On ne sait jamais d’avance à quelle date va sortir l’album de l’année. Mais une fois qu’on tient la précieuse galette dans les mains, le suspense s’échappe comme l’air d’un ballon crevé. On se rappellera donc qu’en 2008, l’album le plus essentiel de l’année aura été mis en bacs le 22 septembre. C’est en effet ce jour que TV On The Radio a choisi pour rendre public son troisième opus, une œuvre complète qui met le groupe dans la peau du combo le plus créatif de New York, des Etats-Unis et du monde. Rien que ça.

TV On The Radio : Dear Science, l’album de l’année

On ne sait jamais d’avance à quelle date va sortir l’album de l’année. Mais une fois qu’on tient la précieuse galette dans les mains, le suspense s’échappe comme l’air d’un ballon crevé. On se rappellera donc qu’en 2008, l’album le plus essentiel de l’année aura été mis en bacs le 22 septembre. C’est en effet ce jour que TV On The Radio a choisi pour rendre public son troisième opus, une œuvre complète qui met le groupe dans la peau du combo le plus créatif de New York, des Etats-Unis et du monde. Rien que ça.
Par Nicolas Didier Barriac.

La progression fulgurante en qualité des opus du groupe laissait deviner que le successeur du très bon Return To Cookie Mountain serait un événement à ne pas prendre à la légère mais rien ne préparait aux chocs que s’évertue à perpétrer Dear Science. Les onze titres du disque sont de la trempe de ceux qui réorientent des pans entiers de la scène rock et montrent la voie à suivre pour les prochaines années comme le firent en leurs temps The Joshua Tree (U2), Definitely Maybe (Oasis), OK Computer (Radiohead), Is This It (The Strokes) ou encore l’album éponyme de Franz Ferdinand.

Et comme tout grand classique, il capte merveilleusement bien le climat ambiant. A travers des moments de douce mélancolie ("Stork & Owl", "Family Tree", "Love Dog"), des titres aux paroles empreintes de doutes et de peur mais aussi des passages musicaux extrêmement directs et enjoués ("Dancing Choose", "Golden Age", "Red Dress"), Dear Science ne parle de toute évidence pas d’une voix. Au lieu de cela, il multiplie les points de vue et les occasions de briller. Car, on a beau chercher, il n’y a rien à survoler au cours de ces cinquante minutes. Mieux, il réhabilite le funk et le hip-hop – certes à doses homéopathiques – dans le rock sans jamais verser dans les pires clichés. Rien que pour cet exploit, TV On The Radio mérite toute l’attention.

Néanmoins, le quintette sait offrir bien plus. Comme au cours de "Stork & Owl", le joyau de la couronne, où la mélodie texturée prend ni vu ni connu des airs de berceuse… Comme sur "Dancing Choose", dont l’extrême énergie vocale affichée dans les couplets contraste avec la douce tranquillité du refrain… Et partout ces cuivres qui résonnent et appuient des morceaux inclassables, picorant des idées à droite à gauche dans toutes les décennies depuis les années 60. La faculté de TV On The Radio à rester crédible en combinant des influences aussi variées que l’indus, le funk, la synth pop, le hop hip ou le rock alternatif relève d’un mystère scientifique. D’où le pied de nez du titre ?

Au milieu de tout cela, la guitare semble accessoire tant elle ne prend presque jamais le premier rôle, laissant cet honneur au chant, aux synthés et parfois aux cuivres. Mais cette démarche démontre avec un éclatant brio l’importance de l’effacement au profit de l’efficacité : en chargeant ses arrangements, Dear Science aurait rapidement paru lourd et aurait manqué sa cible. En l’état, elle l’atteint en plein mil et il faudra bien quelques années pour se lasser d’un opus capital de ce début de siècle.

Line-up :
Tunde Adebimpe (chant)
Kyp Malone (chant, guitares, basse, claviers)
David Andrew Sitek (programmation, guitares, basse, claviers)
Gerard A Smith (basse, claviers)
Jaleel Bunton (batterie, guitares, claviers, basse, programmation)

Discographie :
Desperate Youth, Blood Thirsty Babes (2004)
Return To Cookie Mountain (2006)
Dear Science (2008)

TV On The Radio – Dear Science
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http://www.tvontheradio.com

TV On The Radio : Dear Science, l’album de l’année