Ambiance amicale et guitare à tous les étages, c'était le programme des Alliances de la Guitare qui se sont déroulées le week-end du 30 mai 2004 à Courbevoie, près de Paris. Avec à l'honneur le jeu acoustique, le picking, la guitare classique ou brésilienne.

 Pendant deux jours, les 29 et 30 mai 2004, la guitare acoustique avait élu domicile à l'Espace Carpaux (Courbevoie, Hauts-de-Seine), pour l'édition 2004 des Alliances de la guitare. Les ingrédients : des concerts pour s'ouvrir les oreilles, des stands de luthiers pour se faire mal aux yeux et des master-class pour apprendre à mieux dompter ses doigts. Sans oublier l'indispensable buvette pour mouiller le palais, puisque le soleil de juin s'échauffait dehors.

Au programme : en journée, des master-class et des ateliers ouverts à tous les styles, flamenco (Fahem Quintet), jazz fusion (Bob Bonastre), guitare picking ou classique, etc. Et en soirée, des concerts de qualité (Sylvain Luc, Louis Winsberg…).

Le détail complet est accessible ici :
http://www.guitariste.com/articles/alliances-de-la-guitare,414,1.html

Grâce aux concerts en accès libre, chacun pouvait discuter avec des musiciens de qualité comme le guitariste de finger-picking François Sciortino qui a interprété quelques titres de son album Printanière.

Très proche et pédagogue avec le public, il expliquait entre deux morceaux comment travailler l'instrument en sachant s'ouvrir à tous les styles, du blues à la musique celtique.



Difficile de ne pas apprécier la chaleur de son toucher. "Le plus beau compliment vient souvent d'un non-guitariste. Il est facile d'épater un guitariste en jouant des gammes, mais ce qui compte, c'est d'être touché par la musique, bien au-delà de n'importe quel aspect technique", souligne François Sciortino.

Parmi les autres artistes au programme en atelier libre figuraient Raymond Couste (luth, guitare classique), le duo Horizon (guitare classique et espagnole), Bruno Mursic (picking), Joel Laplane (luthier), Serge Tamas (guitare des Caraïbes), JP Poulain (théorie des modes) et bien d'autres encore.

Petit clin d'œil au passage à Korma (François Bécot), membre de Guitariste.com et qui proposait une démonstration de guitare, d'effets et de Stick avec des morceaux en tapping polyphonique soutenus par quelques couches de delay et réverb.

Un instrument difficile à maîtriser mais qui donne beaucoup de liberté.


Dans les ateliers libres, la guitare brésilienne était de mise avec Jean-Fabrice Candela (ici à gauche, à coté de son ami Barry Kingston), et dont l'accent marseillais sert d'antichambre au soleil de Rio de Janeiro.



Son répertoire mêle des reprises (Toquinho, Jobim) à des compositions personnelles comme "Histoire de chat" qui renvoie à une relation complice avec son compagnon félin. Un morceau doux qui, en fermant les yeux, peut coller à l'allure et aux pas feutrés de l'animal.


Faute de pouvoir se cloner, impossible d'assister simultanément à toutes les master-class. Parmi les vedettes au programme, Sylvain Luc et Jean-Félix Lalanne ont donné des leçons de simplicité.

Virtuose de l'improvisation, Sylvain Luc à l'aisance et au style renversant a mis rapidement le public K.O avec un jeu d'une fluidité impressionnante, où la guitare devient vivante. Difficile de le prendre à défaut, puisque son vocabulaire musical couvre la plupart des styles, du jazz à la country en passant par les musiques latines.



Très à l'aise avec son public, il s'avoue un peu en décalage avec la perception qu'on peut avoir de lui. "Je ne me vois pas comme un guitariste jazz, d'ailleurs ce n'est qu'une étiquette", explique le guitariste au public. "J'ai longtemps fait de la guitare classique par exemple, et d'ailleurs cela m'a aidé à chercher mon propre son", poursuit-il.

Lors de la master-class, il prodiguait ses conseils avec un message simple : ne pas s'inquiéter du nombre des années de pratique mais du plaisir de jouer. "Ce qui compte beaucoup, c'est de jouer en place. Pour y arriver, il faut jouer régulièrement avec un métronome, et finir par sentir le tempo dans l'espace".

A ses côtés, Louis Martinez (à gauche) l'accompagnait. Selon lui, Sylvain Luc ouvre des voies inexplorées en matière d'improvisation. "Son jeu est vraiment étonnant. Pendant toute une tournée, sur scène, Sylvain ne joue pas une seule minute à l'identique. Cela montre qu'en guitare, il reste beaucoup de choses à inventer. Après tout, c'est un instrument encore jeune…", estime le pédagogue. Louis Martinez prépare deux prochains volumes pour sa méthode Guitare Improvisation (Ed. Lemoine).  Donnant tout son sens à l'expression "master-class", le guitariste picking Jean-Félix Lalanne a laissé des guitaristes interpréter leurs morceaux sur scène, pour les observer et les aider à corriger leurs éventuels défauts.

Son œil extérieur repère tantôt une hésitation entre deux doigts dans le jeu à la main droite, tantôt une faiblesse dans l'interprétation due à un manque de dynamique dans l'attaque.

Le matériel n'était pas oublié puisque des luthiers exposaient leurs modèles.

Laurent Blanchard sur un stand de bleu revêtu présentait des modèles de guitares classiques et brésiliennes.



Avec parmi les bois utilisés l'olivier, "dur au travail et impitoyable pour le rabot, mais qui donne une très belle finition". Il travaille plutôt les instruments du quatuor (violoncelle, violon).



On pouvait voir sur son stand en dépôt-vente un modèle Jose Ramirez à 10 cordes, coté pour environ 6000 euros.



Plus au fond, Benoit de Bretagne exposait ses guitares et notamment un modèle acoustique 7 cordes, ainsi qu'une guitare classique dotée elle aussi d'une corde supplémentaire.

"La tension dans le manche de la guitare acoustique est telle qu'il faut le renforcer au carbone", détaille le luthier.



Le fond et les éclisses sont en érable pommelé, un bois "vraiment difficile à cintrer mais très apprécié pour l'aspect esthétique". La touche en ébène a été décorée d'un motif de vigne à la Steve Vai, à la demande de son propriétaire. La table est en épicéa.

En exposition, l'autre modèle 7 cordes à cordes nylon appartient à un professeur du conservatoire. La corde supplémentaire en Si permet de jouer des adaptations de Bach notamment.

Le luthier prépare par ailleurs un ukulélé pour François Sciortino. Il s'oriente davantage cette année vers les guitares à corde en métal, avec des tarifs à partir de 3000 euros.

Tout près, le panneau de l'atelier Pappalardo détaillait la fabrication de la guitare, de la conception des éclisses à la taille du manche en passant par le principe du barrage.



Répartis sur le même étage, les autres luthiers présentaient des modèles assez originaux.

Ainsi, Richard Baudry a mis au point une guitare à double manche détachable.



Une simple pression du doigt derrière le corps suffit pour séparer les deux parties. On obtient alors deux guitares de 6 et 12 cordes en leur joignant la partie manquante.



Le luthier a par exemple à son catalogue un modèle super-jumbo dont la tête est ornée d'un écureuil. La touche est parsemée de glands.



Le stand Kopo montrait ses guitares électro-acoustiques Malaga en fibre de carbone. L'épaisseur est plus fine mais une mince couche de bois est parfois appliquée sur la table pour embellir l'instrument.



Les prix oscillent entre 2000 et 3000 euros. A noter que l'atelier propose du 2 au 13 août 2004 un stage de lutherie pour construire une basse ou une guitare électrique.




Quelques liens:
http://www.alliancedelaguitare.com/
http://www.jeanfelixlalanne.com/
http://bdebretagne.free.fr/
http://www.kopo.fr
Alliances de la guitare 2004