Plus connue des guitaristes que des bassistes, la marque anglaise Laney, présente la ligne d'amplis basse "Nexus". Il est vrai que quand on pense Laney en tant que bassiste, ce qui nous vient en tête, c'est ampli "d'entrée de gamme". Voyons donc ce qu'il en est de la série Nexus.

Découverte de l'ampli Laney Nexus

N'ayant voulu me spoiler aucun plaisir (ou déception) ou en tout cas, dans un désir de rester le plus objectif possible, je n'ai fait aucune recherche préalable quant à ces amplis. En sortant la tête Nexus-SLS et le combo Nexus-SLS-112 de leur carton, la première chose qui saute aux yeux c'est, à mon goût, la classe de ces amplis. De la couleur juste ce qu'il faut, tout en restant dans une élégante sobriété. Ce n'est certes pas l'aspect le plus important, mais ça fait tout de même plaisir ! La deuxième chose qui m'interpelle, c'est le nombre le boutons et de connections ! Moi qui suis habitué au volume, grave, médium, aiguë, de mon Bassman, je sens que la notice ne va pas être superflue. Il y a des noms de boutons que j'ai jamais vus de ma vie et même une prise USB. Il semblerait qu'en face de moi se trouvent des amplis pour bassistes 2.0.

Quant à la taille et au poids, on se retrouve dans des petits formats avec un poids de 4,5 kg pour la tête et 19,5 kg pour le combo.

Un ampli basse bien pensé

Lors du branchement, le logo Nexus s'allume en bleu, et l'indicateur de la lampe du préampli (une ECC83) clignote, signalant que celle-ci est en chauffe ; Lorsque la LED s'allume pour de bon, le son arrive. Ces amplis sont pourvus de deux entrés, un Hi (pour les instruments avec une sortie puissante, genre basses actives) et une Low (plus conçue pour les basses passives). Ensuite dans l'ordre, on trouve un bouton de Gain avec une petite LED qui indique lorsque le le preamp peak et donc apporte un peu plus de "grain" voire de saturation quand celui-ci est poussé au maximum. Ce même bouton une fois tiré, active le compresseur de l'ampli. On poursuit avec un bouton 4 positions désignant 4 types de forme d'EQ. Celui-ci est par défaut inactif, sur la position "flat". Lorsqu'on sélectionne une des courbes, une petite LED verte s'active. On peut ainsi choisir entre 3 types de preset d'EQ. On trouve ensuite un classique, bass, médium (avec un "Sweep" paramétrique pour choisir sa fréquence entre 100 et 5k Hz), un aiguë puis un volume général. Les deux réglages suivants ont pour nom "Tilt" et "Touch". Ce sont deux filtres agissant sur le son global, l'un de manière radicale et l'autre de manière beaucoup plus subtile. A l'étage du haut, on trouve trois réglages concernant des effets intégrés. Le premier "Space" donne le choix entre une reverb et un chorus et permet de doser le mix entre l'effet et le son clair. Le deuxième "Interval" permet de choisir entre avoir le son d'une octave inférieure ou une quinte supérieure. Encore une fois, une petite LED indique que les effets sont enclenchés. Le troisième bouton "Focus" agit comme un bouton de tonalité sur l'octave ou la quinte. Voilà pour la face avant. On peut dire que cet ampli est des plus complets…

La face arrière est elle aussi super fournie. On y retrouve l'entrée secteur et le switch on/off, une sortie HP avec un petit sélecteur permettant de choisir entre 8 ou 4 Ohm selon l'enceinte, mais aussi une DI avec des switchs ground lift et pre/post/output, ainsi qu'un niveau de signal pour la DI, une sotie accordeur et une boucle d'effets. Jusqu'ici on est dans du standard… Il y a également une entrée auxiliaire mini jack pour brancher un playback, un niveau pour celui-ci, et pour aller avec, une sortie casque avec son niveau. C'est moins courant mais c'est une option qu'on trouve sur certains amplis et surtout c'est très pratique pour bosser dans les loges des morceaux de dernière minute ! Une prise 5 broches est présente pour pouvoir brancher une pédale permettant de contrôler certains paramètres.
Là où Laney décide d'aller plus loin c'est que cette série d'amplis est pourvue d'une prise USB permettant ainsi d'utiliser l'ampli en mode "carte son". Compatible PC et MAC pour fonctionner avec les programme type Pro Tools ou Garage Band,… Selon les goûts… Mais aussi sur IPad. Cette sortie/entrée USB permet d'enregistrer deux pistes à chaque prise : une sans traitement (le son de la basse direct) et une via les réglages de l'ampli. Le petit plus c'est la prise "Re Amp Send". Si vous n'êtes pas content de la prise traitée, que finalement c'est pas le son qu'il fallait pour entrer correctement dans le mix pas de panique ! Il suffit de renvoyer la piste avec le son de basse en direct, relier la sortie Re Amp Send à l'input de son choix, et on recommence le traitement du son sans avoir à tout rejouer.

Capacités Sonores du Laney Nexus SLS

Bon voilà après avoir lu la notice deux fois pour être sûr de ne passer à coté d'aucun détail, je commence, enfin, à écouter comment sonne cet ampli. J'ai branché la tête sur un 4x10 Bassman Fender et j'ai bien sûr fait le test du combo avec son propre HP. Le compresseur est discret mais efficace, il fait son job sans dénaturer le son. Parfois, les compresseur inclus dans un ampli sont un échec, pour le coup je trouve celui-là réussi. En poussant le gain, on arrive à une disto. Par contre le threshold du compresseur étant défini par le bouton du gain, il faudra choisir entre la disto ou la compression…

Pour l'instant restons dans les standards, l'EQ fonctionne plutôt pas mal et permet de sculpter le son assez facilement selon le style, la basse ou l'enceinte utilisé. Même tout à 0 ça sonne plutôt pas mal. Les réglages sont efficaces et restent musicaux. On retrouve vite ses marques lorsqu'on est habitué aux amplis plus traditionnels.

Remettons tout à 0 et voyons ce qui se passe quand on taquine les boutons "Shape", "Tilt" et "Touch".
Grace aux 3 presets de la fonction "Touch" on peut déjà modeler le son de basse de manière radicale en creusant plus ou moins ou en favorisant les médiums. Encore une fois tout dépend du style, de la basse, du jeu… Mais on s'y retrouve facilement.

Le bouton "Tilt" en position centrale n'est pas actif, par contre dés qu'on le bouge un peu, la différence est flagrante : vers la droite, il favorise les fréquences médium et aiguës tout en coupant les graves, rendant le son de basse tout maigre mais précis et agressif. Vers la gauche, faisant l'inverse, il rend le son super boomy et imprécis. Sur le coup je me suis posé la question de l'utilité de ce réglage qui à mon goût ne servait qu'à gâcher le joli son que l'on venait de faire. Puis j'ai repensé à plusieurs configurations en live où soit les basses prenaient trop de place, ou inversement il n'y avait pas de bas et le son était tout sec. Du coup on est obligé de se baisser et on ne s'entend plus, ou alors de se monter avec un son qui casse les oreilles. Et bien ce bouton, correctement dosé, peu palier à ces aléas acoustiques et ainsi rééquilibrer la balance son/volume sur scène, finalement bien utile !

Le dernier réglage "Touch" agit aussi sur la tona mais de manière ultra subtile. Cette sorte de filtre (inactif quand le bouton est au centre) élargit les graves et les aiguës, ou dans l'autre sens rend le son plus précis. Encore une fois, ce réglage est extrêmement subtil, on doit vraiment tourner le bouton à fond dans les deux sens pour bien se rendre compte du changement. Quand on le tire et que la fonction "Pull Tight" est activée, cela agit sur la lampe, rendant le son plus dynamique mais encore une fois, tout ça est très ténu. Ils le disent eux mêmes dans la notice "Ce réglage a un effet subtil sur la tonalité du son et c'est en général quelque chose que le bassiste peut sentir quand il joue". Ce réglage a pour but d’ affiner le son lors de conditions live pour pouvoir rentrer dans le mix du mieux possible.

En terme de choix sonore, cet ampli est plus que complet, on peut soit se la faire Old School avec l'équaliser ou trouver un son avec les différents filtres proposés sans aucun problème. Si on est aventurier, on peut même faire les deux !

Pour parler du combo, le 12" avec son tweeter (switable à l'arrière), garde une bonne dynamique dans les médiums et donne pas mal de graves. Cela laisse place à de nombreuses options. Il a l'air de bien encaisser la puissance, je pense que c'est un très bon ampli de club.

Niveau effets, le choix de la reverb et du chorus me paraît un peu étrange mais pourquoi pas. On a donc sur le bouton "Space" du coté gauche une reverb dont on dose la balance. De l'autre côté, on trouve le chorus. Je ne suis pas fan du son ni de l'un ni de l'autre mais attention, tout ça est strictement une affaire de goût personnel ! J'aurais juste aimé qu'il y ait un peu plus de paramètres qu'une simple balance mais cela aurait demandé plus de réglages et d'électronique et on est déjà pas mal dans ce registre sur les Nexus.

Sur le bouton "Interval", l'octaveur est très bien, le bouton Focus permet d'en ajuster la tonalité et de trouver un bon mix entre le son naturel et l'octave inférieur. Ça ne décroche pas, même en polyphonie. Petite déception, le mix de l'octaveur, va de 0 à 50%. J'aurais bien aimé aller jusqu'à 100% pour n’avoir que le son de l'octave afin de varier les textures sonores.

En tournant vers la droite, on trouve un pitch shifter harmonisé à la quinte, dont la fonction Focus contrôle aussi la tona. Il ne décroche pas non plus, l'effet est plutôt réussi. Mais ma question est pourquoi ? Peut être ai-je loupé un truc, mais je ne pense pas qu'un pitch shifter à la quinte soit indispensable. Ceux qui en ont l'utilité investissent en général dans des pédales plus paramétrables que celui qui équipe cet ampli.

De mon point de vue personnel, les effets embarqués dans ces amplis sont un peu le "too much" de cette gamme. Je vois où Laney à voulu en venir mais pour moi cette partie est un peu frustrante, cela donne accès à des effets pas ou trop peu paramétrables…

L'équipement numérique du Nexus

On peut donc se servir de ces amplis comme carte son avec un ordi ou un IPad. C'est plutôt pas mal pensé, avec une sortie à gauche DRY et à droite WET. On peut réamper si on veut, on peut tout faire au casque… Bref un véritable couteau suisse pour maquetter à la maison ou sur la route. Cela peut se montrer utile. Après, pour le live, je ne connais pas encore (je dis bien pas encore) de patchs équipés en prises USB pour les amplis, donc la DI se montrera plus utile pour les concerts. L'option USB est plus particulièrement destinée pour les maquettes, au travail sur la route et je pense avant tout au réamping.

Un ampli pour bassiste qui sonne et bien équipé !

Voilà un ampli beau, classe, polyvalent et qui en plus sonne bien. En tout cas c'est mon ressenti après quelques heures de tests. La tête sonne bien sur différents types d'enceintes et à différents volumes. Il en est de même avec le 1x12" du combo,  qui encaisse pas mal la dynamique tout en restituant de jolis graves. Pour avoir testé le combo en live en mode club, aussi bien pour le rock, de la soul, du gospel… basse 4 cordes ou 5 cordes ou synthé bas, tout passe super, le club est le domaine de ce combo.
Mention spéciale au filtre Tilt qui m'a permis d'enlever du grave sur scène et ainsi prendre moins de place dans les fréquences graves, tout en gardant une précision dans le son et ainsi m'attirer la sympathie de l'ingé son ! La tête branchée sur un 4x10" ou même un 8x10" permet, à l'aise, de jouer dans des salles de concerts plus grandes.


Pour un prix de 649 € pour la tête de 500w sous 4 Ohms et de 1049€ pour le combo de 500w équipé avec un 12"+ tweeter, Laney cette fois s'adresse aux bassistes plus confirmés. Aussi bien au look, à la finition ou au son, on peut voir que ce n'est pas un ampli d'entrée de gamme. Très complet à tout point de vue (peut être un peu trop, ce qui pourrait dérouter un peu au début), il faudra passer un peu de temps pour l'apprivoiser et en tirer tout son potentiel, mais une fois bien en mains, ces amplis sont très malléables pour s'adapter dans diverses configurations live ainsi qu'en studio.
Pour ma part, vu la catégorie de bassistes auxquels s'adresse la marque, toute la partie effets n'était pas indispensable…

Prix public de l'ampli format tête : 649 euros

Prix public de l'ampli format combo : 1049 euros

Les points positifs :

- Le son
- Les filtres Tilt et Touch
- La polyvalence
- Le look

Les points négatifs :

- Les effets intégrés

Test de l'ampli basse Laney Nexus SLS