Of Truth avec Recreation Day. La suite, même si elle n'est pas indigne d'intérêt, a souvent péché par manque d'inspiration et des influences pop trop appuyées. The Storm Within est un accomplissement en soi puisqu'il marque le vingtième anniversaire des Suédois et la dixième entrée de leur discographie. A l'écoute de la musique, il se pourrait qu'on ne se souvienne de lui que pour cela...

Certes, Evergrey a réussi à capter de nouveau l'atmosphère sombre et pesante qui animait ses premiers albums mais à aucun moment au cours de cette galette il ne concurrence les éclairs de génie qui lui avaient permis d'écrire des titres aussi mémorables que The Masterplan, Blinded ou As I Lie Here Bleeding. La réussite du quintette tenait beaucoup à l'association de la voix expressive de Tom S. Englund et des claviers de Rikard Zander, le tout soutenu par des guitares cherchant autant l'efficacité de la rythmique que le plan prog' alambiqué. Or, au fil du temps, Evergrey s'est de plus en plus reposé sur le seul chant d'Englund. Celui-ci est loin de démériter mais il peine à se renouveler.

Son joli numéro d'écorché vif blasé commence à être extrêmement prévisible et toutes ses lignes vocales convergent vers la redite. Les claviers, dans une veine moins technique et démonstrative, suivent un peu la même logique (The Impossible, Passing Through, The Paradox Of The Flame). Par la force des choses, on voit le groupe se focaliser sur une musique plus pop, majoritairement axée autour de hooks et de refrains grandioses manquant grandement d'âme. The Storm Within commence pourtant par Distance, résumé en cinq minutes trente de la patte Evergrey. Intro minimaliste au piano, couplets dopés au groove, refrain aérien mélancolique et chorale sont de la partie. Distance remplit le cahier des charges et s'affirme comme une des meilleures chansons de la formation scandinave de ces dix dernières années.

A l'opposé, deux morceaux sont des duos avec Floor Jansen et tombent de plain-pied dans tous les poncifs. In Orbit et Disconnect essaient d'être les stars de l'album mais aucune alchimie ne se dégage des interprétations. Chacun fait ses parties dans son coin et même le passage instrumental sur In Orbit semble collé là par hasard, imperméable au reste de la chanson. The Paradox Of The Flame, où la femme de Tom S. Englund vient pousser la chansonnette, est un désastre sur tous les plans où même le leader du groupe semble perdre pied...

Quelques bonnes surprises parsèment toutefois ce dixième opus. The Impossible est un intermède de luxe, une sorte de Trilogy Of The Damned du pauvre mais qui atteint quand même sa cible. Nettement plus heavy, My Allied Ocean est mû par une énergie juvénile étonnante. Le sample parlé en milieu de titre ainsi que le riff et les guitares travaillées font réellement penser à un extrait retrouvé d'In Search Of Truth. Quand Evergrey se donne la peine, il sait encore se faire violence et tirer quelque chose de valable de ses sessions d'écriture.

Discographie :
The Dark Discovery (1998)
Solitude, Dominance, Tragedy (1999)
In Search of Truth (2001)
Recreation Day (2003)
The Inner Circle (2004)
Monday Morning Apocalypse (2006)
Torn (2008)
Glorious Collision (2011)
Hymns for the Broken (2014)
The Storm Within (2016)

Tracklist de The Storm Within (en gras les morceaux essentiels) :
01. Distance
02. Passing Trough
03. Someday
04. Astray
05. The Impossible
06. My Allied Ocean
07. In Orbit (feat. Floor Jansen)
08. The Lonely Monarch
09. The Paradox Of The Flame
10. Disconnect
11. The Storm Within

Evergrey - The Storm Within
AFM
www.evergrey.net

Evergrey - The Storm Within