Neuf mois après l’horrible Raditude, dont la pochette fait encore jaser les forums musicaux, Weezer est déjà de retour ! Visiblement, le groupe voulait faire oublier ce raté au plus vite. Pourtant, Hurley, nommé et représenté par le personnage de la série TV Lost, reprend quelques-unes des caractéristiques de la cuvée 2009 et notamment les collaborations artistiques étranges. En effet, Linda Perry, Desmond Child, Tony Kanal, Dan Wilson, Ryan Adams, Greg Wells ainsi que les acteurs Michael Cera et Jorge Garcia ont tous été impliqués dans la fabrication de ce disque. Une originalité à la hauteur du personnage de Rivers Cuomo qui reste toujours le maître à bord des stakhanovistes de la power pop.

Hurley semble construit pour rappeler à tous que Weezer a un jour composé de très bons disques où les paroles faisaient scintiller des références geek bien senties alors que la musique s’appuyait sur des constructions pleines de vie (Surf Wax America, Buddy Holly, My Name Is Jonas, In The Garage, Island In The Sun, El Scorcho…). Depuis 2002, les quatre musiciens rament quelque peu mais ils trouvent tout de même sur ce huitième effort des raisons d’espérer un retour en forme. Memories est une nouvelle tentative de recréer la magie adolescente du Blue Album. Alors que les essais étaient plus que pitoyables sur Raditude, celui-ci ne manque pas le coche. Une réussite à mettre à côté de Heart Songs en 2008. Le deuxième titre, un peu en deçà au niveau de la qualité, met en avant pour sa part son insouciance et aurait gagné lui aussi sa place sur les meilleurs albums du groupe.

Weezer propose également quelques titres ancrés dans la tradition de leurs power ballads. Unspoken reprend la recette éprouvée à base d’une mélodie douce, répétitive et acoustique avant de lâcher les chevaux sur le dernier tiers. Simple, efficace et fun. Les trois préceptes de Weezer exécutés à la perfection en somme. Hang On, sans aucun doute un futur single, est parcouru d’un souffle foncièrement épique dans son crescendo initial tandis que le refrain où Michael Cera officie aux chœurs propulse l’album dans des sphères rétro-pop intéressantes. Le résultat permet au groupe d’enfin proposer un titre de qualité tout en sortant d’une zone de confort artistique devenue un carcan.

Le reste est bien plus convenu et retombe dans les travers récents des américains. L’effet « Epitaph » n’aura donc pas pleinement eu lieu… La créativité de Cuomo n’était donc pas bridée par l’appartenance à un label comme Geffen sur lequel le groupe s’est toujours senti étranger. Du coup, Hurley compte de nombreux passages inexplicables qui nuisent à l’ensemble. Le refrain de Trainwrecks, par exemple. Malgré son excellence, il porte trop clairement la patte stylistique de Desmond Child et s’enchaîne mal avec les couplets hasardeux de Cuomo. Quant à Where’s My Sex ? ou Smart Girls il s’agit typiquement du genre de bêtises que personne n’a supporté sur Raditude et il est dommage que ces parasites détournent l’attention des quelques pépites à extraire sur Hurley.

Malgré tout, cet album remplit son contrat en reléguant Raditude au rang de mauvais souvenir. Weezer n’a peut-être plus la grandeur d’autrefois mais son savoir-faire ne s’est pas encore totalement dissout dans la mélasse d’une musique trop prévisible et formatée. Sur une chanson, le groupe peut encore se révéler prodigieux. Une chose est sûre : Weezer a encore de belles années devant lui avant de sortir son best-of définitif.

Line-up :
Rivers Cuomo (chant+guitare)
Brian Bell (guitare)
Scott Shriner (basse)
Pat Wilson (batterie)

Discographie :
Weezer (1994)
Pinkerton (1996)
Weezer (2001)
Maladroit (2002)
Make Believe (2005)
Weezer (2008)
Raditude (2009)
Hurley (2010)

Tracklisting de Hurley (en gras les morceaux essentiels) :
1. Memories 3:16
2. Ruling Me 3:30
3. Trainwrecks 3:21
4. Unspoken 3:01
5. Where's My Sex? 3:28
6. Run Away 2:55
7. Hang On 3:33
8. Smart Girls 3:11
9. Brave New World 3:57
10. Time Flies 3:42


Weezer - Hurley
Epitaph
www.weezer.com 
Le meilleur et le pire de Weezer