Jusqu’ici boudé par la France, Bush compte bien mettre à profit sa reformation pour montrer que Everything Zen, Glycerine et autres Little Things sont bien des hymnes intemporels. Un passage sold out à la Boule Noire en fin d’année 2011 et une réaction hyper positive du public devraient aider Gavin Rossdale à enfin vivre son histoire d’amour à la française. Et à la rentrée, retrouvez Bush en compagnie de Nickelback et de Daughtry au Zénith de Paris pour une affiche rock US de premier plan !

Pour le retour de Bush tu as choisi de bosser avec Bob Rock que tu avais déjà côtoyé dans ta carrière solo. Pourquoi lui ?
Gavin Rossdale : Il y a deux écoles pour choisir un producteur. Soit on prend un nouveau nom à la mode soit on prend une valeur sûre. Je voulais quelqu’un avec de l’expérience et du savoir. Dans un monde obsédé par la jeunesse c’est parfois intelligent de faire confiance à l’expérience.

Ton album solo n’a pas été très bien accueilli. Néanmoins pour toi, ce fut un moment intéressant de ta carrière, notamment grâce à cette collaboration avec Bob Rock ?

G. R. : Oui. Il y a une tension intéressante entre lui et moi. Il veut toujours rajouter des choses dans la musique, car il a peur que les gens s’ennuient, tandis que je cherche à en enlever ! Personnellement ça ne me dérange pas qu’il faille cinq minutes pour arriver au refrain si le groove est bon. Sinon, j’adore la personnalité de Bob. Faire un album avec quelqu’un nécessite de passer beaucoup de temps avec lui donc il vaut mieux être sûr de son coup.

Vous avez réussi sur The Sea Of Memories à trouver un nouveau souffle dans votre son et votre style. C’est difficile pour un groupe qui a connu son heure de gloire au milieu des années 90 où la scène musicale était très différente ?
G. R. : Merci ! Je voulais être certain de ne pas perdre les fans de la première heure tout en m’assurant que nous montrions notre évolution sonore et artistique. Ce n’est pas évident ! J’ai écouté My Bloody Valentine hier et ça sonne vraiment comme de la merde. Pourtant ils sont superbes mais personne ne pourrait sortir un album avec un son pareil de nos jours. Les oreilles changent, les goûts aussi et le défi pour un gars comme moi c’est l’adaptation.

Je suis sûr qu’un jour on dira la même chose de The Sea Of Memories (rires) !
G. R. : Peut-être… mais j’espère que non (rires). Enfin ça vaudrait dire que ma carrière aura continué encore longtemps ! Je serai un peu comme Johnny Hallyday (rires).
 
Lorsque le retour de Bush a été annoncé, personne ne savait trop comment le groupe sonnerait. Le son a pas mal évolué mais la structure des chansons pas trop. Tu n’as pas souhaité écrire des morceaux un peu plus longs et tortueux ? Tu apprécies beaucoup le rock prog’ et pourtant, à part quelques petites exceptions, on n’entend jamais cet aspect de ta personnalité sur The Sea Of Memories ?
G. R. : C’est étrange. J’écris beaucoup pour chaque album. Je veux être un artiste plutôt qu’un musicien, du coup j’écris sans pression car je ne vois pas ça comme un travail. Je peux me débarrasser sans problème de morceaux que j’ai écrits en entier et même enregistrés ! J’ai fait des trucs assez prog’ et bizarres tout en faisant attention à avoir quelques chansons plus traditionnelles. Mais quand je me retrouve avec une trentaine de titres, je choisis tout simplement les meilleurs. Je comprends tout à fait ce que tu veux dire mais quand on regarde bien les choses il n’y a rien de plus intéressant qu’une bonne chanson « pop » avec une intro qui installe les choses, un couplet qui te mène vers l’orgasme du refrain et un retour dans cette ambiance du couplet. J’aime bien casser les structures de chansons lors des concerts car le live repose entièrement sur les dynamiques. Mais même sur l’album il y a quelques exceptions comme l’intro de la première chanson écrite avec une basse et une batterie comme d’ailleurs pas mal de mes idées sur ce disque. La guitare étrangement vient jouer en tout dernier…

En tout cas ce qui est certain est Bush ne joue pas la carte de la nostalgie pour son retour !
G. R. : Il y a deux écoles. Un groupe comme Journey verse plus dans la nostalgie. Aux Etats-Unis c’est fou tout le monde connaît tout sur eux ! Ils ont joué au mariage de mon manager et tout le monde était en transe… à part moi (rires) ! Je suis européen donc je connais mal leur répertoire à part Can’t Stop Believin’. Il y avait plein de ballades ! Et dès qu’ils font un concert ils sont obligés de jouer tous leurs hits. Moi je préfère me tirer une balle dans la tête plutôt que de faire ça ! Notre nouvel album est super important et les mecs qui ont rejoint le groupe sont des gens très créatifs.

Tu as raison, mais quand on voit votre setlist, aucun hit ne manque à l’appel !
G. R. : C’est juste. Je souhaiterais être un artiste mais au final je ne suis probablement qu’un amuseur !

Et si ça n’avait pas marché, j’ai lu que tu aurais fait cuisinier. C’est vrai ?
G. R. : Oui ! Je pense que j’aurais pu m’en sortir dans une cuisine. J’adore la France, d’ailleurs. C’est pour ça que ça m’énerve de ne pas pouvoir percer ici ! J’ai le tempérament qu’il faut pour la cuisine car souvent ce milieu est rempli de rebelles, de non-conformistes et de drogués (rires). Il y a une concentration impressionnante de marginaux, exactement comme dans la musique. C’est un élément qui m’aurait plu. Mais avant d’être dans Bush, j’ai bossé comme peintre en bâtiment, dans la décoration pour des vidéos et j’ai même été dans un coffee shop. Des jobs qui me permettaient de m’acheter des sandwiches et de payer le loyer (rires).

Heureusement pour toi le succès ne s’est pas trop fait attendre…

G. R. : Avec Bush, c’est vrai. Mais dans l’absolu ça a pris du temps. J’étais dans deux groupes avant Bush où je passais plus de temps à chercher des sandwiches qu’à faire autre chose (rires).



Bush - The Sea Of Memories
EAR Music
www.bushofficial.com
Bush à la conquète de l'hexagone