De temps en temps arrivent des événements échappant à toute logique. Allez donc lire la rubrique Yahoo – Insolites si vous ne me croyez pas. Depuis quatre ans je guette ce portail Internet pour avoir une explication sur le non-succès publique du second album de Khoma, The Second Wave. Ce dernier avait tout pour réussir et la presse l’avait grandement salué à sa sortie. Pourtant, en 2010, qui en France, mis à part les deux barbus à lunettes traînant le lundi matin au Gibert Joseph de Paris en attendant frénétiquement la mise en rayon des sorties post rock de la semaine, est capable de dire qui est ce groupe ?

The Second Wave fait partie de ces disques qu’on chérit pour plus d’une raison :
1)Car on a l’impression d’être seul à le connaître,
2)Car l’enchaînement des onze pistes se fait dans la plus grande cohérence et logique,
3)Car sa richesse musicale semble aussi inépuisable que la vigueur du lapin Duracell,
4)Car son écoute obsède et, en focalisant l’attention, il rend impossible de faire une activité annexe autre que la lecture en parallèle du livret.

Nourri d’influences diverses allant de Muse à Sigur Ros en passant par Cult Of Luna, The Second Wave demeure incroyablement facile d’accès rendant le public potentiel du disque infini. Des titres comme « Stop Making Speeches » ou « Through Walls » sont des singles en puissance où les guitares et la batterie ont certes été traitées par un filtre « metal » mais le fond demeure : Khoma se définit comme un groupe de pop rock avec une vision scandinave légèrement dépressive.

C’est donc tout naturel si l’ensemble vit avec des arpèges tristes, des contretemps ravageurs et des paroles nostalgiques. Mais tout ceci trouve du répondant avec des refrains souvent majestueux et libérateurs (« Like Coming Home », « Through Walls », « 1909.08.04 », « One Of Us Must Hang ») bien loin du violon pesant du titre d’ouverture, « The Guillotine ». Il faut dire que Khoma maîtrise l’art du « build up » comme personne. Si The Second Wave était un film, on parlerait volontiers d’Alfred Hitchcock. Les onze morceaux ont un fil rouge commun : des parties plus ou moins longues avec la batterie et le chant occupent le spectre sonore avant que tous les musiciens se lâchent dans un déluge de décibels tout à la fois mélodique et apocalyptique.



Aucun titre ne symbolise cela mieux que le dernier. « One Of Us Must Hang », parfaitement amené par un fracassant « 1909.08.04 », capte tout d’abord une émotion plutôt positive avant de tout déconstruire par une avalanche de batterie et de guitares laissant libre cours à des influences noise et post rock. Redoutable, efficace et salutaire, ce final met K.O. le plus aguerri des fans de metal. Il n’en fallait pas moins pour terminer un album de haute volée dont la réputation culte finira bien un jour par s’effacer au profit d’une étiquette « classique absolu » bien plus méritée.

Précision importante : si vous voulez acheter The Second Wave, sachez qu’il vous faudra attendre une réédition car le pressage Roadrunner est maintenant épuisé. Toutefois d’ici quelques mois un nouvel album devrait voir le jour. Nous vous en parlerons bien évidemment.

Line-up :
Jan Jämte (chant)
Johannes Persson (guitare)
Fredrik Kihlberg (guitare, piano)
+ invités

Tracklist de The Second Wave (en gras les morceaux essentiels) :
1. The Guillotine – 4:01
2. Stop Making Speeches – 4:51
3. If All Else Falls – 3:24
4. Medea – 5:56
5. Hyenas – 5:21
6. Through Walls – 4:25
7. Like Coming Home – 5:11

8. Asleep – 3:34
9. Last Call – 5:00
10. 1909.08.04 – 3:45
11. One of Us Must Hang – 5:55

Discographie :

Tsunami (2004)
The Second Wave (2006)


Khoma – The Second Wave
Roadrunner
www.myspace.com/khoma 
L’album oublié : Khoma – The Second Wave (2006)

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