Dans une époque où il est de plus en plus difficile de se forger un nom dans le monde de la musique dès lors que l'on est un talent émergent, tout semble pourtant sourire à Tyler Bryant, un texan de 26 ans dont vous allez de plus en plus entendre parler. Jugez plutôt, le jeune prodige a été tour à tour adoubé par Eric Clapton, Robben Ford et Jeff Beck avant de décrocher l'opportunité de jouer dans des stades en première partie d'AC/DC et de Guns N'Roses, excusez du peu ! Après la sortie de l'EP "The Wayside" en 2015, Tyler Bryant & The Shakedown a publié il y a quelques mois un album éponyme très convaincant et c'est à l'occasion d'une journée promo qu'il donnait pour ce nouvel opus que nous avons rencontré celui qui vient d'être nommé meilleur guitariste 2017, dans la catégorie blues, par les lecteurs de nos confrères de Music Radar. En guise de présentation, lorsqu'on lui dit que Guitariste.com s'adresse à des geeks de la guitare, le sympathique Tyler nous répond : "Je connais bien ce type d'individu, j'en vois un à chaque fois que je me regarde dans un miroir"! Voilà de quoi bien lancer la conversation en même temps qu'il nous dévoile deux jolies Strat !

Merci d'avoir ramené tes guitares pour l'interview Tyler. Commençons donc par parler de ces deux Fender. S'agit-il de tes guitares principales ?   

Tyler Bryant : En tournée oui, mais j'ai aussi des très bonnes vieilles Fender chez moi que je ne prends plus en tournée depuis que je m'en suis fait voler une. Ces deux Fender sont celles que j'utilise en tournée actuellement : une Stratocaster Custom Shop Relic blanche équipée d'un micro Telecaster en position manche, le Twisted Tele, et d'un humbucker en position chevalet ainsi qu'un sélecteur 3 positions comme sur une Telecaster. Je l'ai depuis quelques temps seulement. La Stratocaster rose est plus ancienne et il s'agit tout simplement de ma guitare principale depuis qu'on m'a volé il y a 6 ans une Strat de 1960, une année que j'apprécie particulièrement pour les Strat car j'adore les profils de manche de cette année et j'aime la touche en palissandre, la Custom Shop blanche étant d'ailleurs ma première guitare avec une touche en érable.  Cette Strat rose a une valeur très sentimentale à mes yeux car mes parents ont pris un crédit pour pouvoir me l'acheter et ils ont également eu l'aide financière d'amis à eux. J'ai gravé leurs noms avec un fer à souder sur le pickguard à l'intérieur de la guitare et elle a vraiment une valeur inestimable pour moi. Je suis un gros fan d'Elvis Presley et j'aime la couleur de la Cadillac Shell Pink qu'il avait offerte à sa mère, c'est pourquoi j'ai choisi cette couleur et j'ai modifié le micro simple en chevalet  pour y mettre un humbucker en lieu et place. C'est la configuration que j'aime : un double en chevalet et un simple en manche. Sur celle-ci, il ne s'agit pas d'un relic du Custom Shop, toute l'usure de cette guitare s'est faite naturellement en tournée (ndlr : il me montre une photo de l'état initial de la guitare... Elle a effectivement bien servi depuis!). C'est ma guitare favorite, j'ai tellement de souvenirs avec et j'y suis tellement attaché.  

Quels micros utilises-tu sur cette Strat rose ? 

Pour le manche je laisse en général le micro simple des Strat 1960. En chevalet, j'utilise le Shawbucker de Tim Shaw. Je ne sais pas grand chose des specs de ce micro à vrai dire, je l'ai essayé la première fois lorsque j'ai joué sur la Strat Elite HSS de Rebecca Lovell du groupe Larkin Poe. J'ai vraiment aimé le son de sa guitare et je savais que tout était d'origine. J'ai donc appelé Fender pour leur demander quel humbucker équipe les modèles HSS de leur série Elite et je leur ai demandé de m'en envoyer. Avant j'avais plutôt tendance à utiliser le Seymour Duncan JB (SH-4), mais au bout d'un moment  j'ai eu envie d'essayer quelque chose d'autre et j'ai même fini par rencontrer Tim Shaw, le créateur du Shawbucker et il en a installé un sur ma guitare. Mais je ne me prends pas trop la tête avec ça, tant qu'une guitare a six cordes je trouverai un moyen de la faire sonner ! C'est un peu comme cette fameuse histoire de Chet Atkins  lorsqu'un jour il jouait sur une guitare et que quelqu'un lui a dit : "cette guitare sonne merveilleusement bien" et qu'il s'est arrêté de jouer et a rétorqué : "comment sonne-t-elle maintenant ?" (le "how does it sound now?" de Chet Atkins est une phrase célèbre dans laquelle il voulait signifier que la qualité sonore d'un instrument réside dans le toucher d'un guitariste, de même que la qualité d'un enregistrement réside dans le savoir-faire de l'ingénieur du son et du producteur et non du matériel qu'il utilise).

Il est toujours étonnant de voir un mec de ta génération maitriser aussi bien les bases du blues et du rock n'roll. Vous êtes plusieurs comme ça, mais cela m'étonne de voir des gens nés au début des années 90 avoir à ce point le blues et le rock n'roll dans leur ADN. Comment expliques-tu cela ? 

Tout a commencé pour moi avec Elvis. J'ai vu une vidéo de lui, je ne suis même pas sûr qu'il jouait vraiment sur cette vidéo, mais j'ai tout de suite été pris de fascination pour sa guitare. J'ai aimé la forme de l'instrument et bien que pour Elvis la guitare tenait quelque part davantage de l'accessoire, cela lui donnait instantanément une allure vraiment cool dès qu'il la portait ! 

J'ai donc eu une guitare acoustique et j'ai commencé à me prendre pour Elvis. A force d'écouter la musique d'Elvis, j'ai commencé à me mettre réellement au rock n'roll et au blues, car à la base je n'avais aucune conscience d'écouter du rock n'roll ou du blues, pour moi j'écoutais juste du Elvis ! Je me suis pris pour Elvis pendant un bon moment, puis à l'âge de  11 ans j'ai fait une rencontre déterminante dans un magasin de musique en faisant la connaissance de Roosevelt Twitty, un véritable bluesman du Texas. 

C'est amusant que tu emploies le mot ADN dans ta question car j'ai littéralement fait tatouer le nom de Roosevelt Twitty sur mon bras de manière à ce que je puisse le voir lorsque je joue ! Roosevelt m'a tout appris. C'est lui qui m'a fait découvrir les albums de John Lee Hooker, B.B King, Albert King, Bobby Bland et tous les autres. Lorsque je l'ai rencontré, il m'a demandé si j'aimais le blues. Je lui ai répondu que je ne savais même pas ce qu'était le blues ! Il m'a répondu : "c'est ce que je suis en train de jouer!". Je lui ai dit : "j'aime le blues dans ce cas !". Il a donc décidé de m'apprendre le blues et il m'a donné un environnement pour que je puisse m'exprimer en essayant des choses où il n'y avait aucun problème à commettre des erreurs. Il me jouait des rythmiques basiques et il m'incitait à essayer de jouer des plans sur mes cordes aiguës et à oser tout ce qui me venait, peu importe que je commette des erreurs, que je ne sois plus dans la gamme ou autre. Il me disait de me tromper autant que je le voulais, mais d'essayer tout ce qui me venait à l'esprit au dessus de sa rythmique. A force de faire cet exercice, j’ai commencé à comprendre ce qui fonctionnait.

Roosevelt est devenu mon meilleur ami en grandissant. Il venait me chercher à l'école, nous étions tout le temps ensemble. La petite ville dans laquelle j'ai grandi au Texas était assez arriérée niveau mentalité, elle était clairement en retard sur notre époque. Il y avait encore de grosses tensions raciales. Le fait de voir ce vieil homme noir se lier d'amitié avec le jeune gamin blanc que j'étais et le voir lui transmettre la manière de jouer sa musique, cela a permis d'éradiquer le racisme de ma ville et d'unir les gens entre eux. J'ai vu cela se produire sous mes propres yeux et c'est pour cela que j'ai tatoué le nom de Roosevelt sur mon bras car cela va beaucoup plus loin que la musique, le fait de vendre des albums ou de jouer devant beaucoup de gens. Tout a commencé avec Roosevelt pour moi. Il est même devenu partie intégrante de ma famille et tout le monde le considèrait comme l'un des nôtres. Il a apporté le blues dans ma famille car mon père n'écoutait que de la country et ma mère que du gospel (ndlr : Tyler se met à enchainer quelques gros plans de chickenpicking en me disant qu'il adore également la country). J'étais donc fasciné par le blues et j'ai fini par réaliser que le rock n'roll venait de là. Lorsque j'ai entendu Big Mama Thornton, je me suis dit : "elle joue du Elvis ?". Puis j'ai réalisé que c'était en fait l'inverse, c'était Elvis qui jouait du Big Mama Thornton. Ma chance je pense a été d'apprendre tout cela dans le bon ordre. J'ai commencé par apprendre le blues puis seulement après le rock n'roll. 

Le truc cool est que tu n'es pas strictement vintage et vieille école. L'élément blues/rock n'roll est très présent mais ta musique possède également des aspects très actuels. Cet album éponyme est un bon équilibre entre des choses très organiques comme "Ramblin' Bones" ou des chansons plus modernes comme "Jealous Me". 

Cela a toujours été mon but ! Je me souviens même d'en avoir parlé avec Mr Twitty, à l'époque où je me suis mis à fond dans le rock n'roll, que je me suis laissé pousser les cheveux et que j'ai commencé à utiliser des amplis Marshall en lieu et place de mes petits amplis Fender. Mon projet était de jouer du rock n'roll, premièrement parce que j'aime ça et deuxièmement car c'est un bon moyen d'attirer des gens de mon âge aux concerts, de leur jouer également du blues au passage et de continuer de jouer ainsi et faire perdurer ce style de musique qui a changé ma vie. 

La plupart du temps, lorsque tu vas à un concert de blues, il n'y a quasiment que des personnes âgées dans le public. J'aime jouer pour des gens plus vieux que moi mais je veux également que des gens de mon âge puisse écouter ma musique et le rock n'roll est donc mon moyen de marier ces deux groupes d'âge. Le public de nos concerts est composé à la fois de jeunes filles et garçons, de personnes dans la trentaine et la quarantaine et de gens plus âgés. Il n'y a aucune limite d'âge dans les concerts des Shakedown !  

J'ai toujours souhaité en donner pour tout le monde avec ce groupe et c'est pour cela que l'on peut trouver un titre comme "Jealous Me" sur cet album. Rien qu'au niveau des paroles, je ne veux pas chanter des vieux textes blues cliché, du genre "j'attend que le train arrive". Non, je n'attends aucun train. Bon j'attendrai justement de prendre un train ce soir pour aller à Eindhoven mais ce train ne sera sans doute pas aussi cool que le train que les vieux bluesmen attendaient ! Le mien aura sans doute la clim, si tu vois ce que je veux dire. Cela serait vraiment cliché et passéiste pour moi de chanter des paroles typiques des classiques du blues. Je veux écrire des textes qui peuvent parler aux gens de ma génération et auxquels ils peuvent s'identifier. "Jealous Me" est une chanson qui parle d'un sentiment que je connais très bien tandis que "Ramblin' Bones" évoque notre style de vie à partir sans cesse en tournée. Cette dernière pourrait correspondre à un vieil album de blues, mais il y a des atmosphères et des sentiments différents sur cet album qui a clairement été conçu comme un album sorti en 2017. 

Tu as été adoubé par nombre de guitaristes prestigieux comme Eric Clapton, Robben Ford et Jeff Beck pour qui tu as assuré la première partie très jeune et tu as ouvert plus récemment pour AC/DC et Guns N'Roses. Comment gères-tu du haut de ton jeune âge des opportunités aussi massives que celles de jouer dans des stades avec AC/DC et Guns N'Roses, et même si les salles sont plus petites, assurer la première partie de Jeff Beck doit également être un sacré challenge n'est-ce pas ?

La tournée avec Jeff Beck a justement été l'expérience qui m'a rendu le plus nerveux, tout simplement parce qu'il s'agit du guitariste que je préfère ! J'ai eu la chance d'effectuer cinq tournées avec Jeff et de pouvoir monter sur scène pendant son set et jouer avec lui ! Je dis toujours, lorsque j'évoque ma première tournée avec Jeff, qu'au départ je me sentais un peu comme un poisson blessé, en train d'agoniser et que l'on aurait balancé dans une cuve où se trouvait un requin ! Et à la fin de la tournée j'avais l'impression d'être un professionnel de la plongée tellement j'étais en observation. 

Mais oui, c'est vraiment cool de recevoir des accolades de tes héros. Je me souviens parfaitement de quand Angus Young est venu me voir pour me dire qu'il adorait vraiment notre groupe. Notre première rencontre avec Axl Rose était mémorable aussi, lorsqu'il nous a dit : "c'est cool d'avoir un groupe de première partie que je n'ai pas à ignorer !" C'est un gros compliment je suppose ? Il a toujours été très sympa avec nous. Nous avons fait tellement de concerts avec AC/DC où Axl chantait, en plus des dates de Guns N'Roses. Nous l'avons d'ailleurs revu il n'y a pas longtemps lorsque GN'R jouait à Nashville. C'était cool de le revoir. Il chante mieux que jamais ! Nous avons rencontré Slash pour la première fois sur la date de Cincinnati. Il nous a dit qu'il écoutait souvent notre EP dans sa voiture et qu'il aimait notre manière de sonner et qu'il était heureux que nous ayons donné des concerts ensemble. Nous avons même eu la chance de voyager à bord de l'avion privé de Guns N'Roses, assurément une des expériences les plus cool de toute ma vie ! Mais Jeff Beck est l'un des plus cool avec qui j'ai tourné. Nous sommes devenus des amis proches et c'est génial pour moi de pouvoir être aussi près du génie qui est le sien et de pouvoir l'observer, voir comment il ne s'arrête jamais de jouer, toujours à penser à la la prochaine étape. Il ne stagne jamais dans son expression artistique. 

Cela serait facile pour nous de répéter sans cesse notre premier album, mais ce n'est pas la carrière que je souhaite. Je veux une carrière comme celle de Jeff, je veux pousser mes limites à chaque album. Tu vas rencontrer des gens qui vont aimer telle ou telle période de Jeff Beck. Il n'y a aucun problème avec le fait que certains ne comprennent pas l'évolution de Jeff à un certain moment de sa carrière, car s'ils aiment les albums précédents, ils existent et ils peuvent les écouter autant qu'ils veulent ! Puis tu vas entendre des gens dire qu'ils ont découvert Jeff Beck à telle époque et qu'ils ont suivi tout ce qu'il a fait depuis. C'est ce que j'aimerais que les fans fassent avec nous, qu'ils nous suivent tout au long de ce voyage.       

Tu utilises des sons fuzz très tranchants comme sur l'intro de "Heartland " par exemple. Comment obtiens-tu ces sons ?

Il s'agit effectivement de pédales fuzz mais j'aime y rajouter une gate par dessus pour obtenir ce son vraiment haché et tranchant. Je trouve que cela donne un son plutôt cool. J'aime énormément les pédales fuzz, j'ai une grosse boite remplie uniquement de fuzz, je dois en avoir une cinquantaine. J'aime expérimenter avec les fuzz en studio pour obtenir des sons différents et menaçants et comme d'autres guitaristes j'aime en avoir beaucoup car elles sont toutes très différentes. En tournée, j'en emmène deux ou trois avec moi. 

Le mec que j'ai dû voir avec le plus de fuzz en tournée, car il utilise pas moins de trois pedalboards, est Scott Holiday de Rival Sons...

On ne l'appelle pas le "Fuzz Lord" pour rien! Et très franchement il n'usurpe pas ce titre. Scott Holiday est littéralement le" Fuzz lord". Cela étant, je vais le pointer du doigt dans cette interview ! J'ai appelé Scott au téléphone il y a quelques temps car je voulais justement lui demander conseil concernant une pédale d'octave fuzz que je songeais à m'acheter et il m'a rétorqué direct : "je ne peux pas te dire celle que j'utilise, c'est mon secret, désolé je ne peux pas". Je ne lui demandais même pas quel était le modèle qu'il utilise, je voulais simplement lui demander conseil sur un modèle spécifique ! Je ne suis même pas intéressé par le fait de savoir ce qu'il utilise et je trouve ça assez comique qu'il ait cru que mon intention était de tenter de lui voler son son. Ce ne serait même pas possible de toute manière car il a une façon de jouer vraiment unique. Si tu me branchais sur son matos je ne sonnerais absolument pas comme lui.  

Quels sont tes modèles de fuzz favoris ? 

J'utilise généralement la Zvex Mastotron pour le son fuzz "gate" et j'utilise beaucoup la Jext Telez Dizzy Tone qui est partout sur le nouvel album. Il y a aussi la SM Fuzz de Scott McKeon que j'aime beaucoup et sinon j'emmène toujours en tournée mon overdrive favori qui est la Rodenburg GAS 820. 

Comment aimes-tu utiliser tes fuzz, davantage sur un ampli clean ou plutôt sur un son déjà saturé ?

Ca dépend et à vrai dire. J'utilise souvent mes fuzz en direct sans ampli pour avoir un son vraiment très sec en studio. En live, mon ampli tord à peine, mon son n'est pas vraiment clair, mais presque. 

Tu utilises du Marshall n'est-ce pas ? 

Oui j'utilise le 1959 SLP 100W, bien que je lui retire deux lampes et qu'il fonctionne donc comme un ampli 50W. C'est suffisant pour moi (ndlr : d'autant qu'il n'y a pas de contrôle de gain, mais seul un contrôle de volume sur cet ampli) même si lorsque nous jouons sur les plus grosses scènes, nous remettons toutes les lampes. J'y ajoute le SoloDallas Schaffer Tower (ndlr : une réplique du son obtenu par Angus Young à partir de la fin des 70's par son système sans fil) pour m'aider à faire tordre le Marshall et j'utilise également un Fender Vibro-King. 

Dernièrement, j'ai commencé à m'amuser un peu sur un Rockerverb 100 de Orange. Mes amplis sont tous sous tension et disponibles, j'aime avoir pas mal d'options à portée de main et dans certains cas nous voyons si nous devons utiliser un ampli plutôt qu'un autre. Par exemple, lorsque j'utilise ma guitare à résonateur, le Marshall ne lui convient pas très bien et je préfère utiliser le Fender dans ce cas précis. Certains soirs je ne me sers que du Fender, d'autres soirs que du Marshall ou d'autres encore, je peux mélanger le Marshall et le Orange, ça dépend des jours ! 

Le truc que j'aime vraiment avec le Rockerverb d'Orange que j'ai découvert récemment est que tu peux tenir une note pendant 10 minutes avec (rires). De plus, comme il a un contrôle de gain et un master volume, tu peux le faire à un volume relativement bas. Sinon j'ai également un ampli 100W de 3 Monkeys dans le style d'un ampli Hiwatt, vraiment très puissant et très clean. Lorsque je le branche dans un baffle avec des Celestion 75W, le son ne tord pas du tout. Mais ce n'est pas le type de haut-parleur que j'utilise dans mes baffles Marshall vintage. Je ne sais pas précisément quel modèle est monté dedans, mais ce sont des haut-parleurs qui saturent plus vite (ndlr : des G12M ou des G12H peut être?). 

Tu joues aux côtés de Graham Whitford, le fils de Brad Whitford (ndlr : guitariste d'Aerosmith). J'imagine que Brad a une collection de guitares impressionnante. Est-ce qu'il vous arrive parfois d'aller taper à sa porte pour lui en emprunter quelques unes ? 

Nous lui avons emprunté des guitares à deux reprises. La première fois c'était pour l'enregistrement de notre EP "The Wayside" (2015), j'avais besoin d'une guitare barytone et je lui ai demandé s'il en avait une. Il avait cette Telecaster barytone avec laquelle j'ai donc enregistré les titres "Loaded Dice & Buried Money" et "Stitch It Up" et à vrai dire, je ne lui ai jamais rendue ! Au bout d'un moment je lui ai dit : "au fait il faudrait que je pense à te rendre cette Telecaster" et il m'a dit que ce n'était pas la peine, que cette guitare m'appartenait désormais. Je pense qu'il ne l'a jamais vraiment jouée ni appréciée à vrai dire. 

Sur notre nouvel album, Graham a emprunté à son père une ES-335 12 cordes des années 60 pour jouer le couplet de "Heartland" et on la retrouve également sur le titre "Ramblin' Bones". Mais il s'agit des deux seules occasions où cela s'est produit. Graham tient à acheter ses propres guitares et à s'établir par lui même. Il n'a pas envie d'aller taper dans la collection de son père. Il a quelques bonnes guitares du coup mais pas autant qu'on pourrait le penser. Il veut gagner lui-même son argent et s'acheter ses guitares avec cet argent. Souvent s'il veut acquérir une nouvelle guitare, il doit en vendre une ou faire un échange. 

Mais je suis forcé de reconnaitre qu'au moment où Graham a intégré le groupe j'étais justement inquiet quant au fait qu'il puisse accepter de parcourir le monde entier dans un van étant donné qu'il a grandi avec le confort d'un groupe comme Aerosmith mais il m'a tout de suite rassuré en me disant qu'il voulait faire son propre chemin sans avoir à compter sur son père ou sur le groupe de son père. Il veut mériter d'avoir le confort d'un Tourbus, il veut mériter son argent. Le truc marrant c'est qu'il nous est arrivé quelques fois de nous retrouver sur la même affiche qu'Aerosmith, en festival par exemple. Cela a bien dû se produire à sept reprises environ. Lorsque Graham appelle Brad pour lui dire "hey papa tu sais quoi ? On joue le même jour que vous!", Brad n'est jamais au courant (rires) ! 

Interview de Tyler Bryant, guitariste/chanteur de Tyler Bryant & The Shakedown