This Town Needs Guns est, contrairement à ce qu'indique son nom, l'un des représentants les plus émotifs du math rock, ce genre héritier du progressif aux structures irrégulières. Les Anglais ont sorti fin janvier un deuxième album, nommé « 13.0.0.0.0 » en référence au calendrier maya, rempli de parties instrumentales virtuoses aux rythmes cassés. Captivant et raffiné.
This Town Needs Guns porte mal son nom. À tel point que ses membres, après leur grandiose premier album Animals en 2008 et plusieurs changements de line-up, ont décidé de le transformer en TTNG. « Nous ne sommes pas des gens violents, a confié le chanteur et second guitariste Henry Tremain dans une lettre ouverte, nous ne faisons pas de la musique violente, alors pourquoi aurions-nous un nom violent ? » À défaut de connaître personnellement le trio mieux que quiconque, on peut décrire leur musique comme pacifique. Un calme musical composé de prouesses techniques.
Andy McKee jouant du rock anglais
« Cat Fantastic » ouvre l'album avec ses couches de guitares et ses harmonies enchanteresses. Le guitariste lead Tim Collis joue ses arpèges supersoniques et ses parties de tapping avec le son précis et tranchant de son Engl (Screamer 50 à priori) en son clair. Plutôt étonnant vu que ces amplis sont réputés pour leur efficacité en son saturé. De l'overdrive et de la distortion, n'en attendez pas de la part de TTNG. Tim Collis donne assez de profondeur à ses harmonies avec ses accordages personnels et son quasi abus de capodastres (il en utilise parfois deux en même temps). On a l'impression que le guitariste virtuose Andy McKee s'est lancé dans un projet de rock anglais.
Henry Tremain aussi joue la différence avec sa guitare baryton fabriquée à partir d'une Squier Jaguar Bass. Il joue à la fois des parties de guitare en contre-chant de celles de son partenaire ainsi que des lignes de basses rocailleuses, très consistantes. Sa voix sereine, plutôt fluette, contraste avec la nervosité des instruments. Chris Collis, batteur et frère de Tim, cogne sur les structures rythmiques avec beaucoup de panache et sait doser la tension, haletante sur « Havoc In The Forum ».
Génial après plusieurs écoutes
Malgré la richesse du groove de ce disque, on a du mal à bien différencier les morceaux, surtout dès la première écoute. Le son des instruments est homogène. La très jolie acoustique « 2 Birds, 1 Stone and an Empty Stomach » se démarque pourtant, tout comme « Pygmy Polygamy » et sa harpe solitaire. Passées plusieurs écoutes, le potentiel de morceaux comme « Cat Fantastic », « Left Aligned » et surtout « +3 Awesomeness Repels Water » explose et les rend carrément addictifs. 13.0.0.0.0 est un album qui mérite plusieurs passages.
L'album est en écoute intégrale sur le Bandcamp du groupe.
Sargent House
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