Les frettes de guitare, c'est droit comme la justice. Nicolas Escot en élève une espèce originale : elles sont tordues.

« Guitare bien tempérée. » : sous ce nom plutôt étrange se cache l'une des trouvailles exposées au récent Salon de la musique de Paris, et qui espère faire du bruit.

Dès le premier coup d'œil, en la prenant dans la main l'instrument, on s'interroge. Le luthier a-t-il bu un coup en trop ? Car si l'aspect général de la guitare ou de la basse reste identique à celui de ses congénères moins bien « tempérés », les frettess souffrent à l'évidence de scoliose avancée : tordues dans tous les sens, elles paraissent bien mal en point.

Mais Nicolas Escot, l'homme qui se cache derrière cette physionomie particulière, est sûr de lui : il tient là les frettess de l'avenir : « Le principe que j'ai mis au point est en fait la reprise d'un concept ancien : ce frettage donne un instrument au tempérament inégal, ce qui lui donne plus de justesse sans sacrifier la modulation ou la transposition. »

Nicolas Escot est du genre passionné, et beaucoup trouveraient pour le moins arides des explications sur le tempérament et le calcul des distances pour les frettes, où les nombres premiers voisinent avec les notes de la gamme. Passons donc sur les explications théoriques pour nous pencher sur le résultat.

Premier point positif : une fois la guitare prise en main, les doigts ne sentent aucune différence et la jouabilité est tout à fait identique à celle d'un instrument fretté “normalement”. Quant aux yeux, ils se font vite à cette distorsion inhabituelle.

Mais que disent les oreilles ? Difficile, comme l'avoue lui-même Nicolas Escot, de se faire une idée après un simple test : « De prime abord, la différence n'est pas flagrante. Mais au fur et à mesure, on habitue l'oreille à cette nouvelle justesse et il devient difficile de rejouer sur d'autres instruments. La plupart des musiciens sont habitués au tempérament égal, mais il est plein d'approximations... »

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Une objection vient à l'esprit. Les justesses étant différentes, il paraît compliqué de jouer dans un groupe avec d'autres instruments “bien tempérés” et d'autres au tempérament égal. Alors, problématique ou pas ? « Oui, c'est vrai que ça peut être gênant », concède Nicolas Escot.

Travaillant avec des luthiers argentins, le jeune créateur propose des instruments qui vous demanderont de débourser de 2 000 à 3 500 euros. Mais il peut remplacer la touche de votre guitare électrique (pour 400 euros) ou classique (de 300 à 350 euros).

guitaretemperee@hotmail.com
Atelier au 30, rue du Faubourg-Saint-Antoine
à Paris.

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Frettes tordues pour guitare juste