Il est fréquent de trouver dans la discographie de groupes de metal des albums acoustiques, des best of et même des opus qui réarrangent un répertoire avec des éléments symphoniques. Il est nettement plus rare de trouver ces trois caractéristiques dans une seule et même galette ! C'est pourtant ce que vient de réaliser Helloween avec la sortie de Unarmed : Best Of 25th Anniversary. Il n'en fallait pas plus pour nous donner envie d'appeler une vielle connaissance toujours exilée à Tenerife, Michael Weikath, qui semble surpris d'apprendre que nous avons aimé son disque...

Pourquoi ? Tu as reçu beaucoup de réactions négatives sur Unarmed : Best Of 25th Anniversary ?
Michael Weikath
: Oui ! Des fans – ou non, d'ailleurs – m'ont écrit quelques mails assez salés. Je ne sais pas trop quoi en penser car ce sont des gens plutôt différents. Pour résumer, il y a deux catégories de personnes qui n'aiment pas le disque. Premièrement, les fans de metal qui n'ont pas vraiment d'ouverture d'esprit en termes de musique. Cela ne me dérange pas. En effet, je ne cherche pas à apprendre aux gens ce qu'ils doivent aimer. Je n'apprécie simplement pas lorsqu'ils insultent nos choix et nous prennent pour des vendus. Ensuite, il y a les gens qui aiment l'album Chameleon et m'insultent car ils disent que Unarmed : Best Of 25th Anniversary est exactement l'album que Michael Kiske aurait aimé faire...


Du coup, ce sont les fans de Kiske qui trouvent que vous n'êtes pas assez metal (rires) !
Michael Weikath : Oui (rires). Comme tu l'as dit précédemment, Unarmed : Best Of 25th Anniversary est inclassable. Je n'aime pas spécialement les albums 100% acoustiques. Je trouvais plus intéressante l'idée de réarranger – en mieux – certains de nos morceaux. Le reste du groupe était d'accord avec moi. Nous ne voulions pas non plus nous focaliser sur un enregistrement avec un orchestre symphonique. En effet, c'est ce que nous faisons habituellement de toute manière (rires) ! Nous n'avons peut-être pas un orchestre complet mais nous avons des arrangements et des orchestrations qui vont dans ce sens. Je n'aime pas trop la dualité qu'il existe dans la plupart des projets « groupes de metal + orchestre symphonique ». Généralement les rythmiques du groupe bataillent avec des orchestrations très basiques d'une manière pour le moins cliché. Au moins un groupe comme... euh... les Italiens, là...

Rhapsody (Of Fire) ?
Michael Weikath : Oui ! Ils sont très bons ! Leurs arrangements frisent la perfection. Ils placent la barre très haut pour tous les autres groupes qui veulent se frotter au genre.

Quel était votre but lorsque vous avez fait « The Keeper's Trilogy » qui combine trois morceaux de chacun des trois opus des Keeper Of The Seven Keys dans une suite de dix-sept minutes ?
Michael Weikath : Déjà, l'orchestre de Prague était vraiment bon. Ce n'est pas l'orchestre le plus connu de la scène classique mais il se défend plus que bien. En tout cas le rendu est bien supérieur à ce que peuvent faire les groupes qui se contentent d'enregistrer plusieurs pistes avec un quatuor à cordes. Je voulais donc que la Keeper's Trilogy fasse une grande part à l'orchestre. Il aurait été bête de tout saccager avec des guitares électriques d'autant plus que tout le monde connaît déjà les arrangements originaux grâce aux albums de l'époque.

Ce n'est un secret pour personne : votre maison de disques SPV est en difficultés financières sérieuses depuis quelques mois. Est-ce que l'idée de Unarmed : Best Of 25th Anniversary est initialement venue du label afin de se minimiser les risques liées à une nouvelle sortie d'Helloween ? En effet, le disque met en avant une grande partie de vos plus gros tubes...
Michael Weikath : Depuis environ cinq ans, nous sommes associés au management Bottom Row, le vieux management de Pink Cream 69, un groupe avec qui nous avons quelques connexions. Depuis que Bottom Row gère nos affaires nous avons eu un développement très positif. Le fait est que nous n'aurions pas pu faire un disque comme Unarmed : Best Of 25th Anniversary sans notre management actuel. C'est pour cela que nous nous contentions, souvent forcés par les maisons de disques, de compilations sans grande saveur comme The Treasure Chest. Nous avons déjà fait des « best of » au sens traditionnel du terme et nous ne serons jamais capable de faire mieux dans le genre. Là nous voulions nous frotter à autre chose et je voulais prouver que je n'étais pas un fan des Beatles pour rien (rires). Les gens pensent souvent que je suis des années 70, que ma jeunesse a été bercée par Iron Maiden et Metallica et que j'ai fondé Helloween pour faire des trucs similaires. Mais ce n'est pas le cas.

Indépendamment de ce qu'on peut penser des chansons sur l'album, les arrangements sont vraiment très créatifs et cela est particulièrement vrai pour les guitares qui changent souvent complètement par rapport aux pistes originales. Le seul véritable lien avec les morceaux d'origine est le chant, toujours diablement proche. Cela était voulu pour ne pas perdre tout le monde en route (rires) ?
Michael Weikath : Plus ou moins. Mais cela n'empêche pas les gens de trouver que les morceaux sont durs à reconnaître jusqu'au refrain (rires) ! Elles sont toutes vêtues d'un costume différent. Les lignes vocales se devaient d'être proches de ce que fait Andy habituellement sur ces titres ; autrement, en rendant plus pop des titres comme « Dr. Stein », je pense que les critiques que nous avons reçues auraient été justifiées. « Fallen To Pieces », morceau moins connu que la plupart des chansons présentes sur Unarmed : Best Of 25th Anniversary, permet plus de marge de manœuvre et au final la chanson est davantage pop. Cette chanson n'était même pas notre idée à la base mais celle de notre arrangeur et claviériste Matthias Ulmer. Il nous a convaincu avec son réarrangement de toute beauté.

Est-ce également ce qui a conduit à la présence de « Forever And One (Neverland) », un peu inattendu dans ce tracklisting ?
Michael Weikath : En fait, Andi tenait vraiment à ce que « Forever And One (Neverland) » y figure. Ce titre ne date pas d'hier. Je me rappelle qu'Andi voulait employer un piano à l'époque de l'enregistrement original. Au bout du compte il avait été déçu que cette chanson ne soit qu'un titre de hard rock et rien de plus. Il a toujours voulu voir ce que ça donnerait avec un arrangement différent. Au final, pour nous, ce fut intéressant car nous avons pu retravailler deux ballades avec deux visions différentes : celle d'Andi d'une part et celle de Matthias de l'autre.


Helloween
Unarmed : Best Of 25th Anniversary
SPV
www.helloween.org
Helloween, le best of acoustique et symphonique...