"Atteeeeends... Fredamp, vouiiii ça me dit quelque chose, vaguemeeeent..." Allez vaz-y fais pas ton mytho. Si tu écumes les forums de gratte francophones depuis quelques années au moins, tu n'as pas pu ne pas entendre parler de Frédéric Boy, un gars qui fabrique du matos dans son atelier à la maison, et qui ne cesse de monter en notoriété avec ses petites boîtes pleines de lampes, de gros son analogique et d'options custom à la demande du client. En plus de proposer des répliques format pédale ou rack de machines légendaires, il enrichit progressivement sa gamme d'outils comme un simulateur de HP analogique ou bien... un multi-effets/préampli, ce fameux #1969 que nous allons tester ici.

Le #1969 appartient à une mode récente de produits tout-en-un permettant de balader un son de qualité dans un format ultra-portable sans sacrifier au tout numérique, voire à la modélisation. Et si les produits de Carl Martin ou Tech21 (entre autres) ont inspiré bien d'autres fabricants sur ce marché, Fred est à ma connaissance le premier à proposer ce format avec un préampli tout lampes, une implémentation MIDI plutôt riche et une possibilité de customiser à la commande  !

Tour de Boutique

Alors déjà pour commencer je vais pas te parler du packaging ou quoi que ce soit. Fredamp, c'est du vrai roulé sous les aisselles dans le garage, on ne te fait pas payer la machine pour un joli emballage ou des accessoires... Un carton, un plastique, le transfo kivabien, et roule !

La machine inspire confiance et respire l'artisanal à plein nez. Ça pèse bien son poids, tôle pliée oblige, avec un joli tolex posé et découpé main et une plaque frontale gravée. Je ne suis pas sûr que le tolex tiendra dix ans, par contre le reste me semble indestructible. On me glisse dans l'oreillette que les exemplaires suivants recevront également un arceau pour protéger les boutons des coups de pied intempestifs, ce qui est une bonne idée vu la délicatesse de certains. Oui je parle pour toi Kurdt. Oui, tu es un bourrin. Allez, va boire une bière et arrête de grogner. Rhalala ces deatheux suédois... où en étais-je ?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'espace est utilisé ! Chaque centimètre de la façade est bardé de boutons, et la face arrière compte autant de connectiques qu'il est possible d'en mettre. A en croire les images glanées sur le Facebook du constructeur, l'intérieur est à l'avenant, et on y constate l'aspect complètement custom de la chose avec un agencement en modules, qu'on peut donc imaginer interchangeables sur demande. 

Le revers de la médaille est bien entendu que visuellement, il faut un temps d'adaptation avant de comprendre l'architecture, l'organisation des connectiques et des contrôles obéissant à l'impératif de place. 

21 boutons, 4 switches, 6 footswitches et 10 connecteurs... y a encore la place pour les circuits ?

Au doigt et au doigt

Un des points intéressants du 1969 par rapport à d'autres appareils de sa catégorie est sa programmabilité. Un bouton preset estampillé "?" permet de rappeler à loisir une configuration de footswitches mémorisée. A noter qu’ il vous faudra préciser à la commande de votre exemplaire le détail de ce qui est contrôlable et comment. Sur mon exemplaire de test, le Delay et la Reverb ne sont pas programmables sur le preset.

Plus intéressant encore (à mon avis), l'implémentation MIDI particulière du 1969, qui permet de rappeler n'importe quelle combinaison de presets selon une grille de correspondance de Program Change fournie par le fabricant. Cela va exiger bien entendu un pédalier de contrôle qui gère le "mapping" (c'est-à-dire, par exemple, être capable d'envoyer le message Program Change n°23 avec le footswitch de preset 2) mais cela constitue un avantage certain dans l'intégration potentielle du bouzin dans une configuration plus complexe.

Enfin, les footswitches Clean/Crunch Et Preset envoient des messages de Program Change fixes via la sortie MIDI out, ce qui signifie que vous pouvez associer un effet MIDI à votre système sans ajouter de pédalier de contrôle, pour peu que vous n'ayez pas besoin de plus de 3 presets.

Hashtag ça sonne ?

"Oui, non parce que bon, les chiffres, programmes machin truc bidule t'es gentil mec mais moi j'ai acheté une Fredamp parce que le tolex est assorti à mes tiags. J’veux de la bière, de la sueur et du gros son".

 OK, OK, je savais pas que Kurdt  avait un copain redneck, je vais me la jouer fine moi...

Bon, on va pas y aller par quatre chemins, ouaip ça sonne. Grave même. 

 - Les deux canaux du préampli sont très chaleureux, avec un grain à la fois très ouvert et soyeux sur le canal clean, clairement Fenderien, qui va jusqu'à un drive un peu brouillon et fuzzy mais pas inintéressant et un canal saturé British qui a beaucoup d'épaisseur sans toutefois être jamais pâteux, avec des crunchs très très musicaux. Ca sent bien la lampe à plein nez !

 - Le buffer, après quelques tests, me paraît indispensable en "always on", tous les canaux sonnent mieux, avec un petit truc en plus sur les attaques rappelant tous les buff/boost façon Echoplex

 - La "pédale de disto"  Hot Scream va suffisamment loin pour lâcher les chiens, tant en boost sur le crunch, qu'en pure disto sur le clean, avec un tone musical et un niveau de gain qui permet largement d'aller taquiner le hard-rock velu.

 - Le module de reverb Belton me surprend avec un effet "plate" ample et très musical, bien loin d'une reverb à ressort limitée ou d'une numérique trop froide .

 - Le Delay quant à lui inspiré du schéma bien connu de la "Deep Blue Delay", soit un bon effet analogique toujours propre et musical, avec des temps de délai maxi assez longs pour couvrir pas mal de situations. Je l'apprécie beaucoup en slapback, un peu moins pour des délais longs d'ambiance mais c'est une affaire de goût. 

 - Le Cab Sim est quant à lui bon sans plus à mes oreilles, pouvant servir pour s'exercer ou maquetter, mais cela reste une version archi simplifiée du Fredamp FAC qui donnera bien entendu de meilleurs résultats !

Attention, pour trouver votre son, prévoyez de passer un peu de temps sur l'équilibrage des volumes, assez sensible et interagissant avec les gains, tout comme le Stacking de la hot scream sur les canaux de préampli qui grossit l'impression générale de volume. 

Les extraits ont été enregistrés dans Cubase sans post-traitement . Le canal gauche est une prise micro au moyen d'un T-Bone MB75 sur un haut-parleur VHT Chromeback, le canal droit est une prise via la sortie "CAB SIM". La carte son est une Steinberg UR22, la guitare une Lag Rockline Custom montée en HSH Seymour Duncan (Perpetual Burn, SSL-5, Alnico II Pro) 

En plus les lampes rétro-éclairées, ça sonne mieux. Vivi.

CONCLUSION

La #1969, c'est pour moi un résumé à elle seule de la philosophie de Fredamp : le son avant tout, l'ergonomie autant que possible, les options et fonctions on en discute client par client, et tout ce qui est marketing packaging et consorts... on s'en tape. A 890€ le morceau, ce n'est ni pour toutes les bourses ni pour tous les publics, mais le gros son et l'authenticité sont à ce prix tout à fait justifié !

Et puis ce sont Kurdt et Wilson qui le disent. Et ils me menacent avec une grosse hache. Aidez moi....

LES PLUS

 - Son qui sent bon la lampe !
 - Cohérence de qualité des modules
 - Customisable à la demande
 - Encombrement optimisé
 - Made in France, Cocorico !

LES MOINS

 - Finition tolex potentiellement fragile
 - Architecture (visuel, presets et MIDI) pas forcément intuitive  

Multi-effet Fredamp #1969