Le post rock, d'abord, puis le post metal, ensuite, ont indéniablement mis au monde quelques-uns des groupes les plus créatifs de la fin des années 90/début 2000. Parmi les plus intéressants, et les plus longs à s’imposer, figure The Ocean, également connu sous le nom de The Ocean Collective, dont l’univers visuel exceptionnel et pleinement intégré à sa démarche artistique a souvent rattrapé les approximations musicales. Or, avec Precambrian en 2007, les Allemands ont pour la première fois accouché d'un disque à la hauteur des attentes. Toujours très inspiré, le collectif sort deux albums en 2010 consacrés à une critique du Christianisme avec un premier volet Heliocentric où l’on se retrouve pêle-mêle en compagnie de Galilée, Nietzche, Darwin ou encore Dawkins. Tout un programme (scolaire) !

En intégrant fraîchement un nouveau vocaliste, le quintette poursuit la voie tracée sur le deuxième CD de Precambrian. Les morceaux s'étirent, se débarrassent en grande partie des sonorités extrêmes et se concentrent sur ses caractéristiques les plus mélodiques et épiques. L'évolution est connue, puisque similaire à celles de centaines de groupes metalcore ayant acquis au fil des années une sensibilité pour le rock atmosphérique et développé dans le même temps une aversion pour les vocaux criés. The Ocean n'en est pas encore là. Heliocentric se situe à un croisement où la musique jouée doit encore autant à ses penchants violents qu'à ses escapades en territoire ouaté.

Et le mélange prend véritablement, bien que certains titres ne bénéficient pas de lignes vocales extrêmement réussies (The First Commandment of the Luminaries) et que quelques passages calmes aient tendance à s'éterniser (Ptolemy Was Wrong). Toutefois, la longueur et la répétitivité de ces approximations contribuent à créer une ambiance générale très travaillée et extrêmement bien équilibrée entre ses différents penchants.

Swallowed by the Earth résume le nouveau positionnement du groupe en quelques minutes. Production spacieuse, contretemps maitrisés et progressions inattendues : The Ocean se situe dans une phase imaginative donnant lieu aux compositions les plus accomplies de sa jeune carrière. Le final du disque prend dans ces conditions tout son sens. Comme si le groupe en avait gardé sous la pédale durant les huit pistes, il lâche les cheveux et enchaîne deux chansons qui s'emboitent autour du riff le plus marquant d'Heliocentric.

La seconde partie de The Origin Of God montre le chemin parcouru par le quintette depuis Fluxion et achève le premier volet de ce diptyque de manière on ne peut plus aguichante. Robin Staps tient son groupe de mains de maître et on ne doute pas un seul instant qu'il va surpasser Heliocentric avec Anthropocentric. Surtout si les paroles s'améliorent car avec les vocaux clairs, aujourd'hui majoritaires, les textes sont devenus très audibles et ne constituent pas à proprement parler une source d'éloges... Et si Anthropocentric se révèle être une sérieuse déception, il restera certainement un artwork de premier choix. Celui de Heliocentric est un délice pour les yeux et se range sans pâlir aux côtés de Precambrian. Heureusement, la musique aussi.

 
Line-up
Luc Hess (batterie)
Louis Jucker (basse)
Loïc Rossetti (chant)
Jonathan Nido (guitare)
Robin Staps (guitare+programmation)

Tracklist de Heliocentric
1. Shamayim 1:53
2. Firmament 7:29
3. The First Commandment of the Luminaries 6:47
4. Ptolemy Was Wrong 6:28
5. Metaphysics of the Hangman 5:41
6. Catharsis of a Heretic 2:08
7. Swallowed by the Earth 4:59
8. Epiphany 3:37
9. The Origin of Species 7:23
10. The Origin of God 4:33

Discographie
Fluxion (2004)
Aeolian (2005)
Precambrian (2007)
Heliocentric (2010)

The Ocean - Heliocentric
Metal Blade
www.theoceancollective.com
The Ocean : philo, histoire, SVT, vous avez deux heures...