L’ascension de Lacuna Coil s’est bâtie étape par étape mais s’impose aujourd’hui comme une évidence. Une évidence tellement claire que leur collaboration avec Don Gilmore – un producteur ayant bossé avec des pointures comme Linkin Park, Good Charlotte ou encore Avril Lavigne – semble tout ce qu’il y a de plus naturel. Avant d’embarquer pour une série de concerts qui les emmènera aux quatre coins du globe, l’avenant Andrea Ferro et la sexy Cristina Scabbia étaient de passage à Paris où nous avons pu évoquer avec eux leur nouveau statut.

Chaque nouvel album est un instantané de ce que les artistes ont traversé depuis leur dernier disque. Avec cela en tête comment dirais-tu que ta vie personnelle a affecté les chansons qui se trouvent sur Shallow Life ?

Cristina Scabbia : Nous existons depuis plus de dix ans, maintenant. Nous avons voyagé et rencontré plein de gens aux mentalités différentes, nous avons écouté des tonnes de chansons et de bandes originales de films, etc. Tout ceci nous a affecté durant cette période et bien entendu nous sommes encore en train de progresser et de mûrir en tant qu’artistes et qu’êtres humains. Je suis d’accord avec toi sur ta remarque et il me semble que nous mélangeons le tout sur Shallow Life qui représente indéniablement Lacuna Coil, version 2009.

Don Gilmore vous a-t-il aidé dans l’écriture ?
Andrea Ferro : Nous avons en fait composé des titres pendant six mois. Nous avons essayé d’écrire dans plein de styles différents et nous avons obtenu vingt-cinq chansons environ. Nous avons poussé le groupe à son maximum artistiquement et c’est vraiment une démarche nouvelle pour nous d’aller explorer plein de styles sans idée préconçue. Nous en avons sélectionné quinze ; celles qui étaient finalement les plus proches de Lacuna Coil. Ce n’est qu’alors que nous avons envoyé les chansons sous forme de démo à des producteurs. Don a été le plus enthousiaste sur ces démos. Il aimait la façon dont le chant avait évolué. Bien entendu, Don n’a pas eu d’influence sur ce premier jet. Mais une fois que nous avons commencé à bosser avec lui nous avons incorporé ses idées. Vocalement notamment il nous a poussés à bout, Cristina et moi, car il voulait que la prononciation soit parfaite et qu’un Américain ou un Anglais qui écoute la radio puisse comprendre ce que nous disions.

Vous n’aviez pas d’appréhension à travailler avec quelqu’un d’autre que votre producteur habituel, Waldemar Sorychta ?
Andrea Ferro : Même si Don n’a rien à prouver sur ses capacités dans ce rôle, un peu oui. Nous devions sortir de notre zone de confort. Après quatre albums réalisés avec la même personne, il était temps de le faire. Je crois qu’avec Karmacode nous étions arrivés au maximum avec cette formule. Waldemar Sorychta ne pouvait plus rien nous apporter et nous non plus. Nous voulions aussi sortir du giron des groupes de metal purs et durs comme Sentenced, Tiamat ou Moonspell avec qui il avait l’habitude de bosser.

Shallow Life est présenté comme un album conceptuel. Votre premier. Les thèmes centraux semblent être la célébrité et la superficialité. Est-ce que ces thèmes vous ont intéressé du fait des événements que vous avez vécu ces dernières années et votre exposition grandissante dans les médias ?
Cristina Scabbia : Shallow Life n’est pas tout à fait un album conceptuel. Nous n’aimons pas trop cela et nous n’avons pas changé la donne ce coup-ci. Toutefois, il y a clairement un lien qui relie les paroles entre elles. Ces dernières s’inspirent de la vie que nous menons. La superficialité dont nous parlons peut être vue comme quelque chose de détestable ou alors quelque chose qui permet de se relaxer un peu et de prendre de la hauteur. La superficialité n’est en effet pas toujours quelque chose de négatif. Parfois, en prenant les choses trop au sérieux, on peut faire encore plus de mal…
Andrea Ferro : Par certains côtés, nous tombons nous aussi dans cette « shallow life » mais de nombreux aspects sont exagérés. Il ne faut pas trop se prendre au sérieux et surtout prendre du recul sur soi… Après Karmacode, nous avons fait un break pendant six mois et un jour j’ai appris à la télévision que Luciano Pavarotti était mort. Ça m’a affecté. Non pas parce que j’étais fan ou parce que je m’intéressais à la musique classique mais parce qu’il s’agissait d’une icône qui semblait immortelle. J’avais grandi avec. Il avait toujours été là quelque part à côté. Sa mort m’a donné envie de réfléchir au sens de la vie. Je vieillis, les années passent et je suis le chanteur de Lacuna Coil depuis dix ans maintenant… Est-ce que j’ai encore envie de faire ça à 100% ? Enregistrer un nouvel album ? Partir en tournée mondiale et être loin de chez moi ? Je faisais une sorte de crise de la quarantaine avant l’heure (rires). En tout cas c’est à partir là que le thème de l’album a fleuri. Avec Don, nous avons appris que les paroles devaient s’inscrire dans un côté émotionnel et profond. Je m’explique : il faut chanter uniquement des choses qui nous importent, que l’on comprend et que l’on connaît. Ça ne sert à rien de chanter à propos d’un truc que j’ai vu à la télévision, par exemple la guerre. Ainsi sur Shallow Life, il y a des chansons sur le stress, l’amitié, etc, car ce sont des choses que nous connaissons bien.

Cristina, il y a dix ans, Lacuna Coil sortait son tout premier disque. Quels souvenirs gardes-tu de cette époque où le groupe avait un statut d’amateur et cherchait un label pour se lancer à l’assaut du monde ?
Cristina Scabbia : Je me souviens de tout comme si c’était hier. Nous étions vraiment immatures mais déjà aussi passionnés que nous le sommes aujourd’hui. Quand on se lance dans une aventure avec un groupe, on voit la signature avec un label comme une fin en soi. En fait, ce n’est que le début et le vrai travail commence alors. Je suis très reconnaissante de ce que ma vie m’a apporté même si je pense que pour au moins 80% ce n’est que le résultat du boulot immense que nous avons accompli.

Es-tu nostalgique de cette époque d’une certaine façon ? Tu regrettes quelque chose ?

Cristina Scabbia : Je pense que nous avons commis des erreurs pour arriver où nous sommes aujourd’hui. Mais c’est de cette manière que l’on apprend : en ne répétant pas les mêmes erreurs encore et encore. En tout cas je ne regrette rien.

Enfin, quels souvenirs gardez-vous de votre passage à Paris dans la salle mythique de l’Olympia ?
Cristina Scabbia : Je me rappelle que ce concert fut incroyablement bon. Nous nous sommes bien amusés et le public s’est complètement lâché. J’aime toujours jouer à Paris et ce concert était véritablement à part. Je vois encore le nom du groupe écrit en lettres énormes devant la salle. Ce fut un honneur que de jouer là-bas. Merci à tous les fans français, nous vous aimons !
Andrea Ferro : La salle de l’Olympia c’est vraiment un sacré endroit ! Je me demandais ce que je foutais là (rires) ! Après le concert, le « chef de l’Olympia » nous a donné une bouteille de champagne, ce qui ne nous était encore jamais arrivé ! Pour la première fois nous avions plein de matos sur cette tournée et la qualité s’en est ressentie. Plein de bonnes choses nous sont arrivées depuis la sortie de Karmacode qui restera quoi qu’il en soit un disque important pour nous.

Lacuna Coil – Shallow Life
Century Media
www.lacunacoil.it
Lacuna Coil : la superficialité, centre d'intérêt ?