La scène progressive française n’est pas très riche mais les quelques groupes qui percent comme Demians font preuve de qualités immenses. Il est désormais possible de compter sur Amartia également qui signe après l’excellent Marionette un très intéressant Delicately. Nous avons convoqué le groupe au quasi complet pour nous expliquer d’où il vient et où on peut désormais l’attendre…


Votre précédent album, Marionette, a été extrêmement bien accueilli par la presse. Quels sont les événements marquants qui se sont passés pour le groupe entre la sortie de cet album et aujourd’hui ?
Vince : Je considère Marionette un peu comme notre deuxième premier album, étant donné qu’il y a eu pas mal de changements de line-up après la sortie de Maïeutics. Cet album a permis au groupe de séduire un public plus nombreux grâce à des concerts réguliers. Durant les deux années qui ont suivi la sortie de Marionette, nous avons pu partager la scène avec des groupes tels que Epica, Agua de Annique, Stream of Passion ou The Old Dead Tree. Nous avons également organisé des concerts avec des groupes français comme The Last Embrace, Syrens Call ou C-rom ! C’est très important à l’heure actuelle de communiquer avec d’autres groupes de la scène française.
Nico : Les titres de Marionette ont pu évoluer au fil des concerts ce qui nous a permis d’aborder la composition de Delicately de manière plus live.
Britta : Le groupe s’est sans doute aguerri d’une sorte de fusion lors des nombreux concerts que nous avons donnés depuis la sortie de Marionette. De ce fait je pense que Delicately fait ressortir une plus grande homogénéité. De plus nous avons mûri humainement et musicalement d’au moins deux ans en marchant tout droit sur la voie de la sagesse.

Comment décririez-vous l’évolution du groupe depuis ses débuts, puisque c’est le propre d’un groupe de prog que d’évoluer…
Vince : Tu sais, si Amartia n’était pas considéré comme un groupe progressif, nous aurions évolué également ! Je ne pense pas avoir changé ma manière de composer depuis le début du groupe. L’apport de chaque membre du groupe a été un élément important dans la conception de Delicately. Notre inspiration n’est pas forcément musicale ! Nous vivons chacun des expériences différentes au fil des années qui permettent de faire mûrir la musique du groupe.
Cyril : D’ailleurs le premier album d’Amartia, Maïeutics, était étiqueté metal atmosphérique, Delicately sera peut-être considéré autrement. Ce qui est important c’est de s’exprimer avec sa sensibilité. L’évolution de la musique d’Amartia, c’est l’évolution de chacun, de ce que nous avons vécu avec ou en dehors du groupe, de ce qui nous a enrichi depuis l’album Marionnette.

Quelle était la ligne directrice dans la conception de votre nouvel album ?
Nico : Certains titres comme « Hightech Human » ou « Not A Detail » ont été écrits ensemble dans notre salle de répète, nous avons développé les idées que chacun a pu proposer pour le groupe. Ce travail, nous ne l’avions pas effectué sur Marionette puisque la quasi-totalité de l’album avait été composée lors de mon arrivée dans le groupe.
Vince : D’autres titres comme « Grey Circles » ou « Rain’s End » ont été composés par une seule personne ! Cela dépend du feeling et de ce qu’il manque à la composition. Il n’y a pas de ligne directrice dans la conception d’un album d’Amartia ! Notre musique est très spontanée, même si elle peut paraître complexe à la première écoute.

De quoi parlent vos textes sur ce disque ?
Britta : De tous ce qu’il y a de plus simple et de plus compliqué en même temps pour un être humain. Les thèmes des chansons parlent des souvenirs, de la frustration et de la peur, des regrets et de la joie, de la juste vision des choses et des personnes, du petit détail anodin mais important au fond, auquel nous ne faisons plus gaffe... Tout cela à travers des mises en scène qui me sont propres et que je n’étalerais pas ici. A chacun de les interpréter avec sa propre histoire.

Avec quels musiciens aimeriez-vous collaborer au sein d’Amartia ?

Vince : Il y a toujours des musiciens ou groupes que tu adores depuis que tu es jeune et avec lesquels tu aurais aimé collaborer rien que par fanatisme. Mais à l’heure actuelle, nous voyons les choses de manière différente ! Nous en sommes à notre troisième album, nous produisons des albums dont nous sommes satisfaits ! J’aurais pu te répondre à cette question, il y a dix ou vingt ans, de manière un peu naïve. Les musiciens avec lesquels j’aimerais collaborer sont des gens que j’ai rencontrés durant les trois années passées à promouvoir Marionette ! J’apprécie beaucoup des groupes comme The Last Embrace, Amphitryon ou Headline ! Alors pourquoi ne pas envisager une future collaboration avec ces groupes, sur disque ou sur scène ! L’appel est lancé.
Cyril : Personnellement, même si des échanges peuvent êtres enrichissants pour le groupe, on a encore beaucoup à faire ensemble, et donc pour l’instant collaborer avec Vincent, Britta, Nicolas et Alex ça me suffit amplement.

Vince, quels sont les guitaristes que tu admires le plus dans la scène musicale (au sens large) actuelle ?
Vince : Les guitaristes que j’apprécie sont surtout des gens qui privilégient l’émotion avant la démonstration ! Ce n’est un secret pour personne, je suis un grand fan de Mike Oldfield, cela s’entend sur certaines compositions d’Amartia depuis le début du groupe ! Mais j’ai énormément appris, durant mon adolescence, en décortiquant les plans de Dave Murray et d’Adrian Smith d’Iron Maiden. Mais je suis surtout admiratif de personnalités (bien plus que de guitaristes) comme Steve Harris (Iron Maiden), Coluche ou Steve Hogarth (Marillion) ! Des gens qui ne font aucun compromis et qui ont créé, bien malgré eux, un mythe encore plus important que leur musique ou leur carrière. C’est principalement ces gens-là qui m’inspirent dans ma façon d’aborder mon instrument et surtout ma carrière personnelle.

Par rapport au tout premier line-up du groupe, il y a eu de nombreux changements de musiciens. Est-ce que cela a permis d’orienter votre musique vers une direction inenvisageable au départ ?
Vince : Certainement ! Tu sais ces changements de line-up sont loin pour moi ! Ils datent déjà d’il y a six ans ! Nous avons eu le temps, depuis, de travailler le son du groupe de manière plus homogène. Mais il est certain qu’Amartia n’aurait jamais pu sonner de cette manière avec l’ancienne formation. Mais il y a un élément important dans l’évolution du groupe depuis Marionette, c’est Bruno Levesque du groupe Silence ! C’est lui qui a mixé nos deux derniers albums et il est en grande partie responsable de l’évolution du son d’Amartia sur Marionette et Delicately.

Sentez-vous une difficulté particulière pour vous imposer dans le milieu à cause de votre nationalité ?
Vince : La difficulté vient essentiellement à réussir à mobiliser le public ! Les gens ne vont pas hésiter à dépenser 80 ou 100 euros pour aller voir Metallica ou AC/DC, mais débourser 5 euros pour un groupe de notre envergure est bien plus difficile. Même des groupes qui ne sont pas de nationalité française ont le même problème. Actuellement, si tu souhaites voir certains groupes sur scène, tu es obligé de te taper un festival entier ! Il faut travailler sur le long terme ! Nous avons beaucoup tourné dans notre région ou en Belgique pour Marionette ce qui nous permet d’avoir un certain nombre de personnes qui se déplacent à nos concerts ! Pour Delicately, nous avons décidé de donner des concerts dans d’autres régions de France (Dijon, Caen, Lorient, Belfort) avec des groupes tels que Aergison, Lost Opera et C-rom avec qui nous nous sommes déjà produits. Nous aimerions également tourner plus au nord ; des pays comme l’Allemagne ou la Hollande nous intéressent beaucoup.



Amartia - Delicately
Thundering Records
amartia.free.fr
Amartia poursuit sa route avec Delicately