Guitariste de jazz, Jean-Philippe Muvien s'appuie sur la formule du trio pour un premier album sous son nom, intitulé "Vive les jongleurs". A travers les reprises de standards, il rend hommage aux maîtres Coltrane, Sonny Rollins ou Duke Ellington. Les compositions venues du blues ou de la bossa couvrent avec réussite tous les tempos. Et vous pouvez partager tout cela sur son défi d'improvisation !

Guitariste : Quels ont été tes choix pour ce premier album ?

Jean-Philippe Muvien : J'hésitais à enregistrer un album de jazz acoustique, ou plus moderne avec des sonorités plus dures. Finalement, j'ai tenu à faire un clin d'œil à la tradition du jazz, à travers des reprises de standards comme Giant Steps de John Coltrane (avec François Chassagnite à la trompette), Cottontail de Duke Ellington ou encore Well you needn't de Thelonious Monk. Il y a aussi plusieurs compositions personnelles. Mais je voulais surtout proposer de belles mélodies, avec des thèmes intéressants. Faire un disque écoutable par beaucoup de gens. Pas une musique pour une élite.

Guitariste : L'improvisation a eu une place importante ?

Jean-Philippe Muvien : C'est en discutant en studio, lors de l'enregistrement l'an dernier à Antibes, qu'on s'est mis d'accord sur les morceaux de l'album. Chacun est venu avec ses idées, on a ouvert les magnétos et on a gardé la première prise à chaque fois. J'ai juste refait une guitare. C'est de la musique live, vivante, avec un peu d'improvisation tout en restant assez fidèle aux thèmes. Parmi les compositions, Jean-Robert est un blues en Fa, assez rapide. Le quatrième titre Rimcilse était une bossa-nova au départ.. Au moment de la jouer, en studio, on s'est dit que ça n'allait pas…finalement on l'a jouée en ballade très lente, et c'est bien mieux. Ofzohobor II est un titre écrit il y a une dizaine d'années, dont la structure est un peu compliquée, réarrangé pour donner la place à la trompette. Quant au titre Le puiné, c'est une ballade que j'ai l'habitude de jouer en concert.

Guitariste : D'où vient le titre Vive les jongleurs ?

Jean-Philippe Muvien : Il vient d'une ligne de basse qui donnait l'impression d'un mouvement répétitif, comme un balancier. On a commencé à jouer dessus, puis cette ligne est devenue un peu orientale, on a rajouté des accords…Finalement, la ligne de départ n'a plus grand chose à voir. Le nom est resté !

Guitariste : Sur quel matériel joues-tu ?

Jean-Philippe Muvien : Actuellement, je suis en discussion avec un luthier dont je ne peux pas dire le nom, pour être endorsé. Il me prépare une guitare pour différents projets jazz, avec une caisse de diamètre 16 pouces. J'ai déjà joué sur une Gibson Super 400 de 18 pouces avec un tirant de cordes en 13-56… trop dur pour moi ! Je préfère aux dimensions plus raisonnables.

Guitariste : Et côté cordes ?

Jean-Philippe Muvien : Je joue essentiellement avec des filets plats, sinon la corde ne sonne pas. Je préfère un tirant hybride, proportionnellement un peu plus gros dans les aigus que dans les graves. Cela permet d'avoir un gros son même en jouant dans les aigus, sans se tuer les doigts. J'ai fait l'erreur de ne jouer pendant longtemps qu'un gros tirant, 13-56. Le tout sans faire attention à ma position des mains et des coudes, alors que c'est mauvais pour le corps.

Guitariste : Tu as eu des problèmes de santé à cause de la posture ?

Jean-Philippe Muvien : Non, mais il faut faire attention. Plus le temps passe, plus il faut être vigilant. Les épaules bien dans l'axe, se tenir droit avec le dos bien appuyé contre la chaise. Cela permet d'éviter le mal au dos ou les cervicales qui tirent. Lorsqu'à longueur d'année, tu reste assis sur ta chaise en studio à attendre ton moment devant un orchestre d'une douzaine de musiciens, il faut savoir garder une position confortable.

Guitariste : Tu pratiques des exercices pour t'échauffer avant de jouer ?

Jean-Philippe Muvien : Toujours. Même sans la guitare. Je m'échauffe les mains, les poignets. Debout ou assis. Et en studio, même quand je ne joue pas, je reste toujours échauffé. Cela permet d'être prêt à jouer des plans parfois compliqués, et évite de rentrer chez soi courbaturé le soir.

Guitariste : Ton site Web est très original. C'était important, cette forme de visibilité via le web ?

Jean-Philippe Muvien : Oui. En fait, je me tiens pas mal informé, je consulte pas mal les sites web. D'ailleurs, ça permet de contacter les gens facilement, de gagner un temps fou. Internet m'a allongé les bras et raccourci le temps. Je fais tout par e-mail, je ne reçois quasiment plus de courrier postal…sauf les factures (rires). Pour mon site, je ne voulais pas d'une page perso avec des étoiles et des p'tits cœurs. J'avais demandé le prix pour un site, on m'a proposé un projet à 200 000 francs ! Finalement, j'ai travaillé avec de jeunes graphistes assez talentueux, chez Lunographe. On a pris une journée pour filmer les vidéos en studio, avec un fond bleu. C'est un site de guitariste, qui ne ressemble à aucun autre, et c'est ce que je voulais.

Guitariste : Tu nous propose un défi de guitare…

Jean-Philippe Muvien : Oui, j'ai fait une grille sur un anatole en Si bémol, avec une walking-bass. Mon conseil serait de prendre un risque sur le plan musical, pour arriver à se dépasser. Apprendre en travaillant sur le rythme. Penser à prendre une note et la distordre dans le temps. Prendre un plan et rajouter une note, ou en enlever une…il faut tenter, c'est ça qui est excitant dans la musique.

Guitariste : Quels sont tes projets à venir ?

Jean-Philippe Muvien : Des concerts viendront avec le trio au début 2004. J'espère faire un disque prochainement avec Daniel Humair, légende vivante de la batterie, mon ancien professeur et désormais ami. Je suis aussi sur un projet culturel lié à la commémoration de l'écrivain Julio Cortazar, autour du livre Marelle, qui donnera lieu à des concerts.

Pour en savoir plus

Le trio Jean-Philippe Muvien :
Jean-Philippe Muvien : guitare
Jean-Marc Jafet : basse
Yoann Serra : batterie

Invité : François Chassagnite (trompette)

En concert le 1er Novembre avec François Chassagnite à la trompette au Bar en biais, jazz club d'Antibes.

 

Jean-Philippe Muvien