Interviewer un anonyme n'est pas chose aisée. C'est d'ailleurs encore plus dur lorsque l'anonyme en question est une goule. Heureusement une goule guitariste est un phénomène suffisamment rare pour piquer l'intérêt de la rédaction de guitariste.com. Fraichement auréolé d'un concert à Rock à Seine et d'un album dans les top 20 des ventes en France, Ghost a de quoi célébrer. Meliora, leur troisième réalisation dont on vous parlait il y a peu, vient à peine de sortir et déjà les questions fusent. Micro.

Comment est-ce qu'une goule s'intéresse à la musique ? Ce n'est pas un hobby typique si ?
Nameless Ghoul (guitariste lead) : (rires) J'ai grandi avec ma mère et mon grand frère. Elle aime la musique et le style de vie des années 60. Mon grand frère a treize ans de plus que moi donc j'avais un environnement familial « expérimenté ». J'avais déjà tout à portée de mains alors que la plupart des enfants de mon âge ne connaissait rien à la culture musical populaire. Je voyais aussi beaucoup de films et regardais pas mal la télévision. Si je joue dans Ghost aujourd’hui, c'est sûrement car mon frère m'a passé mes trois premiers albums : Twisted Sister, Mötley Crüe et Kiss. Il m'a transmis le virus du hard rock alors qu'il écoutait aussi du punk et de la pop. Ma mère écoutait pas mal de trucs des années 60 comme The Doors, The Rolling Stones ou The Beatles. Quant à moi, en grandissant, j'ai découvert le metal extrême. C'était mon truc.

En commençant par Twisted Sister, Mötley Crüe et Kiss, tu étais déjà dans le shock rock...
Tout à fait. Ce sont trois groupes très visuels. Leur attitude rebelle et plus grande que nature me plaisait énormément. Maintenant notre musique se nourrit autant de cela que d'éléments plus psychédéliques à la Pink Floyd ou de la pop. Je me rappelle avoir vu Kiss à la télévision suédoise. Je devais avoir deux ou trois ans. Ca m'avait déjà impressionné. J'ai revu ce clip des années plus tard sur YouTube. Ca m'a filé la chair de poule.

Comment es-tu passé d'un fan de ce genre de musique à un musicien avec de vraies ambitions et un groupe international comme Ghost ?
Mes premières représentations furent donnés à l'aide d'un balai sur le canapé familial (rires). A l'époque ma setlist était composée de The Great Rock n' Roll Swindle (rires). Plus tard, j'ai joué du piano à l'école maternelle. Je n'ai jamais trop continué. La guitare me plaisait plus mais elle n'était pas en libre accès comme le piano. Un type sur une Hagstrom m'a appris les bases grâce à Tutti Frutti (rires).

Il paraît que tu adores The Piper At The Gates Of Dawn et A Saucerful Of Secrets. Cette admiration remonte à cette époque aussi ?
Oui. C'est de la musique qui utilise la guitare différemment. Evidemment il y a de la guitare mais elle n'est pas au centre du tout comme elle pouvait l'être sur un album de Jimi Hendrix. En fait tous les groupes nés dans les années 60 furent super importants pour me forger l'oreille. Mais si je ne devais garder qu'un seul disque comme influence principal, comme déclencheur je citerais Kiss – Alive. Leurs albums studio montaient en puissance mais aucun n'a la puissance de ce live incroyable. C'est un disque d'apprentissage parfait car les chansons sont simples mais suffisamment dures pour améliorer sa technique rapidement quand on est jeune.

Pour être honnête j'ai découvert Ghost plus tard que la plupart des gens, après la sortie du deuxième album. Je n'avais vu que vos photos et vos pochettes et j'étais persuadé que vous étiez un groupe de black un peu bizarre. En entendant la première chanson j'ai cru qu'on m'avait passé le mauvais CD (rires). Ce sont des remarques fréquentes que l'on vous fait car une partie du public doit être surprise ?
Oui c'est fréquent. Aux Etats-Unis, surtout. « You ain't no cookie monster band ? » (rires) C'est un truc qui nous vient directement de notre admiration pour Kiss et Alice Cooper. Ils ont l'air très méchants mais en fait leur musique est très sympathique. Il n'y a qu'un lointain ton parfois un peu macabre mais rien de plus. Je connais et écoute plein de musique bien plus méchante que la nôtre. Mais on s'en fout, on fait notre truc qui est un genre de spook rock de l'année 77.

Meliora est un album très diversifié avec plein d'accroches réalisées de manière inattendues. Si la musique est orientée guitare de plus en plus de mélodies viennent des claviers et du chant ce qui fait un ensemble plus mur et sûr de soi. De plus, le disque est très court ce qui fait qu'il passe en un éclair. C'était une démarche voulue de combiner ces deux éléments ?
Oui. Et en plus nous voulions que le disque fonctionne particulièrement bien au format vinyle. De nos jours, les vrais amateurs de formats « physiques » privilégient le vinyle donc nous avons réfléchi en ce sens. La plupart du temps les CD sont adaptés en vinyle et du coup l'expérience « platine » est horrible. Là, c'est l'inverse. Tout colle parfaitement au changement de face. Ca nous a conduit à raccourcir certains morceaux.

Est-ce que cela vous a obligé à carrément passer à la trappe des chansons entières, trop longues, ou qui ne collaient pas assez à cet esprit vintage ?
Non. Le seul gros changement de ce type a été la séparation de Devil Church et Cirice qui au départ faisaient partie d'une seule et même plage. Nous avons veillé à ce que les choses ne sonnent pas forcées sur Meliora. Les transitions entre les chansons notamment. Je déteste quand une chanson à un long fade out et enchaîne sur un titre agressif à la double pédale. Ca n'a aucun sens. On veut du calme dans tout notre capharnaüm !

Ghost - Meliora
Loma Vista Recordings
www.ghost-official.com

Ghost - Meliora