Retrouver une des plus belles voix du heavy metal représente toujours un plaisir exquis même si, sur Mentalize, Andre Matos nous déçoit quelque peu. Loin de la fureur et de l’inspiration de ses débuts, le Brésilien a trouvé un rythme un peu plan-plan pour sa carrière solo et les quelques expérimentations auxquelles il se frotte ne passent pas toutes très bien… On le retrouvera toutefois avec plaisir sur scène, sur le nouvel album d’Avantasia et bien entendu dans nos colonnes pas plus tard que tout de suite !

Mentalize ainsi que ton album précédent, Time To Be Free, ont été disponibles au Japon plus de six mois avant leur sortie européenne. En tant qu’artiste cette situation n’est-elle pas un peu difficile à vivre ?

Andre Matos : C’est une situation qu’il faut accepter. Malheureusement, faire carrière dans la musique signifie aussi qu’il faut prêter attention au marketing et aux ventes. J’aimerais qu’on ne considère pas la musique uniquement comme un produit mais c’est comme cela depuis toujours. Le Japon est un gros marché et, sans que je sache vraiment pourquoi, ils planifient les sorties d’albums bien plus en avance qu’ailleurs. Quand un disque est fini, c’est normalement le Japon qui le reçoit en premier. Je ne pense pas que cela porte préjudice aux sorties décalées dans les autres pays. En tout cas pas aujourd’hui dans un monde qui ne jure que par Internet.

Tes disques ont toujours eu des titres très importants. Quelle idée se cache derrière « Mentalize » ?
Andre Matos : Que la possibilité de changer la réalité qui nous entoure réside en chacun de nous. Cette idée a toujours eu une forte connotation religieuse et est entourée d’un genre d’aura mystique. Néanmoins, récemment, des scientifiques ont prouvé par le biais d’expériences que ce phénomène existe bel et bien et qu’il peut être démontré scientifiquement.

Musicalement, où essayais-tu de te rendre ?
Andre Matos : Plus loin. Et ceci sans perdre ma propre identité. C’est une combinaison explosive où tout peut facilement aller de travers. C’est pour cela que j’ai fait attention à tout réaliser avec beaucoup de transparence et de responsabilité. En faisant ce qu’on veut vraiment et ce en quoi on croit, on ne se fourvoie que rarement en chemin.

Quand tu faisais de la promo pour Time To Be Free, tu semblais avoir (re)trouvé une forte énergie positive. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
Andre Matos : Oui. Je pense que j’en ai davantage encore. Mentalize est un album qui suit Time To Be Free conceptuellement parlant. Il le complémente en quelque sorte. Mais il le complémente différemment. Il a été plus facile à faire car tout a été plus fluide. Je pense que cela reflète le bon état d’esprit qui règne au sein du groupe.

Un mot à propos de la chanson « Someone Else ». Elle est remplie d’effets vocaux. Pourquoi avoir ressenti le besoin de faire cela ?
Andre Matos : Car c’est un dialogue entre un esprit tordu et la conscience. Les deux se parlent. Cette personne – ce « someone else » – pourrait être tout un chacun !

Au cours des morceaux, il y a quelques références assez explicites à Queen. On dirait que c’est quelque chose que tu voulais faire depuis un bon moment. C’est vrai ?

Andre Matos : (il réfléchit) Evidemment. Queen est mon groupe préféré de tous les temps mais je n’oserai jamais les plagier. Je respecte infiniment leur musique et en toute franchise rien ne peut être comparé à ce qu’ils font. Tout au plus peut-on entendre çà ou là quelques influences. Pour moi, Queen est complètement irremplaçable. Personne n’aura jamais autant d’ambition qu’eux.

Y a-t-il d’autres artistes à qui tu aimerais rendre hommage à travers ta propre musique ?
Andre Matos : Kate Bush, Peter Gabriel et plein d’autres. Sans oublier, bien évidemment, tous les grands compositeurs classiques.

Tu as connu différents groupes et maintenant tu mènes une carrière solo. C’est une forme d’aboutissement pour toi ?
Andre Matos : Oui. C’est un défi supplémentaire à relever. J’en ai déjà connu à plusieurs reprises. Entamer une carrière solo n’est pas une décision facile pour un artiste mais il m’aura fallu passer par là pour pouvoir exprimer ce que je souhaitais au plus profond de moi-même. D’autres artistes n’auront jamais à passer par là.

Tu n’as jamais connu autant de succès qu’avec Angra et l’album Holy Land. Tu es parfois tenté de refaire la même chose juste pour vendre des disques ?

Andre Matos : Non. Nous avions en effet trouvé une voie unique à l’époque. Mais nous ne cherchions alors pas du tout la consécration : nous faisions simplement ce qui nous semblait honnête et en adéquation avec nos envies. Exactement comme aujourd’hui pour Mentalize. Je n’aimerais pas me forcer à faire quelque chose contre mon gré. Je m’inspire du moment présent, des choses du monde et certainement pas de la volonté d’être commercialement rentable ! Peut-être qu’un jour l’envie de faire un disque ressemblant à Holy Land reviendra mais pour le moment ça ne m’a jamais effleuré…

Pour terminer, un mot sur Avantasia. Tu as récemment participé au quatrième volet de ce metal opera. Penses-tu qu’une tournée avec tous les chanteurs serait possible ?

Andre Matos : Tous, ce serait dur… Je vois mal Klaus Meine venir avec nous par exemple… Mais j’espère que nous pourrons faire quelques concerts spéciaux avec un maximum de monde. Autrement, nous nous débrouillerons avec les moyens du bord en faisant plus de parties vocales que celles qui nous étaient destinées à la base. En tout cas, le disque est très bon : dans la droite lignée de The Scarecrow.


Andre Matos – Mentalize
SPV
www.andrematos.net 
Andre Matos vers un autre chemin