excédent primaire grec, c'est pas un peu truqué ?
"Une nouvelle façon de calculer le solde primaire
Selon ce critère, la Grèce affiche un déficit de 15,8 milliards d'euros, soit 8,7 % de son PIB puisque, selon les données mêmes du ministère hellénique des Finances, le déficit budgétaire grec était de 23 milliards d'euros et les intérêts de la dette de 7,2 milliards d'euros. Comment alors Athènes a-t-elle pu dégager ce fameux excédent ? En appliquant une méthode statistique pour « mieux refléter la position budgétaire structurelle » de la Grèce selon un porte-parole de la Commission européenne citée par le Wall Street Journal.
Du coup, Eurostat a ôté du calcul plusieurs éléments. D'abord, les dépenses d'aide aux banques grecques, ce qui réduit le déficit « primaire » de 10,8 % du PIB. L'effet « positif » du transfert des bénéfices de la BCE sur le rachat d'obligations grecques (1,5 % du PIB) a été également exclu du calcul. Au final, le solde « corrigé » donne un excédent de 0,8 %.
Une correction « spécifique »
Tout ceci est d'autant plus étonnant que, de l'aveu même de la Commission, il s'agit d'une méthodologie « spécifique » à la Grèce. Autrement dit, si un autre pays de l'UE avait investi 10,8 % de son PIB pour sauver son secteur bancaire, Bruxelles l'aurait intégré dans le calcul du déficit. Rappelons, pour faire bonne mesure, que la recapitalisation des banques grecques n'est pas le fruit d'un « cadeau » de l'UE, il s'agit d'une part des prêts accordés par le MES à la Grèce et qui devra faire l'objet d'un remboursement. Ce prêt a, également, été versé sous conditions : la politique d'austérité a dû être renforcée. A priori donc, on voit mal pourquoi Bruxelles a exclu cet effet des comptes helléniques.
A moins que, et c'est la position qui circule le plus aujourd'hui dans les médias européens, que l'Union européenne ait voulu à tout prix trouver un moyen de faire dégager un excédent primaire à la Grèce et, ainsi, de pouvoir présenter la stratégie européenne comme une « success story. » Il ne s'agirait alors ni plus, ni moins que d'une forme de manipulation."