Max Cavelera est une marque de fabrique à lui tout seul. Que ce soit avec Sepultura, Soulfly et maintenant avec Cavalera Conspiracy, on sait à quoi s'attendre : un heavy thrash sans aucune once de compromis. Malgré un casting moins alléchant et une relative baisse d'inspiration sur ce second opus, le groupe des frères Brésiliens frappe encore là où ça fait mal et nous promet un avenir tout aussi brutal. Révélations.

Le titre de l'album ne laisse place à aucun doute : sur ce second album, vous souhaitiez aller un peu plus loin encore dans la brutalité et l'agressivité musicale. C'est bien le cas ?
Max Cavalera : Oh que oui ! Je crois d'ailleurs que c'est réussi. Inflikted parait presque pâle à côté.

Pourquoi avoir voulu faire quelque chose d'encore plus violent ? Inflikted n'était pas précisément un disque de ballades (rires)...

M. C. : J'avais envie d'aller plus loin. Il n'y a que deux options avec notre musique : la radoucir ou la pimenter davantage. J'aime bien quand les groupes deviennent un peu plus populaires et essayent tout de même d'être heavy. Là j'avais l'occasion de le faire avec mon propre groupe donc il fallait la saisir ! Inflikted était une bonne base mais nous pensions que nous pouvions aller encore plus loin.

Comment se passe la collaboration avec Igor ? Est-elle similaire à celle que vous aviez connue au sein de Sepultura ? Est-ce que vous validez chaque décision relative au groupe à deux ?
M. C. : J'ai écrit les chansons seul pendant un an et j'ai envoyé mes meilleures idées et les meilleurs riffs à mon frère au Brésil. Il a bien accroché. Une fois en studio, je lui ai expliqué que je voulais faire un disque plus brutal et il a bien compris. Il a adoré l'idée. La première partie des titres écrits pour l'album est ainsi constituée de pas mal de chansons rapides avec Torture, Thrasher, Blunt Force Trauma ou Burn Waco. Ensuite, nous avons écrit des chansons mid tempo avec davantage de groove comme Killing Inside, I Speak Hate ou Genghis Khan. La combinaison de tout donne quelque chose de spécial. Je savais alors qu'on tenait un truc solide.

Cet équilibre entre midtempos groovy et morceaux thrash est ton identité musicale, à mon sens, car tu es aussi convaincant dans l'un et l'autre de ces registres. C'était déjà le cas avec Sepultura puis avec Soulfly et maintenant avec Cavalera Conspiracy. Tu es d'accord avec cette remarque ?
M. C. : Oui. Mais il ne faut pas oublier que cela a pris des années pour arriver à ce stade. Mais je suis d'accord avec toi, les origines remontent à Sepultura et sûrement l'album Beneath The Remains. Arise a ensuite confirmé cela. Avec Cavalera Conspiracy, je refais de la musique aux côtés d'Igor donc il est logique que je retrouve quelques sensations de cette époque. Nous voulions d'ailleurs recréer certains éléments de la grande époque de Sepultura. Blunt Force Trauma représente une vraie réussite en ce sens.

La musique de Cavalera Conspiracy vient de toi et Igor mais il y a toujours un troisième homme qui a son mot à dire : le producteur. Ici c'est Logan Mader qui est réputé pour être quelqu'un de très créatif et que, forcément, tu connais bien... A-t-il amené des choses concrètes pour vous ?

M. C. : Oui. Il a joué son rôle de cinquième membre du groupe en studio. Il est très créatif quand il s'agit de trouver de nouveaux sons ou de nouvelles manières de les capter. En ce qui concerne l'écriture des morceaux, il n'interfère pas car nous savons ce que nous voulons. De toute manière tout avait été écrit avant et j'en étais totalement satisfait donc il n'y avait plus à travailler dessus. J'ai beaucoup travaillé le chant avec Logan. Il y a d'ailleurs quelques cris aigus sur le disque que les gens n'ont jamais entendus de ma part à ce jour. Il y a des chuchotements aussi sur Killing Inside qui devraient intriguer les gens qui me suivent depuis mes débuts. Logan y est pour beaucoup. Il a été très pro et sympa avec nous. Aucun stress dans la fabrication de ce disque ! Petit à petit, Logan s'impose comme un grand producteur. Ecoutez donc les derniers Gojira, Soulfly, Cavalera Conspiracy et DevilDriver et vous comprendrez ce que je veux dire !

Vous avez collaboré avec Logan pour les deux albums de Cavalera Conspiracy. Pourtant que ce soit avec Sepultura ou Soulfly tu nous as habitué à t'entourer de producteurs différents à chaque disque. Peut-on s'attendre à quelqu'un d'autre pour votre troisième disque ?
M. C. : C'est possible. De temps en temps, j'aime le changement. C'est pour cela que j'ai bossé avec des types comme Ross Robinson, Andy Wallace, Terry Date. C'est bon de changer car la perspective du producteur change et cela permet de voir sa musique et même le groupe d'une nouvelle manière. Les possibilités s'ouvrent et donc le résultat peut être dynamité. J'attends avec impatience de bosser avec d'autres personnes.

As-tu déjà eu le sentiment que les producteurs que tu as côtoyés te « volaient » la musique et t'amenaient dans une direction contre ton gré ?
M. C. : Pas vraiment. Tous les gens qui ont produit mes disques ont fait de leur mieux à leur époque. Nous avons beaucoup appris de types comme Scott Burns ou Andy Wallace. C'est d'ailleurs grâce à des gens comme eux que j'ai eu le courage de produire moi-même Prophecy de Soulfly. J'ai toujours besoin d'ingénieurs pour m'aider car je ne m'y connais pas trop au niveau opérationnel.

Tu as joué avec de très nombreux artistes au cours de ta carrière et il semblerait que tu veuilles te lancer dans un nouveau projet avec Greg de Dillinger Escape Plan. Que peux-tu nous en dire ?

M. C. : Nous n'en sommes qu'au tout début. Greg était fan de Nailbomb et voulait faire un projet de ce genre avec moi. Nous n'en sommes qu'au début et nous ne savons même pas qui va jouer dessus et comment nous allons nous y prendre. Sinon, j'aimerais toujours faire une chanson avec Ozzy et James Hetfield. Peut-être un jour...


Cavalera Conspiracy – Blunt Force Trauma
Roadrunner
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Cavalera Conspiracy, le retour des frères metal

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