quantat a écrit :
Biosmog a écrit :
Bon je ne connais pas du tout la situation française, mais j'ai l'impression que souvent, les critiques des politiques de formation font comme si la société n'avait pas changé.
Je ne connais pas ton âge quantat, mais j'ai l'impression qu'à une demi-décennie près, on est de la même génération. La société du début des années 1980 n'avait rien à voir avec celle de 2017, en terme d'homogénéité sociale, de rapport à l'autorité, de mode de vie (travail des femmes), et même de savoir à transmettre.
Je suis vieux : je pourrais bientôt contempler la Forme du Bien d'après Platon
Bien sûr que la société a changé ... ... il n'empêche que la politique de l'éducation nationale a peu à peu conduit à une situation profondément inégalitaire ...
Je peux constater que les gamins sont aussi intelligents aujourd'hui qu'il y a trente ans ... mais je constate aussi qu'ils n'ont plus du tout les mêmes compétences en terme de réflexion (à cause de l'accent quasi exclusif porté sur le travail de mémorisation) ... fort heureusement les gamins "résistent" au formatage débilisant et développent d'autres compétences par ailleurs et par eux mêmes ...
J'ai la chance de bosser dans des milieux ultra privilégiés (Lycée : 100% de réussite au bac, 92% de mentions, un élève sur deux a une mention bien ou très bien + je bosse aussi en Ecole d'ingénieurs) - mais mes potes de fac qui font aujourd'hui enseignants deviennent fous ... leur réflexe spontané est d'incriminer la débilité de la jeune génération - ma situation particulière me permet de constater que ce n'est pas un problème de dégénérescence "naturel" - je trouve beaucoup de qualités aux générations montantes -... mais que NOUS sommes coupables (enfin, je veux dire ceux de ma génération qui ont détruit l'école) : heureusement qu'ils savent se démerder par eux mêmes
Et même si je me plante : il est devenu évident que l'école publique ne permet plus comme avant de prendre l'ascenseur social - alors qu'elle le permettait avant... je pardonne pas ça aux gouvernements successifs depuis Mitterand
L'école était plus inégalitaire sous Mitterand qu'aujourd'hui, c'est une certitude. Par contre, l'ascension sociale par les études, j'en sais franchement rien. En gros, l'école accueille plus de monde, cela ne veut pas dire qu'après, c'est mieux. Mais dans tous les cas, ce n'est pas tellement la faute de l'école, ou alors il faut lui demander de redevenir plus élitiste. Mais ce n'est pas votre ministre de l'éducation qui en est responsable.
Quant à l'accroissement de l'apprentissage par coeur, je suis surpris, parce que ce n'est pas du tout la tendance lourde des systèmes de formations depuis quelques décennies. Mais enfin puisque tu le dis.
Et la baisse de niveau, observée dans les fac... je te dis, la tendance lourde est plutôt à une multiplication exponentielles de la demande de transmission de savoir. Les élèves sont peut-être moins bons en orthographe (ça reste très débattu comme question, j'aimerais quand même le préciser) mais sortent de l'école avec d'autres savoirs. Est-ce que de jeunes qui ne savent que écrire juste et faire de l'arithmétique, c'est ce dont l'économie a besoin aujourd'hui? est-ce qu'on ne risque pas de créer des générations de chômeurs en revenant à des programmes obsolètes.
Sinon, un des éléments qui est aussi une tendance lourde, c'est malheureusement que l'homogénéité sociale donne de meilleurs résulats. C'est la principale conclusion, pour moi, de PISA. Et c'est clair que c'est complètement contradictoire avec mes valeurs de mixité. En gros: faut-il accepter une société moins clivante et moins bonne à l'école, est-ce qu'il ne faut pas viser les compétences sociales plutôt que les compétences cognitives? C'est le pari danois, par exemple, et le Danemark s'en sort beaucoup mieux que la France (mais c'est aussi, en comparaison, une société plus homogène: la tâche est un peu plus facile pour eux).
Vous battez pas, je vous aime tous