La silhouette élancée, très « british », il s’excuse en s’asseyant à la table. « Je suis désolé, il doit y avoir une erreur, je ne sais pas faire de master class ». Bienvenue dans le monde d’Allan Holdsworth, musicien malgré lui, guitariste rêvant de jouer du saxophone, clamant son ignorance tout en ayant influencé plusieurs générations de musiciens en quête de musique atypique et virtuose.

Guitariste : Quelles ont été vos influences musicales ?

Allan Holdsworth : Dès l’âge de 3-4 ans, j’ai baigné dans un environnement musical. Mon père était un excellent pianiste. Il jouait plutôt du swing, et il possédait une discothèque immense, qui allait du jazz classique à Debussy. D’ailleurs, ce dernier est sûrement mon compositeur favori. Je n’ai jamais voulu être musicien. Je souhaitais être un mélomane, et travailler dans l’électronique. J’aime la musique, certains morceaux m’émeuvent aux larmes, mais jouer d’un instrument ne m’intéressait pas. Je me suis intéressé au saxophone, mais mon père m’a offert une guitare. Alors, plutôt que d’en jouer, je la portais en me regardant dans la glace, en rêvant que j’étais Elvis.
Quand j’ai commencé à en jouer, mon père m’a acheté des livres, et il a lui-même appris à jouer de la guitare. Mais comme il était d’abord pianiste, beaucoup de ce qu’il m’enseignait était transposé directement du piano, au niveau des accords pas exemple. Après quelques années, j’ai joué dans des groupes locaux, jusqu’au jour où je me suis réveillé et on m’a payé pour le faire. Et maintenant je suis ici, ça m’est vraiment tombé dessus. Mais c’était complètement par hasard, tout ça n’est qu’un accident.

Guitariste : Avez-vous appris des standards pour jouer dans des Jam-Sessions ?

Allan Holdsworth : Non, je n’en connais aucun. Tous ceux que j’ai appris étaient pour moi comme un morceau tout nouveau. Sur l’album « none too soon », j’ai appris les morceaux pour l’album, car je ne les avais jamais joués auparavant. Je n’ai donc pas un répertoire de standards comme peuvent avoir les jazzmen.

Guitariste : Avez-vous beaucoup travaillé la guitare ?

Allan Holdsworth : Pas au début, car la guitare ne me passionnait pas. Puis, quand mon père s’y est mis, j’y passais des heures. J’avais des périodes, ou je travaillais plus particulièrement quelque chose, et parfois, je ne jouais pas pendant trois mois. Mais c’était sain, car ça me donnait des idées fraîches. Je voulais être connecté à mon cerveau, pas à mes doigts et cette approche me le permettait.

Guitariste : Justement, que travailliez vous, vu que vous ne travailliez pas de standards ?

Allan Holdsworth : Je ne jouais pas de morceaux, juste des gammes, des doigtés différents. Puis d’autres moments plus techniques pour essayer de faire sortir quelque chose (…)

Guitariste : Votre approche mathématique dans la recherche de gammes s’applique-t-elle également à votre processus de composition ?

Allan Holdsworth : J’ai effectivement utilisé les maths, j’ai cherché les gammes à 5, 6, 7, 8 et 9 notes, dans toutes les combinaisons possibles sur une octave. Beaucoup sont inutiles, mais d’autres moins. J’ai donc nommé celle que j’appréciais X, comme en physique car (…)

Guitariste : De nombreux guitaristes on été influencés par votre utilisation de la barre de vibrato, comment avez vous mis au point cette technique ?

Allan Holdsworth : J’adore la pedal steel (ndr : guitare à 10 cordes, jouée à plat et en slide, typique de la country) j’en avais deux très bonnes, et j’ai appris à en jouer. J’aimais bien ce son, la manière dont on pouvait glisser vers un accord. Puis j’ai commencé à le faire (…)
 

Retrouvez l'interview complète (3 pages) d'Allan Holdsworth sur le magazine Guitare Live n°5 d'avril 2005

 

Guitare Live 5

 

Allan Holdsworth