Korn a complètement changé de cap pour son nouvel album The Paradigm Shift. Ou plutôt il revient à la normale après la parenthèse dubstep et le retour au bercail de Brian Head Welch. Dès que nous avons appris sa présence à Paris pour parler de l’actualité de son groupe de toujours, nous avons sauté sur l’occasion. En quelques minutes, nous voilà en sa compagnie dans un salon cosy d’un palace parisien.

J’ai remarqué quelque chose à propos de The Paradigm Shift… On dirait que vous n’auriez pas pu faire un disque plus différent du précédent. 1) Tu es de retour dans le groupe 2) Il n’y a pas (ou presque pas) de dubstep…
Brian Head Welch : (me coupant) Ah ouais tu dois parler de Never Never. Mais bon, je suis d’accord, ça ne fait pas comme sur le dernier opus.
 
Et donc 3) Vous sortez ce disque en totale indépendance, loin de votre label historique Roadrunner. Ca fait beaucoup pour un seul disque, non ?

B. H. W. : C’est clair ! Et pour moi tout est neuf aussi. C’est dingue. Mais ça me plait. Je suis partant pour toutes les nouvelles expériences.
 
Tu suivais l’actualité de Korn lorsque tu ne faisais plus partie du line-up ? Ils ont sorti quatre albums studio en ton absence, tout de même…
B. H. W. : Oui. Je les écoutais systématiquement à leur sortie. Mais je les écoutais un peu distraitement. Je n’étais pas obsessionnel comme lorsque je faisais partie du groupe. Il y avait certains titres que j’aimais bien et d’autres qui ne me plaisaient pas du tout. Mais je ne pouvais pas rester complètement à l’écart. Ces mecs sont mes amis et Korn était toujours mon groupe même si je n’en faisais plus partie.
 
Est-ce que cela t’arrivait de te dire : « Si j’avais fait partie du groupe, j’aurais fait ça ou ça différemment » ? Tu te projetais dans leur musique ?
B. H. W. : (long silence) Peut-être sur l’album Korn III Remember Who You Are car c’était un retour aux racines donc forcément je me sentais concerné. Des fois, je me disais qu’il aurait fallu arranger les idées différemment mais rien de majeur. Je ne suis pas rentré complètement dans l’album ; je l’ai juste écouté et j’ai continué à m’occuper de mes oignons.
 
Munky a récemment déclaré qu’il appréciait vraiment la façon dont ta manière de composer et la sienne allaient ensemble et se valorisaient mutuellement. Tu ressens la même chose à son égard ?
B. H. W. : Sans aucun doute. Il écrit des trucs que je trouve géniaux car ils sont atypiques. Pour ma part, je fais souvent les refrains et les trucs mélodiques. Il arrive à pondre les trucs totalement uniques qui font que Korn n’est pas un clone ou une redite de groupes existants. Il trouve les riffs qu’on associe à Korn. Moi c’est les trucs mélodiques, chantants et catchy. Ca va très bien ensemble en tout cas.
 
Tu as passé environ dix ans loin du groupe. Votre collaboration a-t-elle changé d’une quelconque façon durant ce temps ? Ou au contraire est-ce que les vieux réflexes sont revenus d’eux-mêmes ?
B. H. W. : C’est comme si je ne les avais jamais quittés. J’ai eu l’impression d’être parti deux ans au lieu de huit. C’était fou. Je suis heureux que les fans m’aient manqué. Je ne m’en rendais pas compte au départ.
 
The Paradigm Shift me fait un peu penser à Untouchables dans la manière d’utiliser les refrains de façon très mélodique. A l’époque Untouchables représentait le premier gros tournant dans la carrière de Korn. Tu étais le mec responsable de cette orientation un peu plus mélodique ?
B. H. W. : Sur chaque album de Korn, il y a généralement un de nous qui prend le lead. Sur Untouchables et par exemple le riff caractéristique de Here To Stay (il le chante) était de Fieldy, le refrain était de moi et le titre Alone I Break était l’œuvre de Jonathan et Munky… Thoughtless vient de Jonathan. Untouchables est donc un disque où tout le monde est venu apporter sa pierre à l’édifice. Pour The Paradigm Shift j’ai écrit environ huit des refrains et certains des riffs. Mais j’étais plutôt le mec des refrains, ce coup-ci (rires) !
 
Avec les albums précédents, Korn était devenu réellement un phénomène énorme qui dépassait largement la sphère des metalleux. Il vous fallait absolument passer un cap avec Untouchables ?
B. H. W. : Exactement. Nous avions vraiment envie d’essayer de nouvelles choses et d’expérimenter librement. Nous ne savions pas exactement ce que nous faisions mais tout s’est super bien imbriqué sans que nous ayons à réfléchir spécialement ou prendre du recul. Nous avons foncé et l’album fait partie de mes préférés à ce jour. A mon sens, nous avons perdu quelque chose juste après ce disque. Les gars ont rectifié le tir une fois que je suis parti. J’aime bien The Path of Totality par exemple.




Vous avez choisi de bosser avec Don Gilmore sur The Paradigm Shift mais quelque chose me dit que vous aviez aussi d’autres producteurs en tête. Qui par exemple ?
B. H. W. : Kevin Churko qui a fait les albums de Five Finger Death Punch et de In This Moment. Nous avons sérieusement pensé à bosser avec lui. Mike Elizondo aussi qui est le producteur des derniers Avenged Sevenfold et qui a aussi bosser avec Eminem. Il était notre premier choix mais il ne pouvait pas s’occuper de nous, son planning était déjà complet. Notre management voulait vraiment qu’on bosse avec lui. A titre personnel, je voulais absolument bosser avec Don Gilmore car Hybrid Theory de Linkin Park est juste hallucinant de qualité sonore. A l’époque de sa sortie, je l’écoutais en me disant que tout était absolument parfait. Les guitares et la basse étaient démentielles de puissance et les effets sur la voix étaient dingues. J’étais subjugué par ce travail minutieux de Don. Depuis lors, j’ai toujours eu envie de bosser avec lui et pour The Paradigm Shift cela a enfin pu se faire !
  
Korn – The Paradigm Shift
Caroline

www.korn.com
Korn - Paradigm Shift