Bonjour à tous !
... je ne suis pas un membre régulier ou très actif de votre petite communauté (quelques posts en ... 2004/2005 !), mais viens régulièrement vous lire, au gré de mes allers et retours vers l'instrument, selon les contingences de mon temps libre (souvent la portion congrue ...)
C'est en relisant de vieilles discussions que l'envie m'a pris ce matin d'intervenir à nouveau, pour "rebondir", quoiqu'avec un retard certain, à des échanges publiés ici il y a plus d'un an
Il s'agit de quelques posts a propos d'Olivier Benoit, à l'occasion de sa désignation comme directeur de l'ONJ (pages 196 à 198 de ce fil).
En préambule, aucune intention polémique pour moi ici, juste une émotion, la lecture de ces quelques lignes m'ayant replongé bien des années en arrière, en réveillant des souvenirs teintés d'émotions, que je tenais simplement à vous faire partager, sur un air un peu nostalgique (en mineur, quoi ).
C'était il y a une vingtaine d'années ... après des débuts adolescents à la guitare, avec comme prime intention de manger tout Buddy Guy et SRV (en autodidacte : folle insouciance de la jeunesse !), j'avais été conquis par le jazz, aidé en cela par de vieux copains, batteur et sax alto : Peter, Raphaël, où que vous soyez ...
Les compères avaient reperé un jeune guitariste de la petite scène jazz lilloise, et un soir, je prenais pour la première fois d'une longue série mon vélo, histoire de rouler une trentaine de bornes aller/retour pour aller l'écouter : les locaux de l'époque se souviendront des petits concerts du Bel Ouvrage, petit troquet du parvis Saint-Michel où se produisaient de jeunes talents du coin, entre volutes de tabac et bocks de bière ...
J'y ai entendu Olivier, mon aîné de quelques années, pour la première fois, avec sa vieille Aria Pro 2 déjà bien fatiguée, et avait été immédiatement fasciné par le jeu de ce grand garçon aussi gentil que timide, qui avait déjà parfaitement digéré les idiomes bop, hard bop, l'approche modale, mais aussi des inspirations plus modernes, avec un son clair mais très tranchant.
Je me présente, on discute, on sympathise ... et il devient mon premier prof pour quelques séances encore gravées dans ma mémoire. Après tout, le gaillard, étudiant en musicologie, était déjà double médaille de vermeil du conservatoire, et quel jeu !
De son côté, il avait été sensible à ma démarche, lorsque je lui exposais m'intéresser plus que fortement à Wes Montgomery ou Joe Pass, là où d'autres jeunes gratteux autour de lui voulaient "attaquer" directement par Frisell, Metheny ou Scofield en y incluant sweeping et tapping, que lui, pour les pratiquer impeccablement, n'utilisait alors qu'avec parcimonie.
Je n'oublierai pas de si tôt la découverte du solfège, l'harmonisation de la gamme majeure, et la recherche des voicings sur Blue Bossa ou All The Things You Are, mais que je n'avais le droit de travailler qu'après avoir bossé un peu mon oreille (et il y avait du taff !)
Nous nous sommes ainsi vus pendant quelques années : Olivier avait rejoint Peter et Stefan dans Impression Jazz Quintet, puis fondé Happy House, tout évoluant très vite ... C'était les jam du jeudi soir et les concerts au Biplan, puis à l'espace François Miterrand, où nous allions aussi écouter Henri Texier, Motian-Lovano-Frisell, Marc Ducret, Steve Lacy ... Olivier ne cessait pas de progresser, de découvrir de nouveaux terrains : un guitariste très à l'écoute du jeu de l'autre, aux interventions aussi justes que judicieuses, et qui parvenait en toute humilité à orienter ses formations vers de nouveaux horizons ... j'en ai reçu des claques à les écouter ! Un formidable musicien, doublé d'un excellent guitariste.
Il jouerait bientôt avec Gérard Marais, Deschepper, Corneloup, Christophe Marguet ... l'entrée dans la vie active, une vie perso à mener, et je m'éloignais un peu ... j'ai recroisé Olivier une ou deux fois, par hasard, toujours avec grand plaisir, et ai essayé de suivre sa carrière, souvent de loin.
Je conçois que ses derniers travaux puissent être d'un abord délicat, et respecte parfaitement les goûts de chacun : je n'essaierai de convaincre personne d'aimer cette musique, l'écouter avec plaisir me suffit. Simplement, je tenais à rendre un modeste hommage à Olivier, et assurer à tous que c'est un musicien et instrumentiste de grand talent qui mérite plus d'attention que de quolibets ...
Merci de m'avoir lu, et un grand salut à Olivier, Peter, Raphaël, Stefan, Sébastien, Nicolas ...
Edouard.
"Apprenez à jouer de la guitare seulement avec la main gauche
Apprenez à jouer de la guitare seulement avec la main droite
Apprenez à jouer de la guitare avec les deux mains
Apprenez à jouer de la guitare avec aucune des deux mains"
Mick Goodrick