Porté par un son américain et des influences marquées de la scène rock US, les Français de Holophonics réappliquent la formule de leur premier album sur Travel Diary From Inner Landscape. Ludo et Mike, qui ont tiré les bons enseignements de A Land To End My Flight, ont pris quelques instants pour réfléchir avec nous aux évolutions entre les deux opus.

Ce deuxième album semble délibérément plus direct et concis que le premier. C’était effectivement voulu ?
Ludo : Oui ! Avec le recul, on trouvait que A Land To End My Flight pêchait par sa longueur… C’était un premier album, donc on était fier de proposer tous nos titres. Pour Travel Diary, on avait la volonté de faire un album compact, dans le son, les compos et le format. On avait pourtant quelques titres supplémentaires, mais on a fait le choix de se concentrer sur ceux qui nous paraissaient être alors les dix meilleurs et les plus représentatifs d’Holophonics.


Qu’est-ce qui vous a inspiré durant la « fabrication » de l’album ?

Ludo : A l’époque de A Land To End My Flight, le groupe était tout jeune, et on apprenait encore à se connaître. Certains titres ont même été composés avant que le groupe ne soit au complet. Depuis, Holophonics a vécu… La phase de composition de Travel Diary a été assez différente de celle du premier opus. Quand je commençais à enregistrer des titres dans l’ordinateur, j’essayais de garder en tête le style de chacun et de composer en fonction. C’est peut-être pour ça que l’album nous paraît plus cohérent, parce qu’il est finalement inspiré par ce que chacun pouvait donner de meilleur, dans le style Holophonics.
Mike : L’inspiration vient de ce qui nous entoure, de ce qu’on vit ou subit au quotidien. Les écueils et les douleurs de la vie sont prégnants dans mes textes car comme tous les auteurs (même si je ne me considère pas en tant que tel), j’expie bien des douleurs dans l’écriture. La culture de la peur des masses décrite dans « Modern Fright », la perte de proches dans « The Other Side » et « Chemically Mine », la m… qu’on va laisser à nos mômes dans « Why Do We Fail » etc., sont autant de cris de douleur qui sont inspirés de la vie de tous les jours.

Mike, peux-tu expliquer le choix du titre ?

Mike : Travel Diary From Inner Landscape était d’abord le titre de la chanson avant de devenir éponyme. J’y traite de « désincarnation », de NDE (Near Death Experience) inspiré par le film L'Expérience Interdite (Flatliners). Par la suite, je me suis dit que chaque morceau pouvait être une expérience ramenée de ce paysage intérieur qui est le notre. En voici le carnet de route !

A titre personnel quel est l’aspect de la genèse d’un disque qui vous plait le plus ?

Ludo : Pour moi, le meilleur moment, c’est quand Mike et Stef nous envoient les versions avec les parties voix. En fait, on travaille beaucoup via Internet. Quand j’ai terminé l’instrumental d’un titre, je le propose aux autres. Ils écoutent, on fait des modifications si nécessaire, et ensuite Mike et Stef posent les mélodies de chant. C’est là, quand on reçoit le mp3 avec la voix, que le morceau prend vie pour de bon. Mais toutes les étapes sont importantes, et vivre enfermés trois semaines dans un vrai studio d’enregistrement, c’est aussi un moment exceptionnel.
Mike : Sans négliger quoi que ce soit, j’avoue que, tout comme Ludo, c’est le moment de composition des lignes de voix. Ayant maintenant un petit studio à la maison, on se laisse le vraiment le temps de trouver la mélodie ultime… C’est passionnant ! Et peut-être le moment de poser le vrai texte aussi…

Un artiste n’étant jamais satisfait, j’imagine qu’il y a encore des choses qui ne vous plaisent pas sur l’album… Pouvez-vous nous en parler et nous dire comment vous essayerez de les gommer à l’avenir ?

Ludo : En fait, on a un gros problème avec cet album : il est largement au dessus de nos espérances (rires) ! Evidemment, il y a des tonnes de choses qui ne sont pas parfaites quand on se compare à des grosses productions US où ça joue et sonne comme personne, mais on est vraiment super fiers du résultat ! Finalement, je n’ai pas grand chose à redire… Il représente parfaitement Holo à un instant T, avec ses qualités et ses défauts, et c’est le principal.

Quel travail fais-tu à côté d’Holophonics ?

Ludo : Je suis infographiste dans une collectivité territoriale. C’est un bon boulot… Cela me permet de rester dans un domaine relativement créatif, tout en conservant une certaine flexibilité nécessaire à la vie du groupe. Si une date tombe au dernier moment, mon employeur fera tout pour que je puisse poser un jour de congé et assurer la date. On ne gagne pas des milles et des cents, mais c’est un compromis confortable…



Quel est le disque qui te procure les plus fortes émotions ?

Ludo : The Wall de Pink Floyd. Il a bercé mon adolescence… Et plus particulièrement le titre « Comfortably Numb », et son solo indescriptible. Je l’ai écouté en boucle à une période de ma vie où tout n’était pas forcément facile. Du coup, il m’a marqué au fer rouge, et à chaque fois que je le réécoute, je replonge dans un univers étrange, une espèce de mélange de mélancolie, de colère, d’amitiés. David Gilmour est vraiment mon guitariste fétiche. C’est un des rares, bien qu’il ne soit pas une bête de technique, à me procurer autant d’émotions.

Quelles sont les compositeurs que tu admires plus que les autres ?
Ludo : Je ne sais pas qui compose, mais en ce moment c’est Tool ! Ils ont vraiment un univers sonore et visuel bien à eux, et arrivent à nous servir une musique ultra-complexe avec une simplicité déconcertante. Ces gars ont de la forme, et beaucoup de fond. C’est vraiment le groupe qui me laisse le plus admiratif. En plus de ça, ils sont complètement hors système… On les voit peu, on ne les entend quasiment jamais, et pourtant, ils sont là depuis des années, avec un public fidèle. Ils sont vraiment énormes !

Quel est pour vous le groupe français actuel dont l’héritage sera le plus important ?
Ludo : On touche là un point sensible. Je n’écoute quasiment pas de groupes français. Je ne suis pas fan de metal pur et dur et je ne peux donc pas dire si Gojira ou Dagoba laisseront une empreinte indélébile… Le seul groupe français que j’écoute en boucle, c’est Phoenix. Mais de là à dire qu’ils laisseront un héritage… C’est fou, le temps passe, et j’ai l’impression qu’il y a toujours les trois même groupes français de rock dans l’inconscient collectif, à savoir Téléphone, Trust, et Noir Désir. C’est un peu désolant, mais c’est comme ça : la France n’est pas la nation du rock !
Mike : Je pense à Gojira car je crois qu’il est le premier groupe metal français à faire une telle carrière et à s’exporter à une telle échelle. Après, artistiquement, je ne vois pas… Mass Hysteria m’a pas mal marqué quand même…


Holophonics – Travel Diary From Inner Landscape
M & O Music
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Holophonics, une nouvelle maturité

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