Fannysissy a écrit :
Et ça doit être fantastique d'être interrompu par un flic ... vraiment, ça doit être un petit "achievement" dans sa vie de guitariste!
et le batteur viré, tu peux développer?
(j'adore ces histoires, je viens de me lire tout le topic, c'est magnifique)
Bon alors j'ai deux anecdotes, du même groupe, mon premier groupe (c'est comme le premier amour). Peut-être certains reconnaitront, en tout cas la première est vraiment mythique.
Le flic qui me tire sur le pantalon, pour nous dire d'arrêter, ça m'est arrivé en fait deux fois. C'est très spécial quand t'es en train de jouer et qu'on demande justement à toi d'arrêter. La première fois, c'était en novembre 1989 (oui je sais, je suis vieux). Il y avait un référendum pour l'abolition de l'armée (Pour une Suisse sans armée). On était adolescent, pas le droit de vote, mais on voulait participer à notre manière.
Alors la veille du scrutin, samedi soir, on débarque, genre commando, avec une grosse camionnette à bâche devant l'entrée du Mad à Lausanne (grosse boîte de nuit, à l'époque encore assez alternative). Une voiture arrivait en premier, avec une génératrice, l'installait et l'allumait. On était évidemment prêts dans le camion, on ouvre la bâche, abaisse la paroi arrière du camion (je ne sais pas comment ça s'appelle), le chauffeur-ingéson prend la table de mix posée à côté sur la place passager sur ses genoux, branche l'électricité de la génératrice allumée sur le trottoir et ... bam... le concert sauvage démarre! La rumeur du concert, à l'intérieur de la boîte s'est très vite propagée, en 2 minutes, tout le monde était dans le rue.
Après 3 morceaux, la police est évidemment arrivée. Moi j'étais sur cette plateforme arrière, donc le premier accessible. Et je me souviens du flic qui me tirait fort le pantalon, en me déséquilibrant presque, en me disant d'arrêter. Et moi je ne voulais pas, je résistais, j'essayais de regarder ailleurs, l'air de rien
La musique s'est arrêtée, les flics ont ramassé le permis du chauffeur-ingéson en lui demandant de conduire la camionnette jusqu'à l'hôtel de police. Dans le public, la rumeur que la camionnette avait été confisquée a pris, les gens ont commencé à crier des slogans, puis un cortège s'est formé, a envahis la route et a pris le chemin de l'hôtel de police. On entendait n'importe quoi: évidemment des trucs contre l'armée", mais aussi "libérer la camionnette", "libérer le cannabis"
La police avait bouclé la circulation et cette manif spontanée est arrivée jusqu'à l'hôtel de police, par une grande artère (route de Genève-Rue Centrale-Rue St-Martin pour ceux qui connaissent) puis là on continuait nos slogans. A la fin, la camionnette a été effectivement libérée, elle est sortie de la cour intérieure, et le souvenir marquant que je garde, c'est le chauffeur-sondier, héro du jour, qui est porté en triomphe, littéralement lancé en l'air par la foule en délire, comme dans Lucky Luke
On a évidemment eu droit à un article dans le journal (200 personnes selon les chiffres de la police) et le bail du local où on répétait et à l'extérieur duquel on avait fait les essais de son (on n'était pas allé bien loin pour préparer le camion et tester
), avait été résilié à cause de plaintes du voisinage. Pour le concert sauvage, par contre, je ne me souviens même pas d'avoir payé une amende, donc soit il n'y a pas eu d'amende, soit elle était assez limitée.
Le coup du batteur viré en plein concert, c'est arrivé une année et demie après, donc c'est très vieux aussi. Rien de spécial, si ce n'est que le concert avait lieu à Sottens. Pour ceux qui ne connaissent pas, il y avait un gros émetteur de radio là-bas (il a été démantelé, depuis). Au point où il se disait que lorsqu'on pissait par temps de pluie sur un chéneau, on entendait la radio sortir de la ferblanterie. En tout cas, la radio on l'entendait bien sortir de nos amplis de guitare. Ce batteur est devenu un bon professionnel (a cette époque on était plusieurs à plein temps dans des écoles de musique), il avait remplacé l'ancien batteur assez récemment. Mais ça collait pas trop, il jouait très jazz-rock, il était bien coiffé, souriait, parlait gentiment aux personnes âgées. C'était dans un bistrot. On faisait plusieurs sets. Après le premier set, il y a eu une grosse dispute, et les autres (moi je suis plutôt à essayer d'arranger les choses) ont tenu bon: salut mec! Le chanteur a fait une annonce au micro. Et là je ne suis pas sûr, mais je crois que c'était un pote qui nous accompagnait souvent, et qui jouottais de la batterie qui a pris les baguettes. Je n'arrive plus à me rappeler précisément si c'était plutôt un inconnu du public qui avait fini le concert. Mais le blondinet, il avait été viré
Voilà, bon, j'ai eu des périodes très riches en concerts, et d'autres moins, mais en 25 ans, je dois avoir cumulé des dizaines d'anecdotes. J'ai perdu plusieurs batteurs juste après un concert (au moins 3, mais jamais d'autres musiciens, il me semble: c'est une spécialité des batteurs de partir les soirs de concert).
Une petite dernière anecdote qui me vient à l'esprit, bonus, la plus pénible (j'ai pas encore pardonné): on s'était fait braqué notre local le jour même d'un concert "international" (en France
): presque tout vidé! on avait dû trouver en catastrophe du matos de quoi jouer dans la journée. On avait tellement mal assuré qu'on avait refusé le cachet. On n'avait pas du tout notre son ou même pour certains, leur instrument, et on était bien démoralisé
Je m'arrête là pour l'instant
Vous battez pas, je vous aime tous