Ouh là ! Une chose est sûre, c'est que Palem se démène pour faire évoluer et grandir So Was the Sun ! Il ne manque pas une occasion ni d'ouvrir son réseau, ni de jouer, même seul, puisque son répertoire s'y prête comme il nous le raconte ici. Et cette énergie débordante, néanmoins bien canalisée me semble-t-il peut-être grâce à un entourage bien choisi, on la retrouve sur tous les fronts, aussi bien dans la direction qu'il veut donner à son groupe, que dans la manière d'y arriver, en sortant des sentiers battus, en allant au devant d'un public étranger, en essayant de nouvelles stratégies, en changeant de matos aussi, le tout étant de renouveler sa dynamique. Et puisque son truc serait d'immerger son auditoire dans un nouvel univers où chaque chanson serait des images, avis aux synesthètes, sortez vos pinceaux, "Plastic Gun Fight" vous promet une palette de couleurs toutes aussi enflammées ! Alors ça en déroutera certains car le spectre pourra passer du rock pur à une pop plus aérienne, mais c'est aussi ça vouloir être différent. Et puis les Beatles nous ont déjà fait le coup, non (ça, c'est pour le clin d'œil Palem !) ? A retrouver pour les Parisiens au Bus Palladium le 10 juin prochain. Save the date.

Quelle est la genèse du groupe ? So Was the Sun existe depuis 2009, mais a déjà plusieurs vies, non ?

Le groupe a une longue histoire ! On a connu plein de configurations, avec des musiciens d'horizons différents et ça a beaucoup nourri le projet. Mais l'idée est la même depuis le début : je suis à la base de So Was The Sun et j'intègre les musiciens dont j'ai besoin pour faire mûrir la musique. On est partis d'un son très noise et grunge, pour arriver aujourd'hui à quelque chose de plus mélodique et personnel. Il y a eu plus de cent concerts au total et des belles rencontres : Henri-Jean Debon (réal de Noir Désir), Dallas Frasca (des rockers fous d'Australie) ou encore Arnaud Bascuñana (qui a fait nos deux derniers disques).

Le mieux, c'est de l'écouter, on est tous d'accord, mais avec quels mots définiriez-vous votre musique ? Quelles sont vos influences ?

On fait de la pop nucléaire. C'est le terme qui nous va le mieux ! Ça veut dire qu'on peut faire des mélodies et ne pas se cantonner au rock, mais qu'on garde une énergie atomique pour jouer tout ça. Je viens de l'école des guitares bizarrement accordées, Sonic Youth en tête, et mes héros sont plutôt fin 90s/début 2000 : At The Drive-In, dEUS, les premiers Placebo, Queens Of The Stone Age. Ce sont tous des groupes qui ont pris la pop et l'ont trafiquée à leur manière. J'aimerais arriver à quelque chose d'aussi original qu'eux. Après, j'ai des grosses périodes Beatles et j'en finis jamais d'explorer la richesse de ce groupe.

Qui fait quoi ? Comment s'organise le travail de compo et de répétitions ?

J'enregistre presque quotidiennement des idées que me viennent, même si ça dure trente secondes et que je marmonne des conneries dessus. Ensuite, j'en tire des riffs ou des mélodies qui m'accrochent et je les joue en groupe pour écouter ce que les autres ont à proposer. Ça me stimule et ça me donne une meilleure vision de comment le morceau peut évoluer. Le plus cool à faire, c'est la structure, je m'éclate vraiment à organiser les parties. Le texte vient après, je laisse venir d'après un mot ou une phrase qui se dégage des essais qu'on fait ensemble. Les répétitions, c'est différent : je donne une place importante au travail sur le concert parce que c'est là que le lien avec le public se fait. Donc je veux que le spectacle soit rodé et que les morceaux percutent bien. 

Où et dans quelles conditions a été enregistré ce quatrième EP ?

On est retournés au Studio 180, comme pour le 2-titres précédent, et on a enregistré en quatre jours, sans stress ni compte à rebours. La batterie et la basse ont été enregistrées en live, sur l'avis d'Arnaud qui voulait capter notre énergie. J'ai mis une demi-journée à faire les guitares, ça m'a beaucoup appris. On a passé un jour sur les voix principales, un autre sur les chœurs. Il y avait toujours du temps pour bien faire les choses, donc on l'a pris et franchement, on y voit plus clair qu'en étant speed, contrairement aux disques d'avant. Bref, c'était la maison pendant deux week-ends.

Vous avez travaillé avec Arnaud Bascuñana (Deportivo, Luke, Wampas…) pour la seconde fois. Comment s'est fait cette rencontre, et surtout, que vous apporte-t-il ?

J'ai rencontré Arnaud par le biais du groupe dans lequel il joue, Cylew. J'ai découvert son travail de production et j'ai voulu que So Was The Sun fasse cette rencontre au niveau du son. J'ai une métaphore qui vaut ce qu'elle vaut : Arnaud c'est un prisme. La musique que tu lui apportes est forcément un peu étriquée, un peu renfermée sur elle-même, parce que tu as passé du temps dessus et que tu l'as rabâchée mille fois dans ton local. Et quand tu arrives en studio, elle passe à travers son travail et tout d'un coup, tu vois toutes les couleurs qu'elle peut prendre ! Je l'ai senti la première fois qu'on a bossé ensemble, et quand il était question de faire Plastic Gun Fight, je savais qu'il allait apporter l'espace et la puissance, mais aussi le coaching sur les harmonies vocales. Je savais aussi qu'il allait rassembler ces cinq chansons dans une vision d'ensemble. Il intervient vraiment comme un directeur artistique, toujours dans l'intérêt de la musique.

Côté guitares, amplis, effets, quel matériel a été utilisé ?

Jusqu'à présent je jouais sur des Telecasters un peu hors normes, la 72 Custom et la 72 Deluxe, parce que j'adore la forme et le son hybride, pas entièrement claquant-Fender. J'utilisais des pédales plutôt agressives de chez Proco Sound, Death By Audio ou Catalinbread. C'était jouissif mais pas très précis. Et à ce moment, Arnaud a bousculé mes habitudes. J'ai arrêté d'empiler les distos et j'apprends à donner du caractère à mon son tout en le simplifiant. Pour l'enregistrement, il m'a prêté sa Gibson Les Paul Junior de 1956, c'était complètement ce que je cherchais niveau chaleur de son et sustain… sans parler de l'objet historique ! Du coup j'ai acheté une Les Paul Junior quelques mois après, et je ne m'en sépare plus. Pareil pour les distos, je joue maintenant sur la Rattler de Jam Pedals, et de temps en temps sur la Black Star de Subdecay, importée par mon magasin favori, Guitars Addicts. J'utilise peu d'autres effets : whammy, delay, mais j'aimerais surtout bosser sur les réverbs. Mon ampli est un Fender Hot Rod.

Vos concerts se partagent principalement entre la région parisienne et la Picardie, dont tu es originaire Palem, mais vous avez participé au festival Unplugged au Danemark, et j'ai vu passer sur votre site une date à Londres également. Merveilleuses aventures certainement ! Vous voulez nous en parler ? Comment avez-vous été accueillis, aussi bien de la part des pros que du public ?

Comme je peux jouer le répertoire du groupe en guitare/voix tout seul, je prends ma guitare quand je voyage, autant que possible. Du coup, je profite des occasions qui se présentent, et ça m'a permis de faire quelques bars à Copenhague par exemple. Comme ils ont un réseau de musiques unplugged là-bas, j'ai été choisi pour participer à un festival d'été On a joué guitare/batterie, un peu fort mais les gens sont venus nous parler, ils sont curieux et contents que des musiciens se déplacent. Et ça, c'est ce qui se passe en général : il faut aller ailleurs, rencontrer le public, même si ça fout la trouille parfois. En Angleterre, pas moyen de se camoufler : il faut chanter distinctement, puisque je n'ai pas encore de chansons en français pour faire illusion ! Mais c'est toujours génial. Le public ne reste jamais indifférent tant que tu emmènes ton univers et que tu échanges avec lui.

Après la sortie de l'EP en novembre 2016 et votre concert au Bus Palladium à cette occasion, quels sont les actus et projets ? Quelle est la prochaine étape que vous aimeriez franchir ?

Il y a encore des concerts à venir, on retourne le 10 juin au Bus Palladium par exemple. Après j'ai hâte de passer à de nouvelles compos et je pense qu'on fera différemment aussi pour enregistrer et transmettre nos chansons. Je ne suis pas sûr de refaire des EPs ou des albums, c'est un format encore coûteux, pas toujours bien accueilli et de plus en plus ingrat à notre échelle. En plus, je vois que le rapport des gens à la musique a évolué vers une formule single que j'aimerais essayer. Et pour la suite, l'objectif c'est de faire des scènes encore plus dingues et de marquer le public. Grandir !

De qui, de quoi auriez-vous besoin pour le bon développement du groupe ? Avez-vous une équipe autour de vous pour vous aider dans les démarches et la communication ?

J'ai la chance d'avoir fait mûrir le groupe avec Céline, qui a plusieurs casquettes pour encadrer So Was The Sun. Elle m'a toujours guidé dans les bonnes directions, résultat on a ouvert pour Phil Campbell (Motorhead) en 2016 et ma façon de concevoir ce métier de musicien a beaucoup évolué grâce à elle. Céline travaille pour GoneProd, une boîte de prod que j'ai cofondée il y a longtemps et qui nous aide aussi sur le plan administratif. On a aussi des coups de pouce d'une attachée de presse et d'autres professionnels qui croient au projet. On doit juste continuer à travailler pour rendre le groupe complètement ouf sur scène et prêt à suivre une route qui lui est plus personnelle, parce que c'est une des choses les plus compliquées aujourd'hui. Beaucoup a déjà été fait par d'autres, c'est vite arrivé de marcher sur des chemins déjà balisés et de suivre une route que tout le monde suit. Se créer une voie qui correspond davantage à ce qu'on est, c'est le vrai défi.

Quel est, selon vous, l'élément essentiel qu'un groupe doit mettre en avant pour séduire ? Quel est votre "truc en plus" à vous, So Was the Sun !

Cette envie que le groupe soit différent, qu'il entraîne ailleurs. Ou alors notre truc serait les paysages qu'on peint avec notre musique. J'aime bien me dire que les chansons sont des images mentales, je veux que So Was The Sun puisse immerger quelqu'un dans un univers autant que le fait un jeu vidéo ou un film.

Pas de question, la voie est libre pour dire ce que vous voulez. En d'autres termes, quelle est la question que je n'ai pas posée et qui manque cruellement !

Ce sont de plus en plus les concerts qui permettent de sentir la musique, à cette époque de zapping et de trop-plein d'informations. Foncez dans vos salles et dans vos caves locales, il y a encore énormément à découvrir et à vivre devant une scène. On vit une période ultra-créative.

 

Dates de concerts

- 6 mai - Tremplin Du Bruit Dans Les Longères (Nogent-le-Rotrou)
- 10 juin Bus Palladium
- 24 juin - Summer Party Festival w/Romain Humeau (Maignelay)  
- 1er juillet - Woodrock (Urcel)

https://www.facebook.com/SoWasTheSun

https://www.youtube.com/user/SoWasTheSunTV

Cette rubrique est aussi la vôtre, alors n'hésitez pas à envoyer vos productions pour être interviewé par Maritta Calvez à maritta[a]guitariste.com (remplacez le [a] par @).

 

[Scène Ouverte] So Was the Sun - Plastic Gun Fight