Gush, c’est ce petit vent frais qui vient vous caresser juste au moment où le soleil se fait trop chaud pour continuer à le supporter, et qui fait que vous restez. Oui, Gush, c’est cette jolie mélodie rafraîchissante qui se distingue juste au moment où vous alliez éteindre votre radio parce que saturé de pub et de titres déjà entendus, et qui fait que vous restez. Très inspiré par la musique des années 60-70, certes, mais avec ce zeste de jeunesse et d’imagination actuelles, ce brin de fantaisie nécessaire, ce quatuor complice n’a de cesse de vouloir nous faire plaisir, et ça s’entend. Complice, parce que tout se passe véritablement ENSEMBLE : les quatre garçons écrivent, chacun joue de tous les instruments tant sur scène qu’en studio et chacun donne de sa voix. Non, ce n’est pas si commun… Leur premier album Everybody’s God, signé chez Cinq7 est sorti dans les bacs le 15 février dernier et les scènes continuent d’affluer… C’est tout le mal qu’on leur souhaite !

Racontez-nous la genèse de la formation.

Gush (Mathieu, Xavier, Yan. Vincent n’a pas pu être présent) : C’est une histoire de famille, Xavier et Vincent sont frères, Yan et moi, Mathieu, leurs cousins. On a commencé à faire de la musique ensemble au lycée, pas tous dans le même groupe, mais très vite, on a « fusionné » tous les quatre. On chantait dans les soirées, on jouait dans des bars, on a beaucoup appris de cette façon. Dans nos groupes respectifs, on faisait beaucoup de reprises, alors quand on a formé notre groupe, on s’est dit qu’on allait faire nos propres chansons, notre vocation était de faire notre musique. Il nous arrivait encore de reprendre des titres en live, et avec plaisir, mais l’intérêt était vraiment de faire nos chansons.

Comment se passent vos créations ? Chacun arrive avec ses compos ?

Gush : Il n’y a pas de règle, mais en général, chacun amène une chanson et les autres l’aident à la peaufiner, chacun amène une idée complémentaire, affine le refrain et ou le couplet, tout est possible. Ce qui peut arriver aussi, c’est que l’un d’entre nous soit particulièrement inspiré par la chanson qui vient d’être présentée et lui dit qu’il aimerait bien travailler avec lui sur ce morceau. Quoiqu’il en soit, nous écrivons tous. Notre passion, ce sont les harmonies vocales, le rythme. Et dans la composition, l’instrument importe peu finalement, c’est celui qui va le mieux servir la chanson.

Ce qui est étonnant, sur scène, c’est de vous voir passer d’un instrument à l’autre avec une facilité déconcertante !

Gush : Alors, pour être tout à fait sincère, on n’est pas dans la facilité pour impressionner.

Ce n’était pas ce sens-là que c’était dit.

Ah ok ! En fait, quand on prend un instrument, c’est au feeling. C’est ce qu’on sait faire de bien. On n’est pas très techniques si on écoute bien, on fait des choses assez sobres. Il y a beaucoup de musiciens qui ne le montrent pas par simplicité, mais qui jouent à la fois de la guitare et du clavier par exemple. La plupart des mecs qu’on croise, tous nos potes, jouent de plusieurs instruments, mais au fil des années, ils ne jouent plus que d’un seul par souci de simplicité. Mais pour nous, celui qui arrive avec un morceau composé à la guitare va se mettre à la guitare sur ce titre quand l’autre va prendre le clavier ou la basse, et ça s’inverse. Parfois, ça nous pose des problèmes sur scène, on perd du temps entre les morceaux, mais le mec est à l’aise parce que c’est comme ça qu’il l’a créé. Ça multiplie la formule, ça enrichit. Chacun a son style bien à lui, et ça apporte une grande diversité. La plupart du temps, c’est celui qui a écrit ou grandement participé à l’écriture de la chanson qui va la chanter. Nous avons le projet de faire un album où chacun d’entre nous « choisit » un instrument du début à la fin de l’enregistrement pour voir que ce ça pourrait donner. Il n’y a vraiment pas de règle, c’est ce qui fait la multiplicité de notre groupe.

Vos liens familiaux facilitent-ils la communication ?

Gush : A la base, oui. Mais je pense que dans les autres groupes, à force d’être ensemble, ils finissent par se connaître aussi bien que s’ils étaient frères, peut-être mieux même. Mais tout ça n’est qu’une question de personnalité finalement. Je dirais que ça facilite les choses, oui, quand on a des choses à se dire, on se les dit.

C’est le premier album qui sort signé chez un label. Ça vous apporte quoi d’être soutenus par une maison de disque ?
Gush : Ça nous apporte d’être vus et entendus par plein de gens. Ça nous apporte de bosser en harmonie sur des choses que l’on ne connaît pas. Nous, on fait de la musique, il y a du savoir-faire qu’on ne connaît pas. Avant, nous faisions nos CD, nous les vendions, nous faisions nos fly, nos pochettes, nous collions les affiches dans la rue, nous gérions tout notre Internet. Et tout à coup, nous sommes entourés, c’est bizarre de devoir lâcher tout ça, mais c’est génial !

Internet est un bon support pour se faire entendre, mais ça reste malgré tout « artisanal ». D’avoir le soutien d’un label fait qu’on passe à un niveau supérieur ?
Gush : Oui, bien sûr. Il y a tous ces contacts que tu ne peux pas avoir sans les professionnels, ce savoir-faire de la communication par exemple, ça ouvre des portes. Le message qu’on peut faire passer aux musiciens c’est de continuer à mettre la gomme dès le moment qu’ils ont l’envie, d’y aller à fond. On est passés par ces petits bars et tout le reste, mais ce n’est pas un problème, si on devait le refaire, on le referait toujours, c’est notre passé et notre présent, on vit avec ça.

Le téléchargement illégal, un avis ?
Alors les histoires de téléchargement illégal, n’y pensons pas. Les jeunes sont nés avec ça, ils ont découvert la musique avec le mp3, pour eux, c’est normal. C’est plutôt pour des mecs comme nous qui avons connu le CD que ça change les idées. Mais c’est l’évolution, on ne peut pas la contrôler. Et puis, on fait de la musique pour qu’elle soit divulguée et non pas cachée. Nous, on veut juste toucher les gens. Bien sûr, il ne faut pas dire n’importe quoi, on n’est pas pour le téléchargement illégal, mais il pourrait y avoir des solutions alternatives, comme un abonnement de 10 € par mois te permettant d’écouter toute la musique que tu veux, par exemple. C’est l’industrie qui fait qu’on se pose toutes ces questions et qui a noté qu’elle avait un manque à gagner. Maintenant, ces 10 € seraient-ils reversés aux artistes ? Voilà le nœud du problème, parce que ceux qui sont loosés dans cette histoire sont quand même les artistes.

Gush sur scène, seul ou en premières parties ?

Gush : On adore la scène, autant que le studio d’ailleurs ! C’est vrai que les gens disent que c’est difficile de passer en première partie, mais pour nous, c’était plutôt cool ! On n’a rien à faire, t’arrives, il est 16 heures, le public ne te connaît pas, ça lui plaît, tu n’as qu’à prendre la récolte, c’est tout bénéfice ! Ceux à qui ça plaît t’ont découvert. En novembre, on a joué en première partie de –M– et de Julien Doré, dans des grandes salles, on a donc eu la chance de toucher beaucoup de gens en un concert. L’accueil était bien à chaque fois, on a vendu beaucoup de quatre titres, c’était très prometteur. Franchement, on ne s’attendait pas à un tel accueil. On a beaucoup de chance.



Parlons un peu matos, comment le choisissez-vous, quel est-il ?
Gush : On achète aussi bien sur Internet qu’en magasin. On aime bien customiser nos guitares. On a enlevé le vernis, poncé, complètement refait la forme avec une scie sauteuse, repeint, reteinté… Nos guitares, on aime qu’elles sonnent « bois ». C’est un grand mot pour des guitares électriques, mais bon !
Yan : On aime aussi les vieux claviers. Pendant trois ans, j’ai rêvé de m’acheter un D6 Hohner Clavinet. Pour ça, j’ai travaillé quatre mois dans un supermarché ! La première guitare que j’ai eue, c’est mon père qui me l’a donnée, une Maya 12 cordes de 1969. Pas top, mais elle a super bien vieilli, elle sonne bien. Je m’en sers encore, elle a fait tout l’album avec la Gibson de Mathieu. C’est vrai qu’on est sensible à l’esthétique de nos instruments, mais au son surtout. On a un peu l’amour des instruments vintage, ils ont une âme, très clairement.

Pourquoi, parce que l’acoustique de l’époque était meilleure, il y avait plus de soin dans leur fabrication ?
Gush : Ce sont peut-être les micros d’une époque, le bois de la guitare et la façon dont il a été travaillé. Maintenant, tout est fait à la chaîne, ça revient moins cher. Tu prends une Stratocaster aujourd’hui, elle va peser beaucoup moins lourd, mais le micro sera moins bon. Des gens adorent les instruments modernes parce qu’ils leur apportent plus de précision et de justesse, mais c’est une histoire de goût, tout simplement. Nous, on n’aime pas trop les claviers numériques d’aujourd’hui, on n’a pas de Korg Triton par exemple, ou équivalent. On a préféré acheter un second Clavinet ! Même Vincent a une vieille batterie du début des années 70 qu’il adore, sur laquelle il a posé des vraies peaux animales. Bien sûr, on trouve des peaux synthétiques, mais elles ne produisent pas le son voulu. On s’enregistre avec un magnétophone analogique, on a des effets, des échos à bandes qu’on adore, même les pédales sont vintage, c’est du matériel complètement barré des années 70-80 ! Bon, on n’est pas non plus psycho-maniaques vintage, on a des pédales récentes aussi ou des rééditions qu’on trouve très bien. On s’en fout. Au final, ce qui compte, c’est le son, l’amour de la musique !

Gush - Everybody's God
http://wearegush.com/


EVERYBODY’S GUSH !