La marque Digitech s'était plutôt fait discrète ces dix dernières années se contentant de rééditions réussies (Dod) ou non (Whammy IV), parfois de quelques nouveautés éparses sans grand intérêt ou qui n'ont pas connu le succès escompté (IStomp). Mais depuis quelque temps, la marque semble être en regain de bonnes idées, comme la Whammy V ou le génial Trio. Cette fois, Digitech nous propose deux pédales bien pensées et très complètes : l'Obscura, un delay à tendance sale et la Ventura, une pédale de modulation 3-en-1 regroupant vibe, vibrato et rotary speaker. Pas mal du tout !

Digitech Obscura/Ventura
La marque Digitech s'était plutôt fait discrète ces dix dernières années se contentant de rééditions réussies (Dod) ou non (Whammy IV), parfois de quelques nouveautés éparses sans grand intérêt ou qui n'ont pas connu le succès escompté (I-Stomp). Mais depuis quelque temps, la marque semble être en regain de bonnes idées, comme la Whammy V ou le génial TRIO. Cette fois, Digitech nous propose deux pédales bien pensées et très complètes : l'Obscura, un delay à tendance sale et la Ventura, une pédale de modulation 3-en-1 regroupant vibe, vibrato et rotary speaker. Pas mal du tout !

Caractéristiques communes
L'Obscura et la Ventura sont deux jolies pédales numériques relativement compactes au vu de leur choix de sonorités. Toutes deux offrent la possibilité d'une utilisation mono ou stéréo,  fonctionnent avec sur adaptateur secteur 9v standard. Il n'y a toutefois pas de compartiment à pile. Elles sont fournies avec une petite plaque de velcro aux dimensions exactes de l'objet pour faciliter son intégration sur un pedalboard, ainsi qu'un accessoire sympa et bien pensé, appelé Stomplock™, qui est une petite pièce de caoutchouc noir se clippant sur les potentiomètres et empêchant le violent musicien de massacrer ses réglages d'un coup de pied hasardeux. Elles rappellent un peu le concept des pédales TC Electronic de la série Toneprint qui fut un grand carton, sans pour autant prendre l'air de pâles copies. A première vue, elles se targuent d'êtres très complètes, toutes deux comportant plusieurs modes et de nombreux ajustements possibles.

Obscura
L'Obscura est un delay proposant 4 modes : Analog, Tape, Lo Fi et Reverse. Chacun de ces modes est contrôlé par un potentiomètre de volume et deux potentiomètres concentriques. Celui de gauche contrôle le nombre de répétions de l'écho et sa durée. Celui de droite contrôle la tonalité (c'est en fait un filtre passe bas : on ne peut que couper les aigus et non les booster) ainsi que la dégradation du son. Cette fonction, appelée « degrade » n'a pas le même effet sur tous les modes, nous en parlerons plus tard. Un miniswitch en haut de la pédale laisse entendre ou non la queue de l'écho lorsqu'on désactive l'effet.

Notons tout d'abord deux fonctions assez utiles de l'Obscura. Toutes deux paraissent un peu alambiquées quant à leur manipulation, mais se révèlent en fait très pratiques.
   
- La fonction Tap Tempo est un peu complexe. Pour l'enclencher, il faut appuyer trois secondes sur le footswitch. Le potard « time » se divise alors en trois zones permettant de régler le delay déterminé au pied sur une valeur de noire, de noire pointée ou de croche.
- La fonction Hold permet de figer l'écho tel qu'il est à un instant précis, ce qui permet de continuer à jouer par dessus sans que le son direct soit traité. Pour déclencher le Hold, il faut dépasser le dernier quart du potentiomètre « repeats ». Pour le stopper, il faut donc revenir en deçà du dernier quart de la course. Si vous avez bien suivi, vous aurez compris que le maximum de répétitions s'obtient au trois quart de la course du potard, le dernier quart étant réservé au Hold. 

Voyons maintenant en détails les caractéristiques des 4 modes.

- Mode Analog : C'est une simulation des tout premiers circuits de delay analogiques BBD (Bucket Brigade Delay). La répétition infinie provoquera un vrai déchirement assez agressif de l'effet dans les aigus. Le potard « degrade »  ajoute de la saturation à l'effet.

- Mode Tape : C'est le gros point fort de la pédale. Cette simulation d'écho à bande est très réussie : chaude, veloutée, et l'on peut aller vraiment loin dans la création de textures bizarres avec les réglages de répétitions, tonalité et « degrade », qui dans le cas de ce mode Tape augmente l'effet « wow and flutter », sorte de déformation inhérente aux bandes usées et mélangeant vibrato, écrêtage des aigus et légère distorsion. On peut sans problème donner au son des couleurs de Mellotron. Vraiment top !

- Mode Lo-Fi : Il s'agit d'un délai 8bit. Il est somme toute assez similaire au mode Analog, mais avec un caractère un poil moins envahissant. Faisant un peu figure de doublon avec ce dernier, j'aurais préféré que la destruction soit plus drastique, genre 1bit !

- Mode Reverse : Enfin une pédale de delay avec un reverse vraiment utilisable ! Ici, le son direct est complètement coupé, vous n'entendrez que le son traité. En réglant un temps d'écho plutôt court, vous pourrez par exemple donner un effet reverse à ce que vous jouez tout en gardant le contrôle. Real time reverse, en quelque sorte ! Le potard « degrade » ajoute une saturation chaude de type « tape ».

En conclusion, ce n'est pas un delay ultra polyvalent dans les sens où vous ne trouverez pas d'effet transparent (dans l'esprit des Boss série DD ou TC 2290 par exemple) mais pour qui aime créer de textures bizarroïdes, planantes et complexes (avis aux fans de post-rock) ET contrôlables (moyennant un petit temps d'adaptation, c'est tout bon). C'est en effet une pédale qui présente plusieurs fonctionnalités qui ne sont pas accessibles au pied et qu'on aimera avoir si possible à portée de main. Le seul bémol, inhérent au caractère numérique de la pédale, est la coupure irrémédiable de l'effet lorsqu'on passe d'un mode à l'autre.


Ventura
La Ventura est conçue dans la même veine que l'Obscura, mais est dédiée à la modulation. Elle propose une simulation numérique de trois effets très prisés : vibe vintage (nos petits cerveaux de guitaristes penseront éternellement en premier lieu à Jimi Hendrix), vibrato  et rotary (simulation de cabine Leslie). Chaque mode, que l'on sélectionne via le miniswitch en haut de la pédale, se contrôle par des réglages de vitesse, profondeur, mix, tonalité (high cut) et drive (saturation qui agit en post, et qui est appliqué au sons dry et wet). Ces deux derniers paramètres se retrouvent sur un seul potard concentrique.

Pour les quatre modes, on peut faire varier la vitesse au pied, à l'instar des cabines Leslie : un appui long sur le switch augmentera la vitesse de l'effet à son maximum, jusqu'à ce qu'on le relâche.


- Mode Vintage : C'est une simulation de la fameuse Uni-Vibe. L'effet est joli, les réglages sont ultra complets, on oublie vite que la Ventura est un engin numérique. C'est une vibe plutôt discrète dans l'ensemble, peut être un peu trop, dans l'esprit de la Dunlop Rotovibe. Elle n'atteint pas les gros sons déphasés et « warble » à souhait de la Voodoo Lab Micro vibe, par exemple. Dans certains cas, j'ai trouvé l'effet un poil sombre :  les fréquences suraiguës charmantes que délivrent certaines pédales manquent. C'est plutôt une bon point si on utilise l'effet après une distorsion. Mais si on vise un son hendrixien (le « Star Splangerd Banner ») en plaçant l'effet avant une distorsion, le son risque de tourner au boueux. Le fait de pouvoir ajouter une distorsion à l'effet est un plus qui ne se retrouve pas sur les vibes habituelles.

- Mode Modern : Welcome back to the 90's ! On se retrouve dans le bain tout de suite... Ce type de modulation tenant un peu du chorus et de la Leslie a fait fureur il y a une vingtaine d'année chez les grunge-rockers. La notion « modern » en serait peut-être de ce fait complètement caduque... Rien à dire, l'effet est vraiment très réussi, à tout point de vue.

- Mode Rotary : Le son de haut parleur rotatif est assez compliqué à reproduire : il s'agit de l'effet Doppler : une variation de hauteur due à l'éloignement périodique du microphone par rapport à la source, et impliquant aussi une variation de phase et d'égalisation. Peu de pédales se targuent de proposer un effet rotary qui ne soit pas grossier. Ce n'est vraiment pas le cas ici, et j'ai été vraiment conquis par la richesse des détails délivrés par la Ventura dans ce dernier mode, notamment sur des vitesses très lentes.

En conclusion, la Ventura est un chouette outil pour qui voudra embarquer une pédale de modulation multifonctions compacte dans son pedalboard, qui ne soit ni un chorus ni un flanger. Le mode Vintage est un peu trop neutre et timide, mais c'est un avis personnel. Les deux autres modes sont bluffants de réalisme. Comme pour l'Obscura, on notera un petit défaut dû au caractère numérique de la pédale : lorsque l'effet est activé et que l'on passe d'un mode à l'autre, on entend une coupure du son qui peut s'avérer assez gênante en live.

 
Prix conseillés :
155€ pour l'Obscura
179€ pour la Ventura

Les plus :
- Le Stomplock fourni
- Les possibilités de réglage assez folles
- Le prix
- Les fonctions secondaires (Hold et Tap pour l'Obscura, la Rate pour la Ventura)

Les moins :
- Le mode Vintage de la Ventura, un peu timide
- Les modes Lo-Fi et Analog de l'Obscura se ressemblent un peu
- Les coupures de son lors du changement de mode

Digitech Obscura et Ventura