Evénement majeur de 2006, le quatrième album de Muse était attendu au tournant par une communauté de fans de plus en plus importante depuis la parution de Showbiz il y a déjà sept ans. Le nouvel opus, baptisé Black Holes & Revelations, va faire couler beaucoup d’encre car il marque une évolution nette par rapport à ces prédécesseurs.

Guitariste : Pour votre nouvel album, vous vous êtes rendus au Studio Miraval en France. Pourquoi avoir choisi cet endroit ?

Chris Wolsentholme : Chris Wolstenholme : Nous n’avons en réalité pas enregistré grand-chose là-bas mais nous y sommes tout de même restés environ six semaines. Nous y avons surtout bossé les arrangements de nos compositions. C’est un endroit plein de bonnes ondes puisqu’il s’agit du studio où Pink Floyd a fait The Wall. Le studio avait été fermé à un moment donné car le propriétaire ne voulait plus que des groupes enregistrent là-bas. Nous avons dû le forcer à le rouvrir car c’était exactement le type de studio ce que nous recherchions : un endroit perdu au milieu de nulle part où nous pouvions être concentrés à 100% sur la musique. C’est finalement assez rare à trouver car de plus en plus de groupes enregistrent chez eux et donc les studios où l’on peut vivre à temps plein ont tendance à disparaître. Je crois d’ailleurs que le Studio Miraval a de nouveau fermé après notre passage, ce qui est vraiment désolant. Nous avons donc été les derniers à enregistrer là-bas. C’est assez triste.


Guitariste : Les chansons étaient prêtes au moment où vous êtes arrivés au Studio Miraval ?

Chris Wolsentholme : C.W. : Pas toutes. Nous avions beaucoup répété et jammé durant l’été dernier. C’est à ce moment-là que les chansons ont commencé à prendre forme. Nous avions une vingtaine d’idées de chansons à ce stade. Tout était encore très basique, toutefois. En arrivant au Studio Miraval, nous avons commencé à parler de la direction artistique à prendre avec cet album. Par le passé, nous avons toujours enregistré et arrangé au même moment mais ça n’a jamais parfaitement fonctionné car nous perdions systématiquement un temps précieux d’enregistrement à essayer d’optimiser nos compositions. Cette fois-ci, nous voulions savoir exactement par avance où nous allions pour ne pas trop gamberger au moment d’enregistrer.

Guitariste : Bien que j’apprécie vos trois premiers albums, j’ai tout de même l’impression qu’ils se ressemblent fortement. Ce nouvel opus est quant à lui plutôt novateur et surtout extrêmement diversifié. Chaque chanson aurait à mon sens pu être le point de départ d’un album entier. Es-tu d’accord avec ces remarques ?

Chris Wolsentholme : C.W. : Oui et non. Je trouve que tous nos albums sont assez différents les uns des autres. Cela est particulièrement vrai entre Showbiz et Origin Of Symmetry. Absolution est peut-être semblable à Origin Of Symmetry, effectivement. Néanmoins je pense que malgré leurs différences, ils sont tous liés par le style du groupe. Je ne saurais pas exactement définir ce style mais je sais qu’il existe, c’est ce qui a permis aux gens de reconnaître notre musique et de l’associer au nom Muse. C’est également ce qui nous a permis de faire des choses variées mais toujours identifiables par notre public. En revanche, cet album est effectivement une grande évolution par rapport à ce que nous faisions jusque-là. Chaque morceau est différent : quand on passe à la piste suivante, on est forcément surpris par ce que l’on entend. C’était le challenge que nous nous étions imposés au moment de l’écriture : faire quelque chose de totalement différent de tout ce que nous avions sorti jusque-là.

Guitariste :
Matthew Bellamy, chanteur, guitariste et claviériste, était connu pour écrire la majorité de votre musique. Le groupe est maintenant crédité dans son ensemble. La plupart de vos chansons sont créées de manière collégiale. Néanmoins, sur les seules lignes de basse, est-ce que les deux autres musiciens ont leur mot à dire ? Ou est-ce qu’elles sont systématiquement de toi ?

Chris Wolsentholme : C.W. : Ca dépend des cas. L’idée qui sert de base à une chanson provient presque systématiquement de Matthew. Même si Dominic (ndlr : Dominic Howard, batteur de Muse) et moi pouvons dire notre mot sur son travail, pas mal de morceaux sont définitifs avant même que nous ayons pu exprimer notre opinion dessus. Parfois l’idée initiale de Matt est une ligne de basse et il est assez fréquent qu’il compose les lignes de basse lui-même. Il arrive aussi que je change ce qu’il propose complètement. Nous faisons là aussi nos choix en fonction de ce qui convient le mieux pour la chanson.
Il n’y a pas de problème d’égo au sein du groupe car, même si nous avons tous un instrument attitré, nous avons également une bonne connaissance des instruments des deux autres membres. Nous sommes tous capables d’améliorer des choses qui ne nous concernent pas directement en tant que musicien : Matt et moi pouvons faire des remarques très précises sur la façon dont la batterie devrait sonner alors que Dom et moi pouvons améliorer le son de guitare de Matt, etc. Nous prenons toujours ces remarques comme quelque chose de constructif et non pas comme des critiques. Cela nous permet d’avancer au mieux. Nous ne sommes finalement pas très intéressés par les parties individuelles car les gens vont nous juger sur le tout et sur la stricte qualité de la chanson.

Guitariste : Vous n’êtes jamais tentés par quelques passages de pure démonstration technique car il me semble que vous en avez tous les capacités (rires) ?

Chris Wolsentholme : C.W. : C’est effectivement agréable de pouvoir éblouir le public de temps en temps grâce à un solo de basse ahurissant (rires). Pourtant, je crois que le plus satisfaisant pour un musicien est de pouvoir écouter une chanson dont on soit fier et que l’on aime. Le fait qu’elle soit technique ou non est finalement sans grande importance.

Pour en savoir plus

La page de Muse chez Warner Music :
http://www.muse.mu

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Chris Wolenstholme dans le Guitare Live 19 :
http://www.guitare-live.com/magazine,numero,19.html

 

Chris Wolstenholme : Muse en pleine évolution