Peu de musiciens ont un CV aussi diversifié que celui de Greg Howe. On pense forcément aux membres de Toto qui partagent sa virtuosité et qui ont su se bâtir une réputation de songwriter tout en réalisant d'innombrables piges en studio... En 2017, alors qu'il revient aux affaires sur un disque solo, Greg Howe semble nostalgique de l'époque qui a vu son talent éclore. Quasiment dix ans après son précédent opus, Wheelhouse allie les sonorités jazz et rock si chères à l'Américain. Le tout dans un carcan presque entièrement instrumental.

Petit retour en arrière. Alors que les années 80 étaient pleines de shredders qui se prenaient pour le nouveau Van Halen, Greg Howe débarque avec une approche jazz / blues tranchant quelque peu avec le néo-classique servi alors à toutes les sauces. De nombreux projets plus tard, il se fait un nom qui attireront les plus grands noms de la pop. Michael Jackson, Salt-n-Pepa, Christina Aguilera, Rihanna ou encore Justin Timberlake ont tous à un moment où l’autre enrôlé Greg Howe dans leurs aventures musicales.

Dans le même temps, il se rend de plus en plus désirable auprès d'un public de spécialistes, en recherche de sensations fortes à base de six-cordes. Ces amateurs de la première heure n'ont pas tous bien vécu les expérimentations fusion et vocales de Howe. Ceux-ci seront ravis d'entendre Wheelhouse car il se situe dans la continuité directe de Parallax et Five. La maturité en plus. Comme les plus grands, Greg Howe sait rendre un morceau instrumental palpitant et pour cela, il possède plusieurs cordes à son arc. Le riff tout d'abord : Tempest Pulse et Throw Down sont construits sur des mélodies imparables où les musiciens surenchérissent à la limite du freestyle. Les longs soli ensuite comme sur Landslide où il nous emporte dans un tourbillon de notes jamais vain. Les changements de registre, enfin, notamment l'interlude Key To Open, petit bijou de délicatesse, ou la ballade chantée par le comparse Richie Kotzen (Shady Lane).

Cette dernière sera sûrement perçue comme le morceau vedette de Wheelhouse. Pourtant, malgré le talent de Kotzen qui fait tout ce qu'il peut pour trouver son Chris Cornell intérieur, ça ne prend pas. Est-ce dû à l'ancienneté de cette chanson écrite par Howe et son frère dans les années 90 ou au solo de Kotzen bien pâle en comparaison des démonstrations techniques entendues sur le reste de l'album ? Difficile à dire mais Shady Lane n'est constituée que de fills peu originaux et de lignes de chant tout ce qu'il y a de plus ordinaires. Il nous fait apprécier les huit autres pistes, davantage dans le registre du guitariste.

Parmi celles-ci, chacun pourra piocher ses préférées selon ses goûts mais l'efficacité diabolique de Tempest Pulse, le funk de 2 In 1 ou les tonalités fusion de Let It Slip devraient être les choix les plus fréquents. L'appui de Jon Reshard à la basse et Gianluca Palmieri à la batterie ne doit pas être sous-estimé tant les deux hommes ont droit à leurs moments de gloire. Wheelhouse saura parler à tous les guitaristes qui refusent de jouer quatre accords en boucle et d’appeler ça une chanson. Comme souvent, les autres resteront assez hermétiques à cet univers de connaisseurs où chaque mesure pourrait être un prétexte à une dissertation.

Discographie :

 - 1988: Greg Howe
 - 1993: Introspection
 - 1994: Uncertain Terms
 - 1995: Parallax
 - 1996: Five
 - 1999: Ascend
 - 2000: Hyperacuity
 - 2008: Sound Proof
 - 2017: Wheelhouse

Tracklist de Wheelhouse  :

 1. Tempest Pulse
 2. 2 In 1
 3. Throw Down
 4. Landslide
 5. Key To Open
 6. Push On
 7. Let It Slip
 8. I Wonder
 9. Shady Lane
(en gras les morceaux essentiels)

 

Greg Howe - Wheelhouse

Bad Racket

greghowe.com

 

Greg Howe - Wheelhouse