Brigido a écrit :
Le postulat "la musique n'a pas de frontière", bien qu'en partie vrai, est aussi une forme de dogmatisme, de diktat de la globalisation, de conformisme. La musique et les musiciens font ce qu'ils veulent. Ce qui est important, ce n'est pas de ne pas avoir de frontière, c'est surtout d'être libre
Je précise qu'avant les années 60, la musique avait des frontières justement (et pas que géographiques, je pense aussi aux frontières politiques et raciales)...Et elle ne s'en portait pas plus mal il me semble (john lee hooker n'avait pas internet pour écouter des disques de griot, qui de toute façon n'existaient pas !)...John lee hooker n'avait même pas de tourne disque de toute façon...Et la musique afro américaine est une culture en soit, qui n'a sociologiquement plus grand chose à voir avec l'afrique (je renvoi sur ce sujet à la lecture de l'excellent "le peuple du blues").
C'est un constat ; la musique est une forme de dialogue et il n'y a aucune "dogmatisation"
.
Quand tu vois un gamin de 2 ans et demi qui bouge son cul et tape en rythme pendant qu'il entend un champs sacré haïtien alors qu'il l'entend pour la première fois, qu'il est made in bouches du Rhône et blanc , c'est pas parce qu'il y a un mouvement politique qui l'a convaincu de le faire, c'est parcequ'il y a un phénomène qui s'appelle musique qui opère .
Tu dis que je fais de la musique du monde : appelle ca comme tu veux. Le problème à poser des étiquette c'est qu'on fini par prendre en référence celles qu'on nous a fait gobé à la radio etc et ne plus être en capacité d'accueillir la musique pour ce qu'elle est.
Je passe mon temps à découvrir décrypter jouer des musiques et des instruments différents . C'est basé sur le constat que la mémoire corporelle a de grandes ressources et qu'il y a dans d'innombrables musiques des similitudes. Le corps est un formidable vecteur mais indépendant de toute culture et contexte, il véhicule la musique , c'est tout.
Après il y a des pertes de contacts , des éloignements aussi ou des ratés , je suis d'accord.
En fait je suis même complètement d'ac , c'est juste qu'en tant que musicien, ces éloignements ne me sont d'aucun intérêt .
C'est vrai que le chant mongol est très éloigné de l'orgue de barbarie . Je m'en fout. C'est vrai que Florent Pagny qui s'intéresse à la musique latine, ca pique . Je m'en cogne complet. Comme dit Mikka, il a le mérite d'avoir essayé.
Mais quand j'entends Hendrix j'entend entre autres des chants Cheyenne ( si, si! ). Ca me botte. Quand j'entends certains flamencos andalous, je vois clairement un lien avec des chants du Rajahstan ou du Pakistan.
Il y a aucun diktat... je trouve ça drôle que tu dise ca. C'est sans méchanceté ! mais je me demande un peu pourquoi tu voudrai discréditer un phénomène naturel.
Personne n'empêche les puristes de n'importe quel style de penser que leur musique est à eux et à personne d'autre , si ca leur fait plaisir . Mais c'est aussi vrai que de dire que l'eau du lac Léman est la même depuis toujours , ou qu'un grain de sable à toujours été un grain de sable.
C'est pas des propos de baba cool des 60's, c'est l'observation des choses .Dire qu'avant les années 60 la musique avait des frontières , si tu veux ... c'est ...très subjectif
... voir faux mais chacun son opinion . Dire ca après avoir confondu un djembe et des congas, ca ne met pas toutes les chances de ton côté pour être entendu
Citation:
La musique et les musiciens font ce qu'ils veulent. Ce qui est important, ce n'est pas de ne pas avoir de frontière, c'est surtout d'être libre
...On est bien d'accord
Et bien que je me demande un peu ce que tu entend par "libre" ( libéré de quoi ? Du lobby des metisseurs de musique ? Du consortium des mélangeurs de styles ? De l'armée sanguinaire des abatteurs de frontière
),
ta phrase évoque l'histoire de la musique afro-américaine...