La marque MOOER n'a plus grand chose à prouver. Elle a affirmé son sérieux avec une multitude de clones de distorsions très prisées par les guitaristes, très réussies pour la plupart et à un prix défiant toute concurrence. Pour ce test, une fois n'est pas coutume, nous nous pencherons sur une des quelques pédales de la marque qui ne soit pas au format Nano, le delay digital REECHO PRO se voulant ultra polyvalent, ainsi que l'ACOUSTIKAR, au format nano cette fois, un simulateur permettant d'approcher le son d'une guitare acoustique avec une électrique.

REECHO PRO :
Cette pédale au format Twin est une version plus complète de la REECHO,  sortie préalablement et se voulant proche de la série DD de Boss. La pédale, dans son boitier plus large mais de longueur égale à l'original, semble bien construite, solide et reste très petite compte tenu du nombre de contrôles disponibles.

Pas moins de six mini potentiomètres permettent d'affiner le signal de l'effet : les réglages obligés de signal Dry et Wet, Time, Feedback, mais on note également la présence bienvenue d'un filtre passe haut (Low Cut) et d'un passe bas (High Cut). On trouve aussi un mini switch « Trail », qui permet ou non à l'écho de terminer tranquillement ses répétions lorsque la pédale est bypassée. Le bouton poussoir « Ping Pong », lui, active le comportement stéréo de la pédale, pour peu qu'elle  soit câblée de la sorte. Deux gros potentiomètres rotatifs permettent de régler le type d'écho souhaité et son comportement. Pour terminer, les deux switchs au pied sont multifonctions. L'un permet d'activer l'effet, l'autre de déterminer le tempo en jouant. Les deux prennent les fonctions de boutons playback et record lorsque la pédale est en mode looper.

Penchons- nous un peu sur le potentiomètre rotatif de gauche qui détermine le type d'écho. La position « Digital » se veut proche de l'esprit de la Boss DD3 et ses petites soeurs. Hormis une dégradation du son plus importante lorsque le feedback est conséquent, l'esprit est là. Ça sera la position idéale pour un delay de confort, à la manière de Joe Satriani par exemple. Le mode « Analog » offre un delay plus feutré et plus chaud, avec une dégradation du son assez intéressante, permettant par exemple un tas d'effets psychédéliques assez rigolos en jouant avec le temps et la répétition.  Le mode « Real » est censé se rapprocher de l'écho que vous entendriez en criant bien fort au pied d'une montagne. La courbe de réponse est assez chaude, pauvre en aigus, et traitée avec un sorte de réverbération très courte qui la distingue bien du signal direct. Le mode « Tape », que je trouve le moins réussi de tous, s'apparente au mode « Analog », mais reste un poil moins facile à dompter. Il est un poil criard et envahissant. Le mode « Tube Echo » présente un écho affublé d'une distorsion légère mais granuleuse. Pour finir, le mode « Galaxy » est proche du mode « digital » mais avec un petit effet 3D qui sonne à l'oreille comme un léger déphasage. Il sera assez intéressant sur des valeurs longues, rappelant un peu le Roland Space Echo.

    L'emploi du potentiomètre de droite est particulièrement intéressant car il décuple les possibilités sonores de la pédale. En effet, il permet d'assigner à tous les types d'échos précédemment évoqués un comportement particulier. Le mode « Normal », vous l'aurez deviné, n'apporte aucune modification. La position « Mod » permet d'ajouter une modulation au signal wet, à mi-chemin entre un vibrato discret et un flanger timide. C'est le petit point faible de cette section : l'effet n'est pas assez franc du collier, on peinera à le percevoir parfois. Le mode « Dynamic » ne fera entendre l'écho que lorsque la guitare se tait. On pourra donc se permettre quelques effets sympas sur des échos très forts, sans craindre de polluer le signal direct. Un effet qui reste anecdotique, mais intéressant : le mode « reverse », devenu un classique depuis son apparition sur bon nombre de pédales, est plutôt réussi. L'intérêt ici est donc d'avoir la possibilité de combiner ces sonorités avec tous les modes du potentiomètre gauche, ainsi que de sculpter la couleur de l'écho avec les filtres passe haut et passe bas. Top. Pour finir, le mode « Loop »  ( 15'30 sur la vidéo) transforme la REECHO en looper correct, sans plus et pratique. Le son se dégradera quelque peu si vous empilez plus de trois couches d'enregistrements, mais la fonction reste sympa compte tenu que ce n'est pas le but principal de la pédale. 

    On note la possibilité bienvenue de garder en mémoire un preset. En appuyant quelques secondes simultanément sur les deux switchs, l'état de la pédale est mémorisé et prend en compte tous les réglages. On peut ensuite bouger à volonté tous les potentiomètres et rappeler le preset en appuyant une nouvelle fois sur les deux switchs.

    En revanche, la REECHO présente deux petits défauts : le premier, de taille, est que malheureusement, le signal DRY est un peu teinté lorsque la pédale est activée. On note l'ajout d'un petit filet d'aigus autour de 7khz. Ceci ne posera pas de gros souci la majorité du temps, mais si vous jouez sur des amplis très clairs et large bande, vous l'entendrez. Dommage. L'autre est que la position zéro du signal Dry n'est pas marquée. C'est à dire qu'il faut affiner à l'oreille, quelque part entre midi et 1h sur le mini potentiomètre de gauche, pour retrouver l'exact volume de votre instrument lorsque l'effet est bypassé.

    Pour résumer, la REECHO PRO est assez imbattable dans sa capacité à modeler à volonté l'effet. Le fait que le son direct soit quelque peu altéré peut  s'avérer rédhibitoire pour certains guitaristes exigeants. Mais elle peut aussi s'avérer être un génial petit outil de production en home studio, appliquée à des voix, synthés, batteries, notamment dans le domaine de l'électro.  Pour un prix d'environ 140€, à vous de choisir entre un écho efficace mais spécialisé ou une petite boîte hyper malléable, n'excellant dans aucun domaine mais très correcte comme la REECHO PRO.




ACOUSTIKAR :
Rarement vus sur les pedalboards, les simulateurs de guitare acoustique restent des effets assez anecdotiques. Ils servent aux guitaristes électriques qui ont rarement le besoin de jouer avec des sonorités acoustiques, quelques morceaux dans un set tous au plus. De plus, on ne peut pas vraiment parler de « simulation d'acoustique » car pour cela, il faudrait faire appel à la technologie de convolution, comme c'est le cas par exemple sur la pédale AURA de Fishman, qui permet d'émuler la résonance du bois à partir d'un signal piezo. L'ACOUSTIKAR, comme la BOSS Acoustic Simulator (AC2) dont elle est une copie, est un EQ paramétrique permettant de transformer le signal d'un micro magnétique en un signal ressemblant à un capteur de type piézo. Et dans ce contexte là, la Mooer fait très bien son travail.

Au niveau des réglages, on note un volume général, un réglage « Top » qui affinera les aigus, un réglage « Body » qui gère les fréquences basses, ainsi qu'un switch à trois positions : Piezo, Standard et Jumbo.

Le mode Piezo, assez clinquant, sera particulièrement utile sur des guitares sombres, équipées de humbucker. Le mode Jumbo, se voulant imiter la résonance de guitares acoustiques à caisse assez grosses s'appliquera à l'inverse davantage à des guitares brillantes de type Telecaster. La guitare utilisée pour ce test, une Fender Jazzmaster signature Troy Van Leeuwen était plus éloquente sur la position Standard, s'apparentant à la courbe de fréquences d'une guitare de type dreadnought.

L'ACOUSTIKAR délivre un signal propre et riche, similaire à la Boss AC2, sans surprise, ni bonne ni mauvaise, parfait pour s'approcher le temps de quelques morceaux d'une sonorité acoustique sans s'encombrer d'une guitare folk. Mais aussi, les bidouilleurs/chercheurs l'utiliseront pour certaines sonorités électriques clinquantes et hybrides chères à Franck Zappa (Zoot Allures) et à Steve Vai (Call It Sleep). Pour un prix de 70 €, l'ACOUSTIKAR est fiable et efficace.

 

Prix public de la Mooer Acoustikar : 70 euros

Prix public de la Mooer Reecho Pro : 140 euros

Mooer Reecho Pro et Acoustikar