Ouvert à Paris du 7 au 10 mai 2004, le salon Musicora 2004 est l'un des grands rendez-vous français de la musique classique et du jazz. Même si les violons, accordéons et autres pianos dominent dans les stands, plusieurs luthiers s'y sont déplacés pour faire honneur à la guitare acoustique.

En ouvrant ses portes au public le 7 mai, le salon Musicora entamait sa vingtième édition. Comme chaque année, c'est l'endroit où se retrouvent les fabricants d'instruments de la musique classique, baroque ou du jazz. Et la guitare ? Il faut la chercher un peu, parmi les exposants du premier étage. Passez la porte d'entrée de la grande Halle de la Villette, patientez pendant les quelques minutes de queue et vous y êtes presque.


Montez quelques marches et vous dominez tout le salon. Allez hop, c'est parti…



Sur le stand portant son nom, Fabrice Gougi présente ses systèmes d'amplification dédiés à la guitare acoustique. Plusieurs nouveautés, développées par la société suisse Schertler, concernent le capteur électro-dynamique.

Il s'agit d'une fine barrette longue d'une dizaine de centimètres. Placée au niveau du chevalet, elle absorbe les vibrations de la caisse grâce à une fiche poche d'air interne et les restitue à un micro miniaturisé, pour amplifier le son.



La conception de ce micro ne permettait au départ de modifier que le gain. La nouvelle version Bluestick Active EQ permet maintenant de jouer sur le grave et l'aigu grâce à deux molettes supplémentaires qu'on fixe à l'intérieur de la caisse, en les laissant légèrement dépasser de la rosace pour un réglage du bout du doigt.

Il manquait à certains une version un peu plus accessible. C'est chose faite avec le Bluestick Onboard : comme sur de nombreuses guitares électro-acoustiques, la section de préamplification est insérée dans l'éclisse.

Un nouveau modèle de guitare classique appelé EACG6, utilisant ce système externe a été mis au point en Espagne. Les premiers modèles de série sont attendus dans le courant de l'été 2004, avec un prix de l'ordre de 900 euros.


Fabrice Gougi nous présente le premier modèle en image :


Pour les puristes qui jugent sacrilège la perforation de l'éclisse, ou pour les guitaristes préférant tripatouiller leur son depuis un boitier externe, Gougi propose depuis peu le kit Bluestick Marine Set. Il possède plusieurs boutons supplémentaires pour l'égalisation, par rapport à la mouture précédente.
Sur le stand, il est aussi possible d'essayer le micro Dyn-G Set. On colle le capteur sur la table de la guitare, près du chevalet et légèrement sous les cordes. Le capteur est fixé à l'aide d'une pâte verte.




Comme le micro ne capte que les vibrations de la table, il est sourd à tous les bruits extérieurs. L'intérêt est d'éviter d'amplifier une voix ou un autre instrument proche de la guitare. En même temps, il faut être précis dans son jeu guitaristique puisque chaque impact de la main sur la table est lui aussi amplifié. Le système semble toutefois séduire plus d'un guitariste manouche.

La société Gougi présentait par ailleurs son ampli acoustique Unico. Ce dernier délivre 180 watts, avec deux amplificateurs internes répartis sur l'enceinte grave et aigue. Les quatre entrées s'adaptent à différentes configurations : micro de scène demandant une alimentation fantôme (+48V), micros magnétiques ou piézos, entrée Line in pour brancher un CD ou un rack d'effet guitare. En entrée de gamme, le modèle David, de 85 watts, ne possède que deux entrées.



Sur l'une des trois sorties, un bouton Low Cut permet de baisser les graves pour éviter d'abîmer l'enceinte reliée si elle n'est pas capable d'encaisser des graves trop puissants.



Le public peut aussi essayer les instruments Gougi, tous équipés des capteurs Schecter.



En quittant le stand, le public peut voir la dernière console de mixage Schertler Opera, équipée de 14 entrées et dédiée à la scène acoustique.

 Du côté de la guitare manouche, on peut causer avec Gilles Pourtoy, dont les guitares à demi grande bouche ont récemment tapé dans l'œil et l'oreille de Sanseverino.
Le luthier n'a pas sa langue dans sa poche et démarre au quart de tour pour causer guitare. L'amplification des guitares est assurée par des micros Benedetti et un piezo sous le chevalet.






Sur le stand du canadien Serge Michaud, on pouvait écouter quelques improvisations jazz sur guitares électro-acoustiques. Les instruments sont en épicéa.



Le catalogue ne boude pas la guitare électrique comme le prouve le modèle Eurus, dans les mains de Serge Michaud. Les cordes sont traversantes. Les micros sont signés TV Jones, fidèles à la version équipant les guitares Gretsch.



"Toutes nos guitares portent le nom d'un vin", explique l'artisan. "Au total, nous avons une dizaine d'instruments déjà disponibles. Pour du sur-mesure, le délai de livraison est d'environ six mois". Le luthier recherche un distributeur en France.

Non loin, HP Lutherie a joué la carte de l'originalité avec une guitare qui peut être jouée à l'archet. "La guitare électrique jouée avec un archet, ça ne sonne pas ! Sur mon prototype Mina de Gambe, j'ai placé un chevalet qui fait vibrer la table", explique Hervé Prudent.



"C'est indispensable pour obtenir un son correct", poursuit-il. D'un bouton, on bascule d'une amplification traditionnelle de guitare à un son de cordes frottées. Et effectivement, ça marche.



Le luthier a différentes basses et guitares au jazz manouche, au folk et au rock.


Comme souvent à Musicora, les luthiers dédiés à l'électrique sont rares.
Le public rock peut jeter son dévolu sur les guitares Arnaud Querey. Situé dans l'Eure, le luthier fait de la guitare rock et metal sur mesure, de la courbe du manche à la taille des frettes.

Le corps du modèle fretless Aude a donné naissance à une petite série de modèles.



L'un des corps aux formes agressives n'est pas sans rappeler les guitares BC Rich.



Les tables corps sont particulièrement fins et travaillés. Les prix oscillent entre 2800 et 3500 euros. Le délai d'attente est de quatre mois.

"Il faut patienter entre un mois et un mois et demi entre la première et la dernière couche de vernis", indique Arnaud Querey.



La guitare classique était davantage représentée par plusieurs artisans-luthiers.

Ainsi, l'autre exposant québécois du salon, Bruand avait en démonstration un superbe modèle dont les éclisses et le dos sont en Koa, un bois de l'île de Hawai.

Comme pour la plupart des autres artisans, la production de l'atelier tourne autour de 20 à 30 guitares par an.



 Yvon Le Moing, spécialisé dans les guitares de concert, présentait ses modèles. Les bois, essentiellement palissandre et cèdre rouge, proviennent d'Espagne.



L'artisan a été consacré Meilleur ouvrier de France 2004. "Dans la lutherie, trois artisans ont été récompensés au total, pour la qualité de fabrication et leur savoir-faire. Sur les têtes de mes guitares, certaines découpes demandent un travail pas toujours facile", explique Yvon Le Moigne. Les prix sont de l'ordre de 4500 euros.

Installé près de Nîmes, Dominique Chevalier partage son stand avec un fabriquant de violes. L'artisan propose des guitares classiques et des ukulélés.



Le ukulele est accordée en sol do mi la, comme si l'on faisait un barré à la cinquième case sur les cordes aigues d'une guitare.



A noter que les guitares classiques et électro-acoustiques de la marque brésilienne Giannini seront disponibles à partir de juin 2004 en France, par l'intermédiaire de l'alsacien Sebim.

Le modèle à pan coupé au premier plan possède un préampli intégré fait maison avec un bouton de volume et un autre de tonalité (Lo-hi). Le prix n'est pas précisé.


Le luthier Gérard Sembot s'est fait le représentant de la guitare baroque (au milieu sur la photo) avec un modèle inspiré de la famille Stradivarius. La rosace est habillée en ivoire et en ébène, et l'arrière du manche est strié d'ivoire.



Les amateurs de bouzouki, mandoline et autres luths peuvent se retrouver sur le stand de Musikalia qui revient en France.

"Nous n'avons plus eu des distributeurs pendant un moment", confie l'exposant, "mais Internet nous a permis de garder contact avec la clientèle et de livrer dans le monde entier". La société, qui possède un vaste catalogue d'instruments issus d'Amérique latine, est basée en Sicile.



On peut voir par exemple différents types de mandolines plates…



Ou même des guitares hawaiennes dont le manche est creux à l'intérieur. On aperçoit une mandoline-lyre sur la droite.



 Au rez-de-chaussée, un emplacement de l'école Itemm (Institut technologique européen des métiers de la musique) présente un petit atelier de lutherie pour montrer au public les gestes des professionnels (câblage des micros, frettage d'un manche).
Les amateurs de bibelots n'ont pas été oubliés. Requis Import propose toute une offre de petites reproductions de guitares faites à la main en Indonésie.



Environ 80 modèles (aux formes de guitare Stratocaster, Jag-Stang ou d'un banjo, etc.) sont commercialisées en France depuis décembre 2003.




En marge des libraires, disquaires et autres exposants traditionnels, deux sociétés proposent des services qui intéresseront les home-studistes et les musiciens en concert.

D'abord, Col Sound, spécialiste industriel des mousses, fait la présentation de filtres et de revêtements pour le studio.

Son support en polyuréthane pour moniteurs, capable de supporter un matériel de 18 à 26 kg, sert à étouffer les vibrations transmises au mobilier.La paire de deux supports coûte 19 euros.



La firme propose des panneaux pour les plafonds, les angles et les murs. Pour savoir où et comment les positionner pour éviter toute réverbération superflue, la société fournit des informations et un devis gratuit sur son site Colsound.com.



Madisound, de son côté, s'adresse aux musiciens et organisateurs de spectacle qui veulent enregistrer un disque en direct.

Grâce à une station mobile sous ProTools, l'équipe est en mesure de graver à la demande les CD partout en France, pour une vente à la fin du show.

"Il ne faut que vingt minutes entre la dernière note et le premier CD gravé", assure Emmanuel Vaillant, porte-parole de la société.

Musicora 2004