Capable de réunir le public du rap comme celui du metal, la fusion est depuis longtemps, grâce à des groupes comme Rage Against The Machine ou plus récemment Limp Bizkit ou Linkin Park. C'est dans la veine de ces deux derniers que Boy Damon T se pose en représentant français du style. Les deux guitaristes du groupe, Manu Livertout et Amen Viana, nous éclairent sur cette bande de joyeux metalleux.

Quelle surprise, Manu, quand on connaît tes précédents albums solos de te retrouver au sein d'une formation pas spécialement axée sur la guitare ! Tu peux nous en dire plus sur ce choix ?Manu Livertout : Ce n'est pas la première fois que je joue dans un groupe où la guitare n'est pas le principal élément. En fait, j'ai pratiquement toujours eu des groupes à côté plus axés sur le chant et les rythmiques. Au début des années 1990 par exemple, je jouais dans Maniac Spleen, qui était un peu entre Rage Against The Machine et Red Hot Chili Peppers. On a sorti un album en 1995 et j’ai enchaîné pas mal de formations assez funk/rock dont Groovalistic (je crois d'ailleurs que c'est mon premier groupe avec Guillaume Bideau au chant). Le travail dans un groupe comme Boy Damon T est complètement différent de celui de mes albums solos, il faut apprendre à bien écouter et ne pas se laisser aller à en mettre partout : les deux guitares doivent se compléter et ne pas empiéter l'une sur l'autre.

C'est tout aussi édifiant pour toi, Amen, quand on découvre ton projet solo, de te trouver dans cette formation ! D'ailleurs, les lecteurs de guitare Live connaissent bien Manu à travers ses cours dans le magazine ainsi que par ses projets, mais je pense qu'ils te découvrent. Tu peux revenir sur ton parcours musical ?
Amen Viana : J’ai commencé au Togo en jouant dans différentes formations. A l’époque, on reprenait du Police, du Dire Straits et même du AC/DC tout en jouant de la musique locale. Après j’ai tourné et enregistré avec des chanteurs togolais tels que Jimi Hope, qui est en fait le premier chanteur “rock togolais”, mais aussi King Mensah et bien d’autres. Ensuite, j’ai monté mon trio avec qui j’ai tourné dans différents clubs au Togo et au Bénin, et je suis arrivé en France en 2004 avec mon projet afro rock. Depuis, j’ai rencontré et joué avec Keziah Jones, Rido Bayonne, Boney Fields, Tom Frager pour ne citer que ceux-là. Avec Boy Damon T, ça va faire deux ans qu’on travaille ensemble et c’est que du bonheur.

Le casting des musiciens est très éclectique ! Manu venant du metal, Amen guitariste togolais au jeu blues africain (c'est un peu comme ça qu'on te définirait, non ?), Boy Damon T qui est un batteur qu'on connaît dans des formations plutôt funk... Qu'est-ce qui a pu regrouper autant d'énergies différentes autour d'un même projet ?
Manu Livertout : Et bien je connais Boy Damon T depuis une dixaine d'années, je l'ai rencontré au M. A. I. Nous avions à l'époque monté le groupe Red Ace et nous avons souvent travaillé ensemble depuis. Il sait très bien que le metal n'est qu'une petite facette de mon jeu et c'est donc tout naturellement qu'il m'a demandé de faire partie du groupe.
Amen Viana : J’ai rencontré Boy Damon T quand j’enregistrais mon disque Gamessou, que j’ai autoproduit. Dans le studio, il y avait du passage de musiciens et il est venu écouter ce qu’on faisait. Il a été tout de suite intéressé par mon jeu de guitare et il m’a proposé de bosser sur son projet. J’avais aussi de mon coté écouté son jeu de batterie qui me plaisait bien. Puis on a monté Ewe, un trio afro rock avec Jean Bisello (à voir aussi). J’aime mélanger les styles. Ça fait partie de mon “éducation” musicale.

L'album a parfois des accents assez forts de ce qui se fait sur la scène fusion américaine. C’est voulu ?
Manu Livertout : Tout à fait, on a tous dans le groupe une culture surtout américaine, et on adore des groupes de fusion tel que Living Colour par exemple.
Amen Viana : On voulait un son qui mélange nos influences et le groove actuel, d’où cette fusion.

Vous avez déjà pas mal tourné avec Boy Damon T. Comment le public accueille cette formation fusion Made in France ?

Manu Livertout : Très bien, c'est même assez marrant de voir se regrouper un public aussi différent. Certains viennent pour le côté hip-hop et se rendent compte que le côté rock ramène une touche plus péchue, et inversement.
Amen Viana : Je dirais qu’au départ les gens ne savent pas trop à quoi s’attendre en voyant nos gueules mais dès les premières notes ils sont ravis et nous on s’éclate bien.

Quel matériel utilisez-vous sur scène pour Boy Damon T ? Est-il différent que celui que vous utilisez lors de vos projets solos ?
Amen Viana : Pour mon projet perso, j’ai pas mal de sons notamment des sons qui rappellent l’Afrique. Dans Boy Damon T, j’ai un son plus funky axé sur un son clair et une disto pour les chorus. La Telecaster est idéale.
Manu Livertout : Pour ma part, il n'est pas très différent, je reste toujours fidèle à la formule ampli sans trop d'effets, à part wha-wha, whammy... Et puis côté guitare je suis bien servi avec Ibanez, leurs modèles couvrent vraiment tous les styles du jazz au metal !

Selon vous, Boy Damon T est plus un groupe de scène ou de studio ?
Manu Livertout : Je pense que le groupe est vraiment fait pour les deux, le côté hip-hop permet de beaucoup travailler sur les arrangements en studio alors que, sur scène, les morceaux sont interprétés beaucoup plus rock, avec des solos, des échanges entre Amen et moi...
Amen Viana : En studio, on est plus sérieux mais sur scène il y a une très grande dose de folie donc c’est un groupe cent pour cent live.

L'aventure Boy Damon T a été conçue pour durer ou c'est seulement un album comme ça, pour le fun ?
Manu Livertout : J'espère qu'elle a été conçue pour durer, à moins qu'on ne meure d'une cirrhose d'ici là (rires) !!!
Amen Viana : On verra bien comment vont évoluer les choses. Pour le moment, c’est un plaisir de jouer ensemble. Pourvu que ça dure (et que la punition continue)... (rires)

Que pourriez-vous dire aux lecteurs pour leur donner envie de découvrir Boy Damon T en live ?

Manu Livertout : C'est tout simple, on a tous une grande habitude de la scène, ce qui nous permet de déconner et d'avoir une complicité inégalable, et puis le plaisir de pouvoir partager des bières avec nous (rires) !
Amen Viana : Sur scène, ça bouge, ça groove et ça punit. Ça vaut le détour. On vous attend.


Boy Damon T – Rap & Roll
Alien Prod

Boy Damon T, la fusion Made in France