Bon alors... J'avoue m'être gratté la tête un bon moment avant de commencer à écrire les premières lignes de cet article. Je me suis longuement demandé comment parler de cet ampli mythique sans être d'une lourdeur infinie sachant que des milliers avant moi se sont livrés à cet exercice.

Voilà donc comment je vais procéder : si vous êtes d'accord, nous partirons du postulat que nous sommes en 1963 et que le Deluxe Reverb vient tout juste de sortir. Je serai donc le premier à en faire le test... Je remercie d'ailleurs mon ami Léo Fender pour ce privilège. J'en suis honoré ! 

- "Chérie on sonne à la porte !"  

- "Tu attendais de la visite ?" 

- "Oui ça doit être le livreur. J'attends un petit ampli que mon ami Léo m'a envoyé" 

- "Quoi ! Encore ? Je commence à en avoir assez de tous ces satanés amplis ! Et puis ton ami Léo... il serait temps qu'il se trouve un vrai métier." 

- "Bon écoute. On ne va pas repartir là-dessus. De toute façon on ne sera jamais d'accord..." 

- "Oui mais on est 1965 je te rappelle. Et toi tu vis encore comme si tu avais 20 ans...". 

- "Chérie ? On ne pourrait pas faire l'amour plutôt que la guerre ?" 

- "T'es d'un ringard des fois..." 

Allez !  Je m'arrête là. Back to 2017 ! J'avoue m'être un poil laissé emporter par ce sentiment de déjà vu (vécu ?) ...

UN PEU D'HISTOIRE SUR L'AMPLI

fender 65 deluxe reverb

A partir de 1959 (époque "Brownface & Blonde") Fender commence à intégrer des reverbs à ressort et des circuits de tremolo à ses amplis et très vite élimine définitivement les versions non équipées. Pour exemple, le Twin Amp tira sa révérence en 1963 au profit du Twin Reverb Amp. C'est aussi en 1963 qu'est venu le tour du Deluxe Amp de passer à la casserole pour devenir le Deluxe Reverb. C'est ainsi que débuta l'ère dite "Blackface". 

L'époque "Blackface" s'étire donc entre 1963 et 1967. Elle puise son nom dans le nouvel aspect cosmétique des amplis de la marque. Le noir devient la couleur dominante. Le tolex noir se substitue au marron. Le panneau de contrôle et les boutons eux aussi passent au noir. 

Tout comme son aïeul le Deluxe Amp, le Deluxe reverb ravissait les musiciens voulant profiter d'un ampli combo peu encombrant et assez puissant pour pouvoir jouer en groupe dans de petits clubs, tout en gardant du volume sous le pied. 

Au-delà de son aspect "pratique" , le Deluxe Reverb a très vite conquis ses contemporains qui ont vu en lui un incontournable des studios d'enregistrement. Qui l'a utilisé ? Euh... à peu près tous ! Enfin presque : Keith Richards, Neil Young, Georges Harrison, Eric Johnson, Muddy Waters, Robben Ford, Duane Allman, Johnny Marr, Joe Bonamassa pour ne citer qu'eux. 

Enfin, c'est en 1993, plus de dix ans après le retrait de son catalogue, que Fender sortit la réédition de cet ampli de légende.  

LES MAINS DANS LE CAMBOUI

Le Deluxe Reverb Reissue 65' est, comme son nom l'indique, la réédition de ce modèle phare de chez Fender. 

La différence majeure avec la version originale est que le "Reissue" voit ses composants soudés sur un circuit imprimé (PCB) là où à l'époque ils étaient assemblés à la main en "point à point".

Le circuit respecte malgré tout l'ampli original. Les plus gros changements proviennent du haut-parleur et du transformateur de sortie.

Côté caractéristiques pures, cet ampli délivre 22 watts (8 ohms) alimentés par une paire de 6v6 (lampes de puissance), une lampe 5AR4 pour la rectification, quatre 12AX7 pour la partie préamplificateur et l'oscillation du trémolo et enfin deux 12AT7 pour la reverb et l'inversion de phase. 

Le haut-parleur quant à lui est un Jensen C-12K (12 pouces) sous 8 ohms. 

Le panneau de contrôle présente deux canaux : un normal (sans effets) et un autre disposant des circuits de reverb et trémolo. Le second canal est plus brillant et plus boosté dans les aigus, même lorsque trémolo et reverb sont désactivés.

Chaque canal offre deux entrées (1 & 2). L'entrée 2 est atténuée de 6db, ce qui permet de faire cruncher l'ampli plus tôt en jouant sur le volume. Il se dit aussi que l'entrée 1 conviendrait davantage aux guitares équipées de micros simple bobinage alors que la seconde serait plus destinée aux humbuckers. 

Enfin, le petit bestiau pèse 20kg et présente les mensurations suivantes :  24 cm de profondeur, 62 cm de longueur et 44 cm de hauteur.

ET LE SON DANS TOUT CA ?

Pour ma part, j'adore vraiment cet ampli. Même si je n'en ai jamais possédé un, je l'ai utilisé un bon paquet de fois en répète et j'ai toujours apprécié sa clarté, sa dynamique et la qualité de sa reverb. 

Lorsque nous l'avons testé avec Christophe pour notre vidéo, nous avons été vraiment surpris par la puissance qu'il délivre malgré ses 22 watts.  

Le son clair est vraiment très beau, précis et flatteur. Les basses sont aussi très généreuses grâce à son haut-parleur de 12 pouces. Lorsque l'on enclenche la reverb, on est tout de suite bluffé. On se sent comme enveloppé, transporté par LE son si propre aux amplis Fender. 

Le tremolo est aussi de très bonne facture, même si à choisir je me dirigerais davantage vers certaines pédales qui font mieux le job à mon goût. 

C'est quand on s'aventure à pousser le volume pour aller chercher le crunch que les surprises arrivent. De mes souvenirs, cela commence à tordre vers 5  sur le potard de volume. Autant dire qu'on est déjà très fort. En appartement n'y comptez même pas...  

Autour de 6, le crunch est très agréable. Le son reste très chaud et toujours aussi précis. On est en plein dans le son blues/rock sans l'once d'un doute. 

En ce qui nous concerne, la claque est vraiment arrivée lorsque nous l'avons poussé à fond. La saturation est vraiment très grasse, à la limite du "fuzz". Les notes restent toutefois très audibles. Nous étions loin d'imaginer que le Deluxe Reverb pouvait aller aussi haut dans la saturation. Seul hic, il faut vraiment avoir les oreilles solides ou bien avoir déjà atteint un niveau de surdité avancé pour supporter un tel volume. 

ALORS ? IL VAUT QUOI CET AMPLI FENDER ?

Et bien il mérite amplement sa réputation !  

Les amoureux du son Fender y trouveront leur compte sans nul doute.

Il est aussi terriblement polyvalent. Le son clair est si beau, si chaud et si précis qu'il n'est pas obligatoire de se faire saigner les tympans pour obtenir un crunch riche et juteux. Une bonne pédale de boost ou d'overdrive saura le faire chanter à merveille. Pour notre démo, nous avons choisi de le coupler à une J.Rockett Archer. 

La reverb vaut vraiment le détour. Elle est très équilibrée du début à la fin de sa plage d'utilisation et elle saura flatter à merveille les harmonies de votre jeu. 

Allez... histoire de dire... un master volume aurait été le bienvenu, quitte à renier les origines de cet ampli, mais bon là j'exagère...  

Voilà ! J'espère notre démo vous convaincra ! Nous vous souhaitons au passage une excellente nouvelle année ! Qu'elle vous apporte amour, paix, argent, guitares, amplis, pédales et toutes ces autres choses qui font le bonheur des geeks que nous sommes.  

Fender 65 Reverb Deluxe Reissue