Après 50 ans d'histoire dans le monde de la guitare, Yamaha a suffisamment de recul pour proposer des nouveautés inspirées par son propre catalogue. La guitares de la nouvelle série Revstar, fabriquées en Indonésie, sont dérivées de deux séries qui ont fait la réputation de la marque au cours des années 1970 : la Yamaha SG, pour la lutherie, et la Super Flighter, pour la forme asymétrique. Dans ce banc d'essai, nous vous parlons des modèles RS502T et RS620 qui représentent le milieu de gamme de la série Revstar et ses 8 modèles de guitares.

La montée en gamme dans la série Revstar se constate à travers les bois utilisés pour la lutherie de ces instruments. Là où les modèles d'entrée de gamme (RS320 et RS420, voir le test de la rédaction) sont essentiellement en nato, les manches et corps des modèles RS502T et RS620 sont en acajou. Les corps sont surmontés d'une table en érable. La table de la RS620 est en érable flammé. Les corps ont un chanfrein de confort au dos de la guitare. Les manches acajou des deux guitares ont une touche en palissandre. Les manches des RS502T et RS620  ont un profil C très fin qui, combiné à un radius de 340 mm (13 3/4") assez plat donc, procurent des sensations de jeu agréables. Corps et manches sont bordés d'un binding couleur crème.
Le talon à la jonction corps-manche est assez basique, ce qui peut surprendre tant c'est devenu l'objet d'une attention particulière chez beaucoup de marques. Malgré cela, il tombe bien sous la main et ne gêne pas l'accès aux aigus. Les finitions sont bonnes en dehors de quelques détails qu'on soupçonne liés au fait que les instruments que nous avons reçus sont passés par différentes rédactions avant nous (voir "les moins" en fin d'article).
Les deux guitares sont également équipées du circuit Dry Switch qu'on retrouve sur quasiment toutes les guitares de la gamme Revstar. Il s'agit d'un filtre passe-haut passif qui atténue les fréquences basses en ne laissant passer que les hautes fréquences.


Yamaha Revstar RS502T
Le modèle RS502T est un modèle un peu à part dans la gamme Revstar. Elle se distingue par ses équipements. D'abord, le chevalet Tune-O-Matic est accompagné d'un cordier en aluminium en lieu et place du stop bar. Le cordier est fixé à la table de la guitare par 4 vis. Les 2 vis les plus proches du chevalet sont montées sur des ressorts. Du coup, la hauteur du cordier est ajustable et en appuyant dessus on peut obtenir un effet de jeu intéressant. Bien sûr il ne faudra pas compter faire plus qu'un subtil vibré sur un accord par exemple mais cela peut ouvrir quelques perspectives intéressantes.
Concernant les sensations de jeu j'ai remarqué que c'est une guitare qui demande à être jouée avec subtilité. Pour les adeptes de grands coups de médiators, sachez qu'elle aura tendance à friser un peu. Vu que c'est un phénomène que je n'ai pas constaté avec les autres guitares de la gamme, il est possible que cela soit à mettre sur le compte du radius plat combiné au cordier. À l'usage, je me demande s'il ne faudra pas privilégier un tirant de cordes supérieur à celui installé par le fabricant pour atténuer ce phénomène.

Par ailleurs, c'est la seule guitare de la gamme Revstar équipée de deux micros de type P90 en lieu et place de la paire de humbuckers des autres modèles. Les micros VP5 (vintage output), chevalet et manche, sont plus chargés en fréquences basses que ce à quoi je m'attendais de la part de micros type P90. C'est loin d'être un problème. Les VP5 ont un son assez chaleureux avec un peu de rondeur. Malgré cela, ils ont le mordant et la dynamique caractéristique des micros P90.  Le Dry Switch est très efficace pour "dégraisser" le son de ces P90 un peu particuliers. En l'activant, on récupère un son plus fin et plus mordant qui correspond plus à ce qu'on attend d'un P90. Je dirais que les VP5 ont un caractère "moderne" mais que l'action du Dry Switch les fait tendre plutôt vers des caractéristiques plus conformes aux P90 dits "vintage".
Comme vous vous en doutez, cette guitare est parfaite pour tout ce qui touche au blues et ses dérivés mais on aurait tort de vouloir limiter son champ d'action. Le registre des micros est un poil plus vaste que celui des P90 traditionnels. Si on ajoute à cela l'action du Dry Switch, il y a un terrain de jeu assez vaste pour essayer beaucoup de choses. De son allure à ses sonorités, qui peuvent passer de chaleureuses à hargneuses en un coup de médiator, la RS502T a tout pour être un "best-seller" de la gamme Revstar.

Yamaha Revstar RS620
On monte d'encore un cran dans la gamme Revstar avec le modèle RS620. Une table en érable flammé surmonte le corps en acajou. Les motifs de la table sont cependant assez discrets dans la teinte noire satinée du modèle en finition Burnt Charcoal reçu pour ce test. Les repères dots sur la touche sont remplacés par des repères nacrés assez originaux. La RS620 est équipée d'un chevalet wraparound dont les pontets sont réglables individuellement. La qualité de finition de l'ensemble est très bonne. À l'attention des plus maniaques, les doigts marquent très facilement la finition satinée. Préparez-vous à souvent passer un chiffon pour la garder immaculée. Ceci dit, je doute que les plus maniaques d'entre nous jouent de la guitare juste après une bonne assiette de frites !
Les micros qui équipent cette guitare sont des humbuckers VH5+ (vintage output avec capots en nickel satinés). Comparés au micros VH3 qui équipent le modèle RS420, ils ont un niveau de sortie comparable mais ont plus de corps et de présence. Pour parler dans un langage plus subjectif, je trouve que les micros VH5+ ont beaucoup plus de caractère que les VH3. Avec cette guitare en main, on navigue en plein territoire "Les-Paulien". La Revstar RS620 sonne gras avec beaucoup de rondeur et de chaleur. Le micro chevalet a un côté assez tranchant sans être trop agressif. Lorsque le Dry Switch est activé et fait son travail de filtre passe-haut, on révèle un peu plus le côté tranchant/claquant de ce micro aigu.
Le seul regret que j'ai eu avec la RS620 porte sur les potards de contrôle de volume et de tone qui ne sont pas assez progressifs. C'est d'ailleurs le cas pour les 4 modèles Revstar testés. Pour les 3 autres modèles, cela ne m'a pas gêné. Par contre, sur la très "Les Paulienne" RS620, j'ai eu envie de pouvoir vraiment exploiter ces potards en particulier en position intermédiaire tant les micros se complètent bien ! D'ailleurs, on regretterait presque de ne pas avoir 4 potards de contrôle comme sur les Yamaha SG.
En bonne héritière de la Les Paul et de la Yamaha SG, la Revstar RS620 est capable de s'exprimer pleinement dans des registres allant des musiques blues et jazz - la rondeur du son aidant - à des musiques tendant plus vers le hard rock voire le metal.

Yamaha Revstar RS620 - Prix Public : 799 € TTC

Yamaha Revstar RS502T - Prix Public : 699 € TTC

Yamaha Revstar RS502T
Les Plus:
Les sonorités des micros VP5 qui sont, en plus, assez silencieux pour des micros de type P90
La possibilité d'obtenir des vibrés, certes subtils, grâce au cordier
Le look
Les Moins :
Les potards de volume et tonalité pas assez progressifs
Le bouton du potard de tonalité mal fixé (facilement réglable)

Yamaha Revstar RS620
Les Plus :
Très bonne guitare de type Les Paul
Le Dry Switch a un très bon rendu sur les micros VH5+ 
Les Moins :
Les potards de volume et tonalité pas assez progressifs
L'embase jack un peu lâche qu'il a fallu resserrer

Pour aller plus loin, nous vous proposons nos autres tests de la série :
Yamaha Revstar RS502T & RS620