Peu de guitaristes ont eu autant d’impact dans le metal extrême que Michael Amott. Néanmoins aujourd’hui le Suédois se fait de plus en plus plaisir en exprimant, sans aucune dissimulation, son jeu ancré dans le blues et le hard rock des années 70. Si cela reste aux stades de l’influence chez Arch Enemy, avec Spiritual Beggars, Amott prouve qu’il aurait pu être une star mondiale à l’époque des Rainbow, Whitesnake et autres Deep Purple. Return To Zero nous livre onze pistes qui respirent la sueur, la bière et la fumée : un rock authentique doublé d’un feeling guitaristique hors du commun. Entretien avec le plus âgé des deux frères Amott.

Comment êtes-vous rentrés en contact avec votre nouveau chanteur Apollo Papathanasio ? Est-ce que vous l’avez découvert à travers son groupe Firewind où officie également Gus G. ? Et enfin est-ce que le fait qu’il soit grec pose quelques problèmes « géographiques » ?
Michael Amott : En fait, pas du tout. Il est grec effectivement mais il habite en Suède. Je le connais en fait depuis longtemps car il habite dans la ville d’où je suis originaire. Il chante dans un groupe de reprises avec le batteur des Spiritual Beggars. Ils jouent du Deep Purple, Whitesnake, Black Sabbath, etc. C’est dans ce cadre que j’ai remarqué qu’il avait une voix assez bluesy. Et avec ce qu’il est capable de faire dans Firewind, on peut dire qu’il possède une voix assez variée.

Est-ce que vous vouliez absolument un profil similaire à celui de JB ?
M. A. : Non, ça nous était égal. Nous n’étions pas fixés non plus sur le fait que le chanteur soit déjà connu du public. Nous voulions plutôt une voix qui s’adapte bien à nos compositions. Bien entendu l’expérience d’Apollo Papathanasio a joué en sa faveur.

Return To Zero présente pas mal de morceaux relativement variés. Je trouve que cela change de certains albums du groupe. Est-ce que tu ressens cela aussi ?
M. A. : Je suis tout à fait d’accord. C’est notre album le plus varié et cela tient en grande partie au fait que j’ai eu cinq ans pour le composer (rires). Je suis passé par beaucoup de phases durant cette longue période (rires). En gros les chansons présentées ici sont celles que j’ai emmagasinées pendant cinq ans et que je n’ai pas utilisées pur Arch Enemy. Ca fait un album varié d’où il est difficile d’extraire un titre représentatif de l’ensemble.

Y a-t-il tout de même un lien entre ces titres ou est-ce simplement une compilation de bonnes chansons ?
M. A. : Le lien est qu’il s’agit bel et bien de Spiritual Beggars (rires). Même si quelques éléments sonnent de façon inédites, on retrouve bien les éléments caractéristiques de mon jeu, les claviers de Per, la batterie de Ludwig et la basse de Sharlee. Au niveau des paroles, j’ai réalisé une fois que tout était fini que beaucoup de textes parlaient de nouveaux départs, de secondes chances, etc. C’est pour cela que j’ai choisi ce titre, Return To Zero.

Il y a une chanson sur l’album, We Are Free, qui est un faux live. Vous avez eu cette idée en écoutant Type O Negative ?!
M. A. : J’ai écris ce morceau en voulant faire un hymne hard rock à reprendre en chœurs. Je me croyais en 1976 (rires). La musique est très simple et les paroles traitent de la communion qu’il peut y avoir entre un artiste et son public lors d’un concert. On est donc en plein dans le sujet !


A propos de concerts : tu sens une grosse différence lorsque tu te produis sur scène avec Arch Enemy par rapport aux Spiritual Beggars ? Le public n’est pas le même et leur façon d’exprimer leur joie varie aussi (rires)…
M. A. : C’est vrai. Que ce soit pour le public ou le groupe, il y a beaucoup d’adrénaline dans un show d’Arch Enemy. Chez Spiritual Beggars, c’est plus tranquille. C’est difficile parfois (rires). En effet, j’ai l’habitude de me mettre en transe avant de rentrer sur scène avec Arch Enemy et ce n’est pas nécessaire du tout pour Spiritual Beggars. Je dois surtout veiller à être relax. On s’y habitue.

Spirit Of The Night, certainement mon titre préféré de l’album, est un titre réellement calme. C’est assez surprenant comme chanson pour Spiritual Beggars. Comment est-ce qu’un titre comme celui-ci s’est retrouvé sur Return To Zero ?

M. A. : C’est vrai que c’est très différent. Je n’avais jamais rien écrit de semblable jusque-là. Tout est fondé sur ce petit riff de guitare qui parcourt l’ensemble du titre. Je pense qu’une lointaine influence pourrait être Ritchie Blackmore. J’ai eu du mal à expliquer au reste du groupe ce que j’attendais d’eux sur ce morceau. Je ne voulais pas une batterie traditionnelle mais plutôt une rythmique tribale ou un truc médiéval. Tu vois même avec toi j’ai du mal à l’expliquer (rires). Nous avons dû répéter ce morceau de nombreuses fois pour arriver à être en place et que les arrangements tombent bien. Je suis très content du résultat et ça fait également partie de mes morceaux préférés de Return To Zero. L’atmosphère est très particulière et le chant d’Apollo s’y fond à merveille.

Return To Zero présente à nouveau quelques soli de guitare d’exception. Est-ce très différent pour toi de trouver des soli pour Spiritual Beggars par rapport à Arch Enemy ? Car les derniers albums d’Arch Enemy présentent des parties instrumentales de plus en plus mélodiques et du coup la frontière devient floue (rires)…

M. A. : Tu as raison : il n’y a plus tant de différence que ça maintenant. Je crois que j’ai finalement trouvé ma « niche ». J’ai un style de hard rock traditionnel dans mon jeu lead. Je me permets simplement d’être encore plus blues sur les disques de Spiritual Beggars que sur ceux d’Arch Enemy. Sur Return To Zero on peut entendre ça sans équivoque sur Believe In Me ou encore Dead Weight. Leurs soli ne pourraient certainement pas voir le jour sur des titres d’Arch Enemy. Du moins, pas encore (rires). J’improvise beaucoup en studio. Les deux soli dont je viens de parler ont été improvisés tous les deux. Lost In Yesterday ou Star Born étaient pour leur part nettement plus « écrits » avec une mélodie bien précise en tête. Tout dépend. De toute manière je fais toujours plusieurs prises pour être sûr d’avoir un résultat à la hauteur de ce que j’espère (rires).


Spiritual Beggars – Return To Zero
InsideOut
www.myspace.com/spiritualbeggars
Spiritual Beggars, rock tradition