And scroll it, yes, scroll it down, now !
And cool it down too...
Sinon, autrement, je suis bétail, je suis,
je suis un veau, je change d'herbage, je suis réjoui...
Il était temps !
Mais, de grâce, pas de vaccin ! Non, pas de vaccin, vraiment pas, sans façon.
Je suis un veau. Vieux. Ou jeune, qu'importe. On ne m'a pas décillé.
Troupeau, je vais, aveugle, vers les premiers mots que j'entends.
« Sans liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur »
Marengo, Marengo ? Je suis un veau, Figaro.
Bref. En bref. Vraiment ?
Une fois n'est pas coutume. Du Figaro de papier, contre l'autre au théâtre, je retiendrai tout.
Mais ne citerai que ceci, parce que les lieux m'ont à l'œil, et leurs souvenirs sont bien endurants :
« la Grossmarkthalle, un bâtiment en briques rouges des années 1920, qui abritait les halles aux fruits et légumes de Francfort jusqu'en 2004. Classé monument historique, ce bâtiment a aussi une triste mémoire. Entre 1941 et 1945, ses sous-sols, réquisitionnés par les nazis, ont servi à parquer quelque 10.000 Juifs, avant leur déportation en train dans les camps de la mort. La salle d'origine, avec les graffitis des prisonniers en détresse, a été conservée et transformée en mémorial.»
De banque en banque, je vous la couvre de verre et de béton, moi, la mémoire. Je vous la couvre. Je vous couvre.
Tout court.
Mon ombre en signature me dirait à mi–voix, éteinte, et vous pardonnerez l'étranger qui bafouille, ici, dans sa langue :
«Ein Mann wohnt im Haus der spielt mit den Schlangen der schreibt
der schreibt wenn es dunkelt nach Deutschland
dein goldenes Haar Margarete
er schreibt es und tritt vor das Haus und es blitzen die Sterne er pfeift seine Rüden herbei
er pfeift seine Juden hervor läßt schaufeln ein Grab in der Erde
er befiehlt uns spielt auf nun zum Tanzhreibt
(...)
wir schaufeln ein Grab in den Lüften
da liegt man nicht eng
(...)
Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts
wir trinken dich mittags und morgens wir trinken dich abends
wir trinken und trinken. (...) »
Paul Celan,
Todesfuge.
«Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit
qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne
tes cheveux d'or Margarete
il écrit cela et va sur le seuil de la maison et les étoiles fulminent il siffle pour appeler ses chiens
il siffle pour rappeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre
il nous ordonne jouez maintenant qu’on y danse
(...)
nous creusons une tombe dans le ciel
et là, on n'y est pas couché à l'étroit
(...)
Lait noir de la petite aube, nous te buvons la nuit,
nous te buvons à midi, et le matin
nous te buvons le soir
nous buvons et buvons (...) »
Paul Celan,
Fugue de mort, Bucarest, 1945.
(traduction personnelle d'extraits).
Le plan de la ville. Comme le plomb, et ses polices. Le plan dans le crâne. Ou ce qui en reste.
Je change d'herbage. Tout au loisir de vous avoir amusés, possiblement agacés.
Oui, je change d'herbage.
On annonce de la pluie.
La brume ? Elle aura recouvert ces mots. Je l' ânonne.
Je la lis.
C'est bien.
Je me tais. Le petit gravier va voler. Chouette.
Chouette, chute, et chut enfin.
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.