En bons frappadingues de la guitare, nous aurions dû être enchantés de nous rendre au salon Music & You, 3ème édition du Salon de la Musique qui se tenait du 18 au 22 novembre dernier à la Grande Halle de la Villette. Mais, en amont de l'évènement, la déception n'a pas tardé à pointer le bout du nez !

Le Salon de la Musique: 10 années d'errances ?
Rebaptisé Music & You et rapatrié en face de la Cité de la Musique, toutes les conditions semblaient réunies pour nous réjouir de ce messe français de la musique et de la pratique instrumentale. Las, en compulsant la liste des exposants durant les semaines qui précédaient le salon, le vague sentiment d'une déception à venir s'installait doucement !




L'histoire du Salon de la Musique est depuis ses débuts un brin erratique comme un signe de la difficulté à pérenniser un événement musical à Paris. D'abord couplé au Salon Musicora (dédié à la musique classique) jusqu'en 2000, ce n'est qu'en 2006 qu'un Salon de la Musique indépendant a vu le jour. Depuis il aura subi un changement de nom, de lieu, de date pour au final laisser l'impression d'une formule qui a encore du mal à prendre.

Je parlerai plus volontiers d'une demi-déception puisque malgré une fréquentation visiblement en baisse, il y aura quand même eu quelques points appréciables à ce salon. De l'aveu des exposants et musiciens présents, l'attention portée par les visiteurs de passage sur les stands et aux démonstrations aura été la plus importante des trois éditions du Salon.
En terme d'exposition pour les marques et les luthiers, Music & You aura probablement été bénéfique... un peu! Suffisamment pour justifier les coûts engagés dans l'animation des stands?

Les musiciens eux semblaient ravis de voir la foule se presser à leurs démonstrations, jams et autres showcases. Il n'y a après tout pas de meilleure publicité pour un musicien que la performance live !



Les absents font toujours du tort !
Quid du côté des visiteurs ? Une certaine grogne montait comme sur le sujet dédié au Salon Music & You sur guitariste.com par exemple. La raison principale était que nombre de marques n'étaient pas annoncées parmi les exposants. Des distributeurs aussi importants que HTD (Vigier, Orange, Schecter, Music Man,...), Gibson ou Line 6 n'étaient pas prévus et n'ont effectivement pas fait le déplacement.
D'autres, bien que présents, n'ont pas vraiment joué le jeu d'un salon. C'est le cas par exemple d'Algam, distributeur de nombreuses marques qui n'est venu présenter que sa marque fétiche, Lâg. Certes le stand était grand et beau mais la diversité en a pris un coup!

En dehors des absents ou de ceux qui n'ont pas vraiment joué le jeu, des stands comme celui de Fender France auront tiré leur épingle du jeu en venant avec de nombreuses guitares et basses Fender évidemment, mais également des instruments Jackson, Gretsch ou Guild!



La France ne peut avoir son Musikmesse ?

Si on devait déterminer quelques ingrédients incontournables pour assurer un minimum de succès et de viabilité à un événement quel qu'il soit, j'en donnerais trois principaux, même si on pouvait en établir d'autres.

Ingrédient #1 d'un bon événement : Localisation
Cette condition pourrait ne pas être primordiale mais le lieu relève autant d'aspects symboliques que pratiques. Si la Grande Halle de la Villette est un lieu symbolique du fait de sa proximité avec la Cité de la Musique, d'un point de vue pratique elle ne rivalise pas avec l'espace disponible au Parc des Expositions de la Porte de Versailles.

En 2008 pas moins de 4 véritables scènes dont 2 en extérieur animaient le Salon de la Musique, en plus des stands de démo des différents exposants. En 2010 seule la scène Yamaha permettait de voir les jams proposées aux visiteurs, et l'auditorium a reçu quelques showcases.

Au delà du simple côté symbolique ou pratique du lieu, il convient surtout de maintenir une unité de lieu. Choisir le lieu, s'y tenir! Dans le cas de Music & You, il y a fort à parier que si l'édition 2012 était appelée à plus de succès, nul n'est à l'abri, il faudrait impérativement changer de lieu! Ce n'est pas forcément la meilleure des choses en terme de visibilité.


Ingrédient #2 d'un bon évènement : Périodicité
Deux années entre deux éditions d'un salon, c'est une longue période surtout quand les nouveautés sont fréquentes dans le domaine. Certes le NAMM et le Musikmesse se chargent de dévoiler l'essentiel des nouveautés en début d'année. Certes les magasins les reçoivent assez vite. Et évidemment internet a rendu l'information plus accessible que jamais! Malgré tout il est dommage de ne pas avoir un salon annuel.

L'autre aspect intriguant, c'est que l'idée ne viendrait à personne d'organiser les festivités du Beaujolais nouveau en mars ! Alors pourquoi organiser un salon de la musique avec scène ouverte en extérieur en plein mois de novembre?

Et surtout pourquoi l'organiser dans cette période de creux qui précède le NAMM de Los Angeles, période durant laquelle les nouveautés des différentes marques sont gardées bien au chaud pour le NAMM?

Ingrédient #3 d'un bon événement : Identité
L'identité d'un événement est probablement le facteur le plus important ! Le salon de la musique est effectivement un salon de la pratique musicale et instrumentale d'où sa nouvelle appellation, Music & You.

Music & You ! L'utilisation de l'anglais a eu de quoi faire tiquer un temps en nous faisant valser entre les interprétations. S'agit-il d'une dénomination hype destinée à mettre plus en avant la raison d'être du salon? Ou dénote-t-elle une réelle volonté de donner une impulsion et une portée internationale à l'évènement?

Côté pratique musicale, il y avait bien de nombreux ateliers mais qui étaient tenus un peu en marge du salon lui-même! Les journées de vendredi et lundi ont vu des groupes scolaires envahir les allées de la grande halle, joyeusement et à renfort de décibels. Les instruments pour la plupart était essayables sur les différents stands.



Côté portée internationale, comment avoir cette envergure dans un lieu qui tout aussi beau qu'il soit reste restreint en espace? Par ailleurs un événement comme celui-ci ne saurait reposer uniquement sur la présence des distributeurs! Les marques devraient faire partie du bal. C'est ce qu'on voit au Musikmesse de Francfort où certaines marques absentes, ont tout de même une présence si petite soit-elle via leurs distributeurs.

Ce sont là trois éléments clés et fondateurs d'un événement tel que le salon de la musique, mais il y en a d'autres tout aussi importants. Il serait trop long et probablement hors de propos de nous plonger dans le labyrinthe de la communication autour de l'évènement.

Le point le plus important, c'est que nous aimons la musique et la guitare, à ce titre nous ne pouvons qu'encourager l'existence du Salon de la Musique, ou de Music & You, ou peu importe son appellation. Ce qui est par contre un fait certain c'est qu'il y a encore du chemin à faire pour trouver la formule idéale!
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