Jolie rencontre que celle de Blaze Bayley (Wolfsbane, ex-Iron Maiden) et de Thomas Zwijsen. Si elle a tout d'abord donné lieu au renouveau de la carrière de Bayley avec « The King Of Metal », elle prend une dimension supplémentaire avec un EP acoustique de fort belle facture, « Russian Holiday ». Le duo était à Paris pour nous rencontrer à cette occasion.

Blaze, tu as déjà joué en acoustique quelques fois mais ce n'est pas pour cet exercice que tu es le plus reconnu. D'où te vient cet intérêt ?
Blaze Bayley : La première fois que j'ai joué ainsi c'était pour An Evening With Iron Maiden où je racontais pas mal d'histoires sur les chansons du set. J'ai aussi joué des trucs de Wolfsbane avec Jason Edwards, essentiellement. Lorsque j'ai bossé des titres « classiques » avec Thomas, j'ai rapidement compris que nous tenions quelque chose de très profond. Ma voix réagit très bien avec sa guitare, autant sur des titres nouveaux que sur les réarrangements des vieux morceaux.

L'écriture pour le format acoustique est-elle si différente de l'écriture pour des compositions metal?
Thomas Zwijsen : Pas tant que ça, car je commence souvent à la guitare acoustique pour les morceaux metal.
B. B. : Il faut tout de même trouver un rythme de manière différente. Nous n'utilisons pas de batterie donc ça change tout.
T. Z. : Il y a plus d'harmonies pour remplacer les power chords. Les power chords sont totalement impersonnels, ni tristes, ni joyeux. Le jeu acoustique est bien plus personnel car on joue avec ses doigts et son ressenti immédiat. Les possibilités pour créer des atmosphères uniques sont bien plus grandes.

Revoir certaines chansons est aussi l'occasion de retravailler des morceaux qui avaient peut-être été un peu bâclés à l'époque...
B. B. : En effet, nous avons fait des arrangements un poil différents sur « One More Step ». La structure était là mais des détails mal exécutés m'énervaient sur la version au piano... Je voulais absolument recommencer ce titre. Mais la vraie surprise a été « Stealing Time ». Certes, il y avait déjà un son un peu flamenco mais le résultat final est hyper intense. Le violon dessus marche hyper bien. J'ai vraiment envie de faire d'autres morceaux dans cette veine à l'avenir. On verra si les fans apprécient eux aussi.

Tu ne penses pas qu'un EP comme Russian Holiday est aussi l'occasion d'aller chercher un nouveau public par le biais d'une musique différente ? Pourquoi toujours tout ramener aux fans (même si ceux-ci sont très importants avec le soutien qu'ils te témoignent au fil des ans) ?
T. Z. : Sur YouTube, nos vidéos sont vues par des gens qui ne font pas partie de notre « communauté ». Et les commentaires sont excellents même parmi mes amis qui n'aiment pas le metal ! Nous n'avons pas d'autres références pour l'instant car l'EP vient à peine de sortir.
B. B. : Et nous ne voulions pas en jouer d'extraits sur scène avant que nos fans aient le CD. Je voulais leur témoigner mon respect en leur livrant la primeur de cette musique.

Vocalement, avant un concert acoustique, dois-tu te préparer différemment d'un concert traditionnel ?
B. B. : J'essaie surtout de ne pas trop parler et de ne pas trop m'exciter. Quand je suis trop nerveux, j'oublie des choses essentielles et je commets de grosses erreurs. Je ne me drogue pas du tout et je ne bois jamais d'alcool avant un concert. Une bière ou deux après un show ça fait toujours plaisir mais j'évite les alcools forts car cela peut faire des dégâts à la voix. Avec ces précautions, je peux chanter plusieurs concerts d'affilée sans faiblir. Les répétitions sont aussi hyper importantes même si les durées ont tendance à être réduites par rapport aux ambitions initiales. Disons que si je planifie trois semaines de répètes, alors ce sera déjà bien de répéter trois jours (rires).

Quelle différence perçois-tu entre un concert acoustique et un concert électrique ?
B. B. : Dès qu'on rentre sur scène, c'est nettement plus interactif. Tout le monde, public et groupe, entend tout le monde, tout le temps. Il faut vraiment beaucoup de confiance car tout le monde est impliqué à sa manière. Le public doit vraiment se laisser aller. Plus que jamais, dans cette configuration, il est le membre additionnel du groupe.
T. Z. : Tu as davantage de possibilités pour t'exprimer : tu peux chuchoter, créer des atmosphères très feutrées et intimes. En tant que guitariste, je dois pouvoir combiner deux lignes de guitares électriques avec ma guitare acoustique. C'est parfois un véritable défi à relever !
B. B. : Pour un chanteur comme moi, il n'y a aucun artifice ou subterfuge derrière lequel se planquer. Il faut se livrer, entièrement et sans arrière-pensée. C'est assez magnifique quand ça marche bien.

Et parfois vous allez même jusqu'à jammer comme sur « The Angel And The Gambler », la dernière chanson...
B. B. : Exactement. Rien ne nous empêche de le faire. Nous n'avons pas de durée maximale pour le concert. Si tout se passe très bien, nous pouvons continuer indéfiniment. Si, au contraire, le feeling n'est pas top et que nous ne nous sentons pas en phase les uns avec les autres, nous pouvons jouer une version courte.

Ça arrive souvent (rires) ?
B. B. : Pas trop, heureusement !

Es-tu impatient de revenir à des chansons plus « électriques » ?
B. B. : Pas spécialement. Je m'éclate et je profite de ce que je vis actuellement. Il faut vivre dans le moment présent et c'est précisément ce que je fais maintenant. Je demande à mes fans de faire de même et de m'accompagner dans cette aventure. Je leur demande de venir à mes concerts et pour ces quelques heures oublier leurs problèmes et sentir cette liberté que je me suis forgée. J'essaie d'impliquer le public dans ma démarche et j'espère qu'il sentira cela car mes rapports avec mes fans ont toujours été exceptionnels.


Blaze Bayley & Thomas Zwijsen – Russian Holiday
Blaze Bayley Recordings
www.blazebayley.net
Blaze Bayley : « Avec Thomas Zwijsen, j'ai rapidement compris que nous tenions quelque chose de très profond »