Allo, Je parle bien à Johnny Duschnol ? LE Johnny Duschnol ? Euuuh... Oui ? Je me présente, je suis Sylvain Aybon-Onlvanchair, je suis directeur artistique chez Sonic Music, on a écouté votre vidéo de jam blues dans votre salon sur Youtube et on trouve ça GEANT ! Je vais pas y aller par quatre chemins, je vous envoie demain en express un billet d'avion pour Nouille Orques, on enregistre votre album, votre carrière est lancée ! Ah d'accord, chouette ! Le temps de prendre ma guitare et la bouteille de whisky que Josiane m'a offert pour mes 45 ans, et j'arrive ! Par contre on a besoin de vous et de votre son exceptionnel, prenez tout votre matos ! Ça peut voyager en soute, n'est-ce pas ? Johnny regarda devant lui, ses racks posés sur l'étagère en merisier et son pedalboard en caillebotis suédois fièrement posé au milieu d'accessoires épars dans le séjour. Il allait falloir trouver une solution, et vite.

Note préalable parce que je vais le répéter encore tout plein: ces articles sont un partage d'expériences, notamment professionnelles, mais ne sont pas à prendre comme parole d'évangile. Nul ne détient la vérité absolue, et certainement pas moi, surtout que dans la musique, les parts de subjectivité sont forte.

1. Mise en boîte

Cet article sera peut-être un peu plus court que les autres car ne nécessitant pas de grosse vulgarisation technique, il n'en est pas moins important. Comme bien d'autres paramètres, la question du support et du transport sont souvent reléguées en arrière-plan tant en budget qu'en préoccupation, et c'est un tort, car on parle de l'intégrité physique, que ce soit celle du matos, ou la tienne copain. 

Et on va commencer par une phrase qui résume tout : Qu'on parle de pedalboards ou de racks, l'efficacité des supports et protections est inversement proportionnelle à sa facilité de transport et au budget. Plus c'est cher, plus c'est gros et lourd, plus c'est efficace. Oui, comme un bon vieux PDG. Hum.

Allez, c'est parti, on commence par quoi. Les racks ? Allez, les racks !

2. Va falloir Racker

Bien évidemment, la première chose à penser lorsque l'on achète un case pour ses racks, c'est le nombre d'unités dont on a besoin. Pour les gros systèmes ou ceux incluant une amplification, particulièrement à lampes, il est important voire indispensable de prévoir une ou deux unités de libre pour que l'air circule. A ce titre d'ailleurs, les racks sans ouverture arrière sont à proscrire, sauf si vous voulez griller votre matos. Après pourquoi pas, hein, chacun fait ce qu'il veut, mais bon.

En parlant d'espace aussi, une erreur courante est de sous-évaluer la profondeur nécessaire. De vieilles unités style Lexicon ou Yamaha ne passeront pas dans les racks "courts" à moins de 30 cm de profondeur utile. Sachant qu'il faut évidemment prévoir quelques centimètres de plus pour satisfaire madam.... Euh je veux dire, pour passer le câblage.

 2.1 Les racks en toile et armature plastique. Bien évidemment les moins chers et les plus légers, ils sont souvent équipés de sangles et de bandoulières, ce qui en fera les favoris des musiciens nomades. Toutefois la charge utile se trouve limitée par les matériaux, et on évitera d'y caser un bon vieux Rivera Hammer sous peine de voir le tout finir éparpillé par terre. En termes de solidité, certains modèles de marque sont suffisamment rembourrés pour supporter le métro ou le coffre de voiture.

 2.2 Les racks en plastique moulé. Proposés par les leaders du marché (SKB et GATOR par exemple), ces modèles, souvent en polyéthylène ou en fibre de verre, sont moulés dans une forme qui leur permet d'absorber les chocs externes et ont l'avantage d'être légers, parfois plus que des modèles en mousse. Ils sont parfois plus encombrants par contre du fait de la forme des moulages et leur prix peut être assez élevé selon la qualité du plastique. Ils restent cependant un bon compromis.

 2.3 Les racks en structure métallique (communément appelés "flight cases"). Ils sont les plus courants dans le milieu professionnel, tout simplement par la solidité et la relative légèreté de la structure métallique en aluminium, mais aussi parce que celle-ci étant découpée à partir de rails standardisés, nombre de sociétés construisent et proposent des modèles sur mesure ! On notera toutefois pour ce type de racks de grands écarts de solidité et de poids suivant le matériau utilisé, du nid d'abeille plastique ultra-léger au fameux BETONEX, ce contreplaqué de bouleau indestructible mais qui va faire plus de 8 kilos au mètre carré !

 2.4 Les racks de type "chaussette" où le flight case s'"enfile" autour de la structure du rack, la plupart du temps avec un rembourrage de mousse. Ce type de rack est très résistant aux chocs, cependant il reste laborieux à mettre en œuvre... et bien entendu, cher et lourd.

 2.5 Enfin, les racks suspendus dits "flight in flight". Système hérité de ce qui sert aux équipements scientifiques de pointe, la structure contenant les racks est fixée à la structure extérieure via des absorbeurs de chocs (caoutchouc, ressorts, mousse élastique). Souvent en Betonex, ces racks sont ce qu'il y a de plus solide et garantiront l'intégrité de vos préamplis à lampe dans la soute d'un vol transatlantique... Bien entendu par contre, c'est très lourd, très cher et très encombrant. Pour stocker dans le salon ou pour charger dans la Smart après avoir descendu 3 étages à pied chaque semaine, autant dire que ça n'a pas de sens.

Petit détail : ceux qui auront besoin de gagner encore quelques centimètres (madame est vraiment exigeante !) parce que tout rentre juste juste dans le fourgon, prendront soin de choisir du matériel équipé de fermetures et de poignées «affleurants". D'expérience, ça évite aussi les éraflures et les fringues déchirées.

3. Les pedalboards

Alors, je crois que je l'ai déjà dit (vazy clique sur les précédents articles, moi j'ai la flemme et ça booste les statistiques du site. T'es sympa. Bisou.), mais je le redis : Attention, il est commun de croire qu'un pedalboard est moins encombrant et lourd qu'un système en rack... Crois-moi, c'est faux. La moindre petite Boss, c'est 500 grammes, plus 100 grammes pour un câble patch correct. La transportabilité d'un pedalboard sera toujours directement liée à son contenu et mon dos a parfois souffert de ma naïveté, moi qui faisais à l'époque 800 mètres aller à pied de chez moi à mon local, avec sur le dos ma guitare, et en bandoulière un pedaltrain 2 doté de 7-8 effets...

Je ne reviendrai pas sur les types de case car on trouve, avec les mêmes avantages et inconvénients, la même chose que dans les racks : des housses, des boîtiers en plastique, des flight cases en armature aluminium. On notera tout de même que le pedalboard étant dans l'air du temps, on trouve parfois des choses un peu "cosmétiquement valorisantes" comme des housses en cuir, des cases customisés et/ou assortis à la finition des amplis, etc...

Par contre, on peut approfondir sur l'offre assez pléthorique concernant le pedalboard en lui-même. 

 3.1 A tout seigneur tout honneur, le pedalboard en rails métalliques. Constitué comme son nom l'indique de profilés en métal alignés, ce type de pedalboard rencontre un franc succès de par son compromis entre solidité, sa (parfois très relative) légèreté et son côté pratique car très facile à agencer et à réagencer proprement, en faisant passer notamment les câbles et les alimentations sous la structure. La plupart d'entre eux sont également inclinés ou inclinables pour parfaire l'ergonomie sous le pied. Quantité de marques ont décliné le concept sous tous les formats et à tous les prix, on soulignera cependant Pedaltrain, inventeur du concept et dont la solidité des modèles est à toute épreuve, certes au prix d'un poids un peu élevé.

 3.2 Le pedalboard "plaque" historiquement plus ancien mais à l'époque pas fabriqué en série. Ce type de pedalboard se présente sous la forme d'un plan (souvent de Betonex ou d'aggloméré) protégé par un revêtement et des armatures métalliques. Souvent plus léger et plus facile de transport que le pedalboard métallique, il exige toutefois quelques compétences pour être câblé et agencé proprement.

 3.3 Le pedalboard moulé. Ayant fait les beaux jours de Boss et actuellement proposé par des marques comme Behringer ou Mooer, il dispose d'emplacements spécialement conçus pour accueillir les pédales de la marque. Souvent petit, pratique et léger, il présente l'inconvénient de son avantage : l'exclusivité, à moins d'y aller au cutter dans les emplacements, ce qui est dommage.

Je pourrais également citer des choses plus spécifiques, certains constructeurs cherchant l'innovation qui "tue" avec plus ou moins de bonheur. Entre Trailer Trash et leurs pedalboards bling-bling, Earthboard et le pedalboard à alimentation magnétique, les pedalboards incurvés, les coulissants... et bien entendu, car c'est là l'un des grands plaisirs du guitariste moderne, les pedalboards custom. Couleurs personnalisées, format personnalisé, connectique sur mesure... les workshops rivalisent d'inventivité pour séduire qui est en mal de personnalisation... L'extrême étant de faire appel à un monstre comme Pete Cornish ou Paul Lenders pour vous faire construire un vaisseau spatial complètement intégré... Ai-je besoin de préciser que le prix et le poids de ce genre d'engin les réservent prioritairement aux grosses scènes ?

Au-delà du poids et des options, j'aimerais enfin attirer votre attention sur un point : la fixation des pédales. Prenez en compte SOIGNEUSEMENT la nature des matériaux de votre board, de vos pédales (semelle caoutchouc ? le velcro tiendra jamais !) et la qualité du rembourrage du case/de la housse. En effet, des pédales Boss fixées avec un morceau de velcro sur un pedaltrain en housse prévu pour être porté en bandoulière, donc à la verticale, et secoué lors de longues minutes de marche, c'est l'assurance de tout refaire en arrivant à la maison ! A l'inverse, des choses très solides comme un vissage ou le fameux 3M Dual Lock (pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est un système de velcro non textile qui est assez costaud pour empêcher maman Hulk de courir après petit Hulk quand il rentre avec les pieds plein de terre spatiale, ce petit fripon) seront source de frustration pour tous les versatiles qui, après avoir déclaré pour la 549ème fois "ce coup-ci mon système est complet pour longtemps !", changent l'overdrive pour la 6ème fois du mois tout en essayant de faire de la place pour ce petit ring modulator qui était pas cher, mais si je te jure ma chérie ! 

4- Les p'tits trucs en plus

Tu l'auras compris j'espère, choisir un board ou un rack sera une question de budget, mais aussi de bon sens. Pense à ton dos, à la fréquence de tes déplacements, la fréquence de tes recâblages, à la taille de ton véhicule... je ne pense pas que vous soyez nombreux, amis lecteurs, à avoir deux roadies à dispo pour décharger tous les soirs votre matos du semi remorque vers la scène du zénith.

Et un conseil que je te donnerais : le tout-en-un fait souvent plus de mal que de bien !

Deux petits boards seront moins encombrants qu'un gros, de même qu'on peut stacker des racks (exemple : un pour la puissance, un pour les effets) et plus faciles à ranger. De plus, on gagne en modularité (exemple : un board d'effets à amener dans les salles où il y a un ampli, avec un second board préamp+simulation à insérer pour les petites salles)

Des sacs ou valisettes séparés pour les accessoires. Si on peut imaginer un tiroir dans le rack pour mettre les câbles et les lampes comme pratique, on se rendra vite compte qu'on a ajouté 4 kilos et 30 cm d'encombrant (comme quand le petit dernier est né) à quelque chose de déjà compliqué.

Voilà mon petit poulet, ton matériel est maintenant bien protégé ! Maintenant que tout ça est choisi, monté, encastré, assemblé et alimenté, si on ajoutait quelques câbles pour qu'enfin le son passe ? Allez, à la prochaine ! ;)

 

Concevoir et assembler son pedalboard ou son rack - Episode 4 - La structure