Alors qu’il a connu une phase très productive entre 1994 et 2000, Virgin Steele sort maintenant ses albums avec parcimonie. The Black Light Bacchanalia vient rompre quatre ans de silence et se présente comme seulement le second disque du groupe en dix ans. Et nous avons bien failli attendre quelques mois de plus, la faute à des difficultés météorologiques et techniques qui ont contraint le groupe de David DeFeis a enregistré les morceaux en un temps record. C’est justement avec la tête pensant des Américains que nous avons rendez-vous pour évoquer cet accouchement difficile mais aussi son rapport à la guitare, un instrument qu’il ne pratique pas mais qu’il comprend pourtant très bien.

Vous avez connu quelques soucis techniques en studio alors que The Black Light Bacchanalia était presque en boite. En effet, des orages vous ont fait perdre une grande partie de ce que vous aviez enregistré et vous avez été contraints de recommencer une bonne partie du boulot en seulement deux ou trois jours. Cela devait être un peu stressant, non ?
David DeFeis : Très stressant, oui. Le premier truc qui nous passe par la tête est l’engagement que nous devons tenir pour « livrer » cette musique à notre label. Tout à coup la marge de manœuvre s’est quelque peu réduite (rires) ! Mais après la panique initiale, nous nous sommes concentrés ce qu’il nous restait à faire. Y a-t-il des sauvegardes quelque part ? Il fallait que nous planifions exactement ce qu’il nous restait à accomplir.

La musique enregistrée dans ces conditions pour le moins pressée a-t-elle changé par rapport à la première version que vous aviez mise en boite ? Peut-être que ce sentiment d’urgence a joué…
D. DF. : Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour reproduire ce que nous avions déjà fait. Je tiens une sorte de cahier où je note tout donc ça m’a été bien utile (rires). Généralement je m’en servais quand je bossais sur un titre mais que je savais que l’album où il serait susceptible de paraître ne sortirait que dans quelque temps. Du coup, ça m’évite d’oublier le propos du titre et la façon de le jouer. C’est utile également pour les concerts. Mais là, j’ai trouvé une toute nouvelle utilisation ! Par contre, je pense qu’au niveau du chant il doit y avoir quelques différences.

Tu accordes une grande importance au feeling du moment, c’est donc assez naturel…
D. DF. : Exact. A chaque fois que j’ouvre ma bouche, je fais les choses différemment. J’essaie de garder le même phrasé mais le résultat final dépend beaucoup de ce que je ressens le jour même et cela change forcément tout le temps. Si on compare les deux versions de The Black Light Bacchanalia, je pense que les changements sont de l’ordre de ceux que l’on pourrait entendre en voyant Virgin Steele en concert trois jours de suite : il y aurait quelques particularités chaque soir mais l’esprit global serait identique. C’est dans ma nature d’improviser.

The Black Light Bacchanalia a incontestablement un son assez brut et vivant. C’est encore lié aux conditions d’enregistrement ou est-ce que c’était une idée que vous aviez en tête dès le départ ?
D. DF. : Nous avons passé l’été à donner des concerts. J’ai donc voulu recréer le son qui se dégageait du groupe dans ces conditions scéniques. Pour mes parties de chant, je n’ai pas utilisé de casque. Faire cela m’a aidé à passer en « mode live ».

Beaucoup de groupes tiennent ce discours et pourtant peu d’entre eux y arrivent vraiment dans les faits, à part les formations mythiques des années 70. Vous, au contraire, ça vous semble très facile. The Black Light Bacchanalia y parvient mais c’était déjà le cas sur de nombreux albums dans votre back catalogue. Quel est donc ton secret ?
D. DF. : (rires) Ce que je viens de dire en fait certainement partie même si ça se limite à mon chant. Pour les vocaux, il faut également savoir que je chante toujours l’ensemble du titre. Certains groupes chantent bout par bout et reconstituent l’ensemble plus tard. Je n’aime pas faire cela car ça manque souvent d’authenticité.

Les guitares sont très massives sur The Black Light Bacchanalia. Avez-vous eu recours à des sept-cordes ?

D. DF. : Tout à fait. Il y en a d’ailleurs beaucoup. Josh Block, notre guitariste, aime énormément les sept-cordes. Nous avons également utilisé de nouveaux amplis. Josh s’est fait faire des guitares sur mesure qui lui convenaient parfaitement. La combinaison de tout ça fait qu’effectivement les guitares dégagent beaucoup de puissance sur ce disque.

Est-ce que c’est toi qui écris les parties de guitare ?

D. DF. : Oui. Quand mon nom apparaît sur une chanson, j’ai tout écrit. Même les soli de guitare. Je ne fais pas partie de ces gens qui s’attribuent le boulot de ses collègues (rires). Beaucoup de gens pensent que dès qu’il n’y a pas de claviers dans une chanson, j’ai forcément passé la main à quelqu’un. C’est faux ! Je compose les parties de guitares aux claviers. Je suis un piètre guitariste même si j’ai déjà essayé par le passé de m’améliorer. J’arrive à penser comme un guitariste quand je compose pour cet instrument aux claviers. Je sais tout à fait ce qu’un guitariste est capable ou non de faire. J’adore cet instrument donc c’est toujours un plaisir pour moi que d’écrire pour mes guitaristes. Je conçois d’ailleurs mes lignes vocales comme un solo de guitare. C’est pour cela qu’il y a souvent autant de texte dans mes couplets et mes refrains. J’ai toujours voulu être une guitare humaine (rires).

Tu n’as jamais essayé de prendre des cours de guitares à un moment dans ta carrière ?
D. DF. : Si, j’ai voulu durant ma jeunesse. Mais j’ai été découragé par des professeurs un peu chiants. En plus, j’étais déjà très occupé avec le violon et le piano. J’ai voulu m’y remettre un peu plus tard mais sans grande conviction. Les claviers sont et resteront mon instrument. Je peux jouer un peu de basse aussi. Je l’ai fait pour nos derniers albums et c’est une expérience qui m’a bien plu.


Virgin Steele - The Black Light Bacchanalia
SPV
www.virgin-steele.com 
Virgin Steele, contre vents et marées