Warren Haynes fait partie de ces musiciens qui portent avec brio la carrière de deux groupes sur leurs épaules. Pour Haynes, il s'agit du Allman Brothers Band et de Gov't Mule qui sort en cette fin d'année un nouvel album, son plus accessible à ce jour. En pleine tournée aux Etats-Unis, Warren Haynes a pris quelques minutes pour discuter avec nous de son actualité et de ses idoles malgré une fatigue perceptible à l'autre bout du fil...

Tu insistes souvent dans tes interviews sur le fait que tu considères que tu évolues encore en tant que guitariste après toutes ces années. Comment penses-tu que cette évolution s’est exprimée sur ce disque ?
Warren Haynes : Il y a plus de nouveaux sons que je n’avais encore jamais utilisés. Mon jeu quant à lui va dans de nouvelles directions. Je me sens attiré par des styles qui n’étaient pas présents sur les albums précédents. Naturellement, tout n’est pas complètement différent de ce que je joue habituellement mais il était temps pour moi d’expérimenter quelques bonnes choses.

Pourquoi ce besoin s’est-il fait sentir maintenant plutôt que sur un des précédents albums ?

Warren Haynes : J’étais également très content de l’album d’avant, High & Mighty. Le but de Gov’t Mule est de faire des albums qui soient différents à chaque fois. Nous ressentons un très bon feeling avec notre nouveau bassiste, Jorgen Carlsson, et cela compte beaucoup pour l’inspiration. En concert, également, tout se passe pour le mieux et le niveau d’excitation est super élevé pour nous tous.

Les jams et les soli sont souvent les éléments qu’on met en avant dans votre musique. Néanmoins, ils semblent généralement très « écrits ». Est-ce le cas ?

Warren Haynes : Ça dépend mais en général oui. Ce nouvel album est plus orienté sur les chansons que par le passé. Cela pourra dérouter les gens qui ne s’attendent qu’à des jams. A titre personnel, l’élément le plus important a toujours été la chanson en elle-même. D’accord, nous avons une entente musicale géniale entre nous et nous sommes capables d’improviser des trucs ahurissants mais tout ceci n’aurait aucune espèce d’importance sans les chansons ! J’espère que les gens le comprendront avec By A Thread.

Peut-être que ces jams sont plutôt réservés au cadre de la scène...

Warren Haynes : (m'interrompant) Oui. Si vous trouvez qu'il y a beaucoup d'improvisations sur By A Thread, sachez que ce n'est rien en comparaison de ce qui vous attend à un de nos concerts !

Quand est-ce que le public parisien aura l'occasion de voir cela ? En effet, vous n'êtes pas souvent passés par chez nous...
Warren Haynes : Nous allons partir en tournée européenne durant la première moitié de l'année 2010. J'imagine donc que nous allons revenir en France à cette occasion. Je n'ai joué à Paris qu'une seule fois avec Gov't Mule et je m'en rappelle très bien car c'était lors de mon anniversaire il y a quatre ans. C'était vraiment marrant. Avec les Allman Brothers, nous sommes allés jouer à La Cigale en 1991 il me semble. C'était également un bon show. Je n'ai donc que de bons souvenirs de Paris et j'ai hâte d'y retourner.



Est-ce que tu sens un intérêt grandissant de la part du public européen et particulièrement du public français à l'égard de Gov't Mule ?
Warren Haynes : Oui. En France, je reçois de plus en plus de demandes d'interviews et pas mal de tourneurs voudraient que nous venions jouer chez vous. Les retours sur By A Thread sont globalement très positifs. Nous sommes en train de découvrir qu'il y a peut-être plus de public potentiel chez vous que nous ne le pensions initialement.

Contrairement à pas mal de guitaristes, tu n'as pas commencé la musique par cet instrument. En effet, tu as commencé par le chant. Comment t'es-tu mis à la guitare ?

Warren Haynes : J'ai en effet commencé à chanter vers sept ans. A cet âge-là je n'écoutais que de la soul. Des trucs comme James Brown, Otis Redding ou les Temptations. Quelques années plus tard, mon frère aîné m'a fait découvrir un disque de Sly And The Family Stone qui a été une véritable pierre angulaire pour moi car il m'a ouvert la porte vers le rock. J'ai alors pu découvrir Jimi Hendrix, Eric Clapton par le biais de Cream et Johnny Winter. Ce sont les trois premiers modèles en matière de guitare que j'ai eus. C'est alors que j'ai entamé ma phase d'appropriation de l'héritage rock en écoutant un maximum de disques pour pouvoir ensuite remonter aux influences des artistes qui m'intéressaient le plus.

As-tu déjà eu l'opportunité de jouer avec l'un ou l'autre de tes trois premiers amours, sur scène ou en studio ?
Warren Haynes : Oui ! J'ai pu jouer avec Eric Clapton cette année avec les Allman Brothers pendant deux soirs à New York. Nous avons joué six chansons ensemble le premier soir et sept le second. C'était merveilleux ! J'avais joué à plusieurs reprises avec Johnny Winter. Quant à Jimi Hendrix, évidemment non. Je n'ai jamais pu le rencontrer car j'étais trop jeune quand il est mort.

Quel sentiment cela fait de jouer avec une de ses idoles ?

Warren Haynes : C'est très excitant. Je suis béni d'avoir pu jouer avec tant de mes héros depuis mes débuts. Parfois je joue aussi avec des gens plus jeunes qui me considèrent comme une de leurs principales influences. Depuis dix ans, j'ai joué avec tant de gens talentueux ! C'est quelque chose que j'aime faire car ça me permet de jouer de la musique dans un cadre de jam et d'improvisations. C'est ce que je préfère car cela permet de toucher à plein de genres musicaux !


Gov't Mule – By A Thread
Evil Teen Records
www.mule.net
Gov’t Mule, le rock américain à la sauce Haynes