Olric a écrit :
Je pense qu’il y a aussi une sorte d’incompréhension face à la focalisation de Biosmog sur la France, alors que la plupart d’entre nous n’éprouvent que peu d’intérêt pour l’actualité suisse (je ne dis pas ça pour vexer, c’est je pense plutôt réaliste).
J'ai bien senti que certains n'aiment pas trop qu'un étranger donne son avis sur les questions de politique interne, sur des aspects spécifiques, alors j'essaie de prendre un point de vue un peu abstrait, un peu général. Parfois ça donne un côté un peu théorique, peut être même méprisant. Si je dis "Macron distribue généreusement la mane publique à ses copains Arnault, Drahi, Bolloré et Niel" ce n'est pas perçu de la même manière que si je dis "la France a un système politique qui favorise la connivence entre très riches", par exemple. Dans le deuxième cas, je passe pour un donneur de leçons, alors que c'est juste un effort pour sortir du particulier et discuter du général.
Après, je connais très mal la Belgique, mais la situation de la Suisse romande est très particulière, à la fois dedans et dehors. On a une culture quasi identique à tout français, avec quelques différences minimes, une ouverture peut-être plus grande sur la francophonie non-française, sur l'Allemagne et l'Italie et moins grande sur l'Espagne. Comme l'explique fabh, on baigne dans l'espace médiatique français. Petite région de 2 millions d'habitant, on est obligé de regarder ce qui se passe ailleurs. Contrairement aux images d'Epinal sur le Suisse, on ne peut se suffire et on le sait. Il n'existe pas un seul habitant ici qui n'est jamais allé en France, n'a jamais lu un auteur francais, un média français, n'est pas capable de citer le nom du président français et de son premier ministre. On peut voir ça comme de l'ingérence dans les affaires intérieures d'autrui ou comme de l'intérêt, certes forcé mais de l'intérêt, pour autrui. Ce n'est pas une qualité morale c'est un fait, on y est amené de fait, comme je suis obligé de participer à un forum "français" pour parler guitare en français. C'est pour cette raison que certaines remarques sont déplacées, et pour cette même raison, qu'il n'y a que les personnes concernées pour pouvoir le ressentir.
Alors on peut voir tout ça comme une incursion sur des plate-bandes, comme des contraintes, ou comme un enrichissement possible. La langue française se meurt et sans le soutien "logistique" (culture, média) de la France, ça ferait longtemps qu'en Suisse romande on ne parlerait plus français. L'anglais a un avantage de plus ici, puisque pour tout ce qui est national, il évite de traduire en allemand, francais et italien. C'est moins grave que le climat, mais la France toute seule ne sauvera ni sa langue ni sa culture. Refuser de la partager avec ceux qui disent "nonante" c'est faire preuve d'une fermeture d'esprit qui précipitera ce mouvement. L'Afrique devient de plus en plus anglophone, le Québec aussi. Il serait temps qu'on se préoccupe à d'autres moments qu'une fois par semaine sur France inter, de sa langue. C'est en arrêtant de se focaliser chacun sur son nombril micro-culturel national et en contemplant ce vaste environnement pluriel qu'on peut espérer survivre avec sa culture.
Vous battez pas, je vous aime tous