Musique baroque, blues, venue d'Afrique ou du Paraguay : le programme de la 7ème édition du Festival international de Vendôme (25 et 26 avril 2003) illustre toute la richesse de la guitare. Cristobal Pazmino, musicien équatorien et directeur artistique du festival, en dévoile les coulisses et explique son amour pour l'instrument.

Guitariste : L'an dernier, le festival de Vendôme (Loir et Cher) mettait notamment en valeur le jazz, la musique celtique. Qu'est-ce qui a guidé vos choix pour l'édition 2003 ?

Cristobal Pazmino : D'abord, je ne programme que des guitaristes de très haut niveau, et qui ont un très bon contact avec le public. Nous ne voulons pas nous "prendre la tête " avec des caprices de stars. La rencontre du public avec les guitaristes invités est importante : je leur demande de parler avec les gens, de se montrer disponible pour signer des autographes avec le sourire.

Je demande aussi aux invités de jouer leurs oeuvres ou leurs arrangements, pas des répertoires qu'on peut écouter ailleurs. Surtout en ce qui concerne la guitare classique.

Guitariste : Quels artistes, quelles compositions souhaitiez-vous faire connaître cette année ?

Cristobal Pazmino : Les oeuvres de Patrice Jania (blues, picking) et de Roland Dyens, qui est à mon avis le plus grand guitariste français de tous les temps. Roland Dyens jouera des arrangements de chansons américaines (jazz) qui se trouveront dans son prochain CD. Pour la première fois, Clem Mounkala sera présent à Vendôme. Il jouera une musique originaire d'Afrique, notamment du Congo.

Par ailleurs, Antonello Lixi, né en Sardaigne, interprétera les transcriptions de musique baroque de Javier Hinojosa, un éminent guitariste mexicain. A la harpe, avec deux guitares, le trio Ledesma jouera la musique de tradition populaire du Paraguay. Il y aura bien entendu des oeuvres classiques. Elles seront jouées par le virtuose italien Claudio Marcotulli.

Guitariste : Quel a été l'accueil du public lors des éditions précédentes ?

Cristobal Pazmino : Ici, on se manifeste facilement pendant les concerts. On siffle de joie, on tape du pied, on crie. Chaque concert est une fête. Si vous n'aimez pas ça, il ne faut pas venir. A ce jour, nous avons eu 6000 spectateurs au total. Le public revient chaque année.

Guitariste : Vous pensez favoriser un "brassage culturel" en faisant découvrir des artistes d'horizons divers ?

Cristobal Pazmino : Non, mais je souhaite donner au public un aperçu de la guitare le plus large possible. Elle se joue dans le monde entier, pourtant elle a toujours été marginalisée dans les conservatoires et dans les milieux des musiciens dits "intellectuels".

Guitariste : Les choses évoluent ?

Cristobal Pazmino : Ceux qui m'avaient adressé des reproches pour avoir "mélangé" la guitare classique aux autres guitares proposent maintenant -avec insistance- de venir jouer dans ce festival. Bientôt, je proposerai des guitaristes de Chine, du Maroc pour conforter l'image internationale de ce festival. En sept ans, nous avons déjà invité 27 pays.

Guitariste : Avez-vous dû beaucoup "lutter" pour mettre en place le festival ?

Cristobal Pazmino : Une lutte qui dure encore, la preuve : le Conseil général du Loir et Cher, qui nous soutenait chaque année, ne souhaite plus donner de l'argent pour la guitare. Mais la ville de Vendôme nous aide. Elle s'est doté d'une belle salle de spectacles, de 770 places.

Nous avons fait nos preuves, depuis le premier festival en 1996. Quand je suis arrivé dans la région, il n'y avait vraiment rien pour la guitare, alors que le public existe. Par passion, par amour de la guitare, j'ai voulu faire connaître autre chose que la variété de mauvaise qualité imposée par la télévision et les médias. Il a fallu s'armer de patience et ne pas se décourager, ignorer les critiques de ceux qui auraient fait comme vous sans pour autant être prêts à se fatiguer.

Guitariste : Etant vous-même guitariste, vous avez joué sur scène le répertoire traditionnel équatorien en 2001. Pas cette année ?

Cristobal Pazmino : Je ne "me" programme pas chaque année par respect pour tous ceux qui patientent depuis le début. Nous avons une liste d'attente très longue.

Guitariste : Vous souhaitez faire connaître la musique de l'Equateur. Des projets en cours ?

Cristobal Pazmino : L'Europe ne connaît de de la guitare d'Amérique Latine que celle du Brésil et d'Argentine. Et c'est tout. J'ai la chance de faire des arrangements et de composer une musique inspirée de la tradition populaire des Andes. J'écris, j'enregistre et je donne beaucoup de concerts un peu partout. Cela ne va pas s'arrêter de sitôt. On finira par dire que la musique équatorienne existe aussi.

Pour en savoir plus

- Le site du festival (programme, réservations) :
http://www.vendomeguitarfest.com/

- Cristobal Pazmino : http://www.cristobalpazmino.com/

- Roland Dyens : http://www.roland-dyens.com/


 

Cristobal Pazmino