Bien que Monster Magnet ait toujours eu du mal à percer en France, le groupe peut compter sur des fans fidèles et amateurs d’un stoner rock allumé. Dave Wyndorf, après avoir frôlé la mort durant les sessions de 4-Way Diablo, revient plus remonté que jamais avec Mastermind, un disque qui trouve dans son explosivité un étrange équilibre entre maturité et distorsion.

Tu sembles décrire Mastermind comme un album très direct et explosif. Pourtant, ce sont des adjectifs qui conviennent généralement bien à Monster Magnet dans son ensemble. Tu penses que certains de vos albums manquaient de punch par le passé ?
Dave Wyndorf : Parfois, oui. Je me rappelle au moment de Powertrip, je me suis dit que j'en avais marre de faire de disques dont je ne pouvais jouer que deux chansons en concert. J'adore faire des albums et j'adore me « perdre » en faisant des albums mais il faut quand même reconnaître que parfois j'écris des trucs qui ne passent pas bien sur scène. Certains albums sont faits pour être appréciés au casque et chez soi. Pas ailleurs. Du coup, parfois je me canalise et alors que certains morceaux auraient pu partir dans de sacrés délires, je garde les pieds sur terre et je les « dé-délire » (rires) ! Au lieu de faire des triple overdubs sur une seule piste de guitare, essayons déjà de maximiser l'impact de la ligne de gratte pour s'assurer qu'elle s'imbrique bien avec la basse. C'est comme ça que les groupes comme Led Zep fonctionnaient et ça leur réussissaient plutôt pas mal ! Je sais que Led Zep jouait énormément dans les stades et il leur fallait donc simplifier leur musique pour qu'elle prenne l'ampleur nécessaire au moment de l'interpréter. Quant à moi c'est une envie cyclique : jouer des chansons pour la scène. Mastermind s'inscrit dans cette tendance. Sur 4-Way Diablo, à cause des événements qui me sont arrivés, je n'étais pas très présent lors de l'enregistrement. J'ai donc repris du plaisir à reprendre place avec le producteur. 4-Way Diablo est un bon disque mais il aurait pu être plus fort.

Un point commun entre ces deux disques reste tout de même la variété de chansons proposées, même si cela est peut être un peu moins vrai en ce qui concerne Mastermind...
D. W. : La variété fait tout ! J'adore écouter les albums qui me font faire un tour. J'adore les albums dont on peut difficilement extraire des chansons préférées car tous les éléments sont importants. J'aime lorsque le tracklisting est bien pensé et que des effets intéressants peuvent être entendus entre deux morceaux.

C'est quelque chose que tu avais bien en tête pour Mastermind ou est-ce que c'est de l'ordre du ressenti global ?
D. W. : Oh oui c'est dur ! C'est un des aspects les plus funs mais aussi les plus casse-tête. Parfois, je pense à des chansons au moment de faire le tracklisting... « J'aurais écrire une ballade, là » ou « Le disque doit partir dans une autre direction là, merde » (rires). C'est marrant de commencer le disque avec deux titres très heavy et directs puis de mettre un morceau plus calme et surprenant. Là j'ai commencé avec un titre lent : Hallucination Bomb. Mais en utilisant ce titre à cet endroit là, je me donnais plus d'options pour la suite, je trouve. Ainsi, le morceau Mastermind représente un peu le sommet du disque car c'est un titre très intense (il beugle quelque chose d'incompréhensible et se marre).

Mastermind sort chez Napalm. C'est assez surprenant comme choix ! Comment avez-vous atterri là-bas suite aux problèmes financiers rencontrés par SPV ?

D. W. : Ça m'a surpris aussi ! C'est une période bizarre pour le music business. Les maisons de disques ne représentent plus les styles et la musique autant que par le passé. Napalm pense la même chose. OK, ils sont davantage connus pour leurs productions de metal extrême mais ce sont de bons gars, très sympathiques. SPV a disparu pour je ne sais quelle raison. Ils ont peut être fait faillite en pariant un peu trop à côté de leurs pompes... Napalm au contraire avait l'air bien dans ses pompes. Je ne voulais pas atterrir dans un gros label car on se fait oublier dans ces structures. En plus, Napalm est autrichien et les Autrichiens ça bosse dur (rires) !

Ton choix s'est fondé uniquement là-dessus ?!
D. W. : Pour être franc, je n'ai pas parlé à beaucoup d'autres labels. Ce qui m'intéressait était surtout de sortir l'album rapidement. J'ai obtenu des garanties de la part de Napalm qui me satisfaisaient donc je ne voyais pas vraiment l'intérêt de négocier ailleurs. Tu sais si jamais Mastermind est un succès, ce sera un succès sur lequel Napalm nous aura aidés. Si l'album ne marche pas ce sera aussi un peu la faute à Napalm mais fondamentalement c'est le groupe qui a la plus grande responsabilité. Il y a tant de façon d'écouter de la musique aujourd'hui que si les gens aiment, ça devrait se propager rapidement. Sinon, ça sera un échec. Dans les deux cas, Napalm n'y pourra pas grand chose. Enfin, reparlons-en dans un an. Peut-être qu'alors je pourrai te dire plein de saloperies sur Napalm mais pour le moment tout va bien (rires).



Un groupe comme Monster Magnet a-t-il vraiment besoin d’un label ? Soyons francs, il y a peu de chance que vous deveniez beaucoup plus populaires et peu de chance que vos fans vous lâchent…

D. W. : Nous aurions bien aimé sortir le disque par nous-mêmes mais nous manquions de cash. J’aurais pu le mettre en ligne, l’imprimer mais pas le promouvoir. Je ne suis pas riche. Je ne suis pas Nine Inch Nails (soupir). J’ai donc besoin de partager la responsabilité avec des gens comme Napalm. Mais j’espère toujours y arriver un jour. Tu sais il s’agit déjà de notre huitième – ou huitième et demi – album et je me demande toujours à quoi tient le succès d’un disque… Je pense que si je faisais tout moi-même je connaîtrais toutes les ficelles. En tout cas j’aurais plus d’éléments en ma possession car des fois on se demande vraiment ce que foutent les maisons de disques.

Il paraît que tu as quelques idées pour un ou plusieurs side projects. C’est vrai ? Et si oui, à quoi peut-on s’attendre ?
D. W. : Oui c’est vrai. Il y aura un groupe de rock psyché 60s dans l’esprit garage délire (rires). J’adore ça ! L’autre groupe est plus mystérieux… J’aimerai pouvoir m’appuyer sur différents chanteurs en fait car j’en ai marre de ma voix (rires) ! Je cherche avant tout des chanteuses. Si je trouve les bonnes personnes, je pense que ça fera de la bonne musique bien barrée !

Quels sont les groupes « à chanteuses » que tu aimes en ce moment ?
D. W. : (il réfléchit) The Sounds de Suède avec qui nous avons joué il n’y a pas si longtemps. Nico du Velvet Underground. The Knife aussi que j’adore et la chanteuse est incroyable, on dirait qu’elle est folle. Les Yeah Yeah Yeahs ou The Kills ! Il y en a plein, donc !


Monster Magnet - Mastermind
Napalm Records
www.monstermagnet.net
Monster Magnet, entre scène et studio