Bonjour,
Désolé de l'énorme latence !
Je retombe complètement par hasard sur ce topic dont j'ai été à l'origine il y a plus de 5 ans (!) Beaucoup de choses se sont passées depuis bien évidemment, ça fait maintenant 3 ans que je me suis décidé à apprendre l'accordage standard EADG (sur une Jazz Bass 4c)... et en quelques mois, j'ai d'une part dépassé le niveau que j'avais en CGDA puis ai rapidement progressé.
Je réalise que "scientifiquement parlant" l'accordage en quartes est plus avantageux à 99% et rejoins l'avis de plusieurs personnes qui ont déconseillé l'accordage en quintes pour les raisons suivantes :
- En quintes, obligation de faire des "shifts" d'un ton lorsqu'on joue des gammes sur plusieurs cordes et par extension quand on joue plein de motifs dont les notes sont contenues dans ces gammes. C'eût été un violon, ça passe mais sur un diapason de 34", c'est très relou, on a l'impression de se fatiguer pour rien. Le pire, ce sont les walking qui exigent des doigtés de malade (toujours pour produire des sonorités finalement banales qui n'ont rien de très exotique à nos oreilles). Alors certes, vous verrez Red Mitchell très à l'aise à la contrebasse (diapason de 35" !) mais bon... J'avais aussi cité les bassistes de Magma me semble-t-il. Alors Jannick Top a un son et un toucher sublime, j'adore ses choix mélodiques et rythmiques mais en analysant bien ce n'est pas grâce à son accordage particulier. Au contraire, je pense que le CGDA l'empêchera de jouer plein d'autres choses. Pour Bubu, c'est un monstre mais il se déplace énormément sur son manche...
- Je suis autodidacte alors je ne sais pas comment un bassiste fait en général pour progresser mais dans mon cas j'essaie beaucoup de relever à l'oreille la ligne de basse en écoutant de la musique dans les transports en commun par exemple. Avec de la pratique, on arrive à identifier instantanément ce qu'on entend et à le transposer sur un manche imaginaire... et comme la plupart des grands maîtres qu'on copie jouent en quartes, le fait d'être accordé de cette manière nous donne accès à plus de matériel d'apprentissage disponible directement sans la médiation d'un travail d'adaptation. Idem pour les soli de basse d'anthologie retranscrits (Jaco ou autres), il faut presque renoncer à les jouer tant ils se basent pour beaucoup sur les spécificités et les facilités qu'offre l'accordage en quartes, que ce soit le slap ou l'utilisation des harmoniques naturelles.
- Avoir ces instruments accordés différemment rend le musicien dépendant de son matériel et l'empêche de "communiquer" avec ses semblables et le monde extérieur dont il devra forcément emprunter un instrument un jour ou l'autre (ex 1 : la panne de piles décrite par quelqu'un plus haut, en même temps je ne jouerai jamais sur une active ; ex 2 : imaginez que vous revendez votre instrument avec un accordage bizarre, c'est moyen pour l'acheteur potentiel lambda qui vient l'essayer).
- Ah, et puis, pour ceux qui seraient éventuellement amenés à enseigner la basse, vaut mieux qu'ils sachent plus que bien jouer en quartes ^^
Alors, oui, l'accordage en quintes offre aussi des avantages :
- Une meilleure résonance de l'instrument en raison d'une meilleure consonance harmonique entre les cordes (cf explication de Joel Quarrington entre autres)
- Registre plus étendu (une 4c en quinte couvre quelques tons de plus qu'une 5c en quartes)
- Incite dans une certaine mesure à sortir des sentiers battus, des riffs mille fois entendus, etc. mais plus par nécessité que par réel souci de créativité
- Donne accès au répertoire du violoncelle, de l'alto et du violon (si ajout d'une corde de mi aigu) à quelques octaves près sans besoin d'adapter.
... mais voilà, ça reste quand même anecdotique comparé aux contre-arguments cités en amont, je trouve.
Constat amusant : j'ai également repris le violoncelle entre-temps et n'ai pas eu de mal à rejouer en CGDA. Je dirais même que je "comprends" maintenant cet accordage, alors que je n'y étais pas du tout sensible lorsque j'en jouais au conservatoire. [HS : de manière générale, je me demande si les musiciens classiques formés au conservatoire ont une conscience active des intervalles en tant que pattern relatif au-delà des notes absolues qu'ils ont toujours jouées soit commandées par la partition soit spontanément mais toujours en tant que note avec une position fixe sur le manche]. Du coup, ça m'incite beaucoup plus à explorer les positions du pouce, bref...
De retour à la basse, la prochaine étape en ce qui me concerne est le passage à une 5 cordes passive légère au manche fin, action très basse, avec une corde de do aigu (EADGC donc) : quelques précieuses harmoniques naturelles supplémentaires, gain de registre en solo, plus d'accords disponibles, répertoire de la basse ténor (ADGC), etc. Miam !
