Que ce soit avec Racer X, Mr. Big, en solo ou lors de ses participations au G3, Paul Gilbert a beaucoup fait pour la guitare. Polyvalent et doté d’un toucher hors pair, l’Américain n’est pourtant que trop rarement, sur notre vieux Continent, salué pour ses qualités qui ont déjà émaillé trois décennies de hard rock ! Retour sur la vie de ce géant de la six cordes au moment où sort United States, enregistré avec Freddie Nelson.

Né en 1966 dans l’Illinois, Gilbert s’est mis à jouer de la guitare grâce à un cadeau pour son cinquième anniversaire. Ses parents, tous deux, avaient en effet trouvé bon de lui offrir un jouet – un ensemble guitare / ampli de genre Playskool – pour le sensibiliser à leur passion. D’abord intéressé, il laisse rapidement tomber, frustré de ne pouvoir jouer que des comptines ! Il faut croire qu’il avait déjà la fusion dans le sang, le petit Paulo ! Ce n’est que quatre ans plus tard en écoutant des groupes tels que Led Zeppelin, Kiss, Aerosmith ou Heart qu’il comprend ce qu’il possible de réaliser avec l’instrument. Deux ans plus tard, il entend Eddie Van Halen et décide sur le champ de retenter sa chance.

Il se lancera alors avec une approche biaisée de la technique : il ne joue qu'en retour au médiator, uniquement sur la corde grave et avec son majeur gauche sur le manche. De nouveau frustré après avoir essayé de jouer l'intro de « Barracuda » de Heart, il prend des leçons et son professeur corrige ses défauts. Paul continue alors de progresser, et à l'âge de 14 ans, il crée un groupe local à Greensburg, en Pensylvanie, qui s'appelle Missing Lynx. A 16 ans, il se montre intéressé pour devenir le guitariste d’Ozzy Osbourne mais ne parvient jamais à entrer en contact direct avec l’ex-Black Sabbath. Du coup, il privilégie une autre piste : le groupe Racer X qui fut fondé en 1985 à Los Angeles en compagnie de Juan Alderete à la basse, Harry Gschoesser à la batterie et Jeff Martin au chant.

La base du style de Paul Gilbert est déjà là : un phrasé véloce, un jeu au pick extraterrestre et sa technique de « string skipping » qui le rendra célèbre à travers le monde. Très inspiré par Yngwie Malmsteen, le premier album de Racer X contient même une chanson faisant directement référence au maître suédois : « Y.R.O. » qui signifie « Yngwie Rip-Off ». Le second album, Second Heat, est un peu plus personnel et vaut surtout pour les titres instrumentaux et une géniale reprise de David Bowie, « Moonage Daydream ». Pourtant le groupe splitte et Gilbert s’en va former Mr. Big.

Super-groupe formé à partir de la paire Paul Gibert / Billy Sheehan (en provenance du groupe de David Lee Roth), Mr. Big s’inspire d’une chanson de Free pour trouver son nom. Très attendu au Japon après avoir vu sa côté de popularité grimper à mesure que les Nippons se découvraient une passion pour le shred, Paul Gilbert et Mr. Big ne déçoivent pas. Surtout pas avec le premier album, éponyme, dont le titre « How Can You Do What You Do » est cosigné par Jonathan Cain de Journey. En 1992, Lean Into It, avec sa célèbre pochette d’accident de train de la Gare Montparnasse, assoit le groupe sur le trône des charts grâce au hit « To Be With You ». Le reste est plus anecdotique et, en 1997, Gilbert quitte le groupe pour se lancer dans une carrière solo.

Celle-ci, très variée, sera l’exemple typique de la carrière solo non-acceptée par les fans. Constamment critiqué par ceux-ci pour son manque de shred, le guitariste trace son sillon malgré tout, un peu plus esseulé que durant les années précédentes. Il en profite tout de même pour collaborer avec de nombreux artistes pour des projets très variés (G3, reprises de Beatles, des Who, participation à un album de Neal Morse, etc.) Néanmoins il aura finalement été rattrapé par la volonté inaliénable de son public – dont Snakebyte, l’auteur d’un mail incisif, est le digne représentant – et il reforme Racer X pour revenir à ses premiers amours. En 2009, il reforme même Mr. Big pour une série de concerts qui ne doivent, pour le moment, uniquement passer que par le Japon. Bien que la France soit ignorée, ce n’est pas une raison pour que nous en fassions de même à son égard alors ressortons ses meilleurs disques et buvons à la santé du shred !

Les dix chansons à apprendre selon Paul Gilbert :
1. « Circumstances » par Rush (extrait de l’album Hemispheres)
2. « Mother Mary » par UFO (extrait de Strangers in the Night)
3. « Little Dreamer » par Van Halen (extrait de Van Halen)
4. « If I Fell » par The Beatles (extrait de A Hard Day's Night)
5. « Riff Raff » par AC/DC (extrait de If You Want Blood You've Got It)
6. « Sheena Is a Punk Rocker » par The Ramones (extrait de Rocket to Russia)
7. « Gettin' Betta » par Pat Travers (extrait de Live! Go For What You Know)
8. « Day of the Eagle » par Robin Trower (extrait de Bridge of Sighs)
9. « Majestic » par Journey (extrait de Evolution)
10. « No Matter What » par Badfinger (extrait de The Very Best of Badfinger)
Paul Gilbert en quelques mots...