Au moment de sa formation par Damon Albarn (Blur) et le dessinateur Jamie Hewlett, Gorillaz ne payait pas de mine. Peu de gens misaient sur le succès de ce qui ne semblait être qu’un vulgaire side project. Deux albums, des millions d’exemplaires vendus et un record du monde plus tard, le groupe virtuel a bel et bien matérialisé puis dépassé ses ambitions. Le faux quartette revient donc en 2010 avec le volet trois de ses aventures multimédia. Plastic Beach exploite à nouveau les filons de l’éponyme et de Demon Days en conviant un nombre incroyable d’invités à écrire et/ou à jouer avec l’homme-orchestre Damon Albarn. Le succès sera-t-il encore au rendez-vous ?

Timidement, on répond oui. Plastic Beach possède suffisamment de penchants commerciaux (« Stylo », « On Melancholy Hill ») et de têtes d’affiche intrigantes (Mos Def, De La Soul, Mick Jones, Snoop Dogg, Lou Reed) pour susciter l’intérêt. Si cela ne suffisait pas, l’album compte également sur un vague concept écolo pour assurer au mieux sa promotion. Après tout, les Verts ont réalisé de bons scores aux élections régionales, il faut bien que cela profite à quelqu’un ! Toutefois, en dépit de louables intentions, le résultat artistique manque de mordant et pourrait refroidir les habitués de cette drôle de musique perdue entre rock doux et rap introverti.

Pourtant, les ingrédients n’ont guère changé. On trouve toujours autant de lignes de basse funky, de flows tranquilles, de synthétiseurs disco, de reggae angoissé et de pop sirupeuse, le tout arrosé d’une légère couche de psychédélisme inavoué. Gorillaz a façonné un son, cela est d’autant plus épatant quand on connaît le background d’Albarn. Celui-ci s’éloigne quelque peu de la facilité excessive des tubes passés du type « Feel Good Inc » ou « Dare » et s’en va lorgner vers des titres plus aboutis comme « White Flag » et son orchestre oriental ou « Glitter Empire » et son hommage appuyé à la musique électronique des années 70.



« On Melancholy Hill », dans un genre plus facile, fait pour sa part penser aux Pet Shop Boys et aux années 80 dans leur ensemble. Là réside la grande force de Gorillaz : sous une modernité apparente, le groupe renvoie l’auditeur à de multiples références, assurant au passage à Plastic Beach de nombreux et agréables degrés de lecture. Mais, sous cette science musicale de tous les instants, il manque au disque à la fois une spontanéité et une cohésion pour réellement prendre son envol.

Il convient du coup de prendre ce troisième opus pour ce qu’il est plutôt que c’est qu’il aurait pu devenir si le duo avait continué sa progression logique. Une fois cette donnée intégrée, Plastic Beach devient largement plus appréciable.

Line-up :
2D (chant, claviers)
Murdoc Niccals (basse)
Russel Hobbs (batterie, DJ)
Noodle (guitare, chant)

Tracklist de Plastic Beach (en gras les morceaux essentiels) :

1. Orchestral Intro (featuring sinfonia ViVA)
2. Welcome to the World of the Plastic Beach (featuring Snoop Dogg and Hypnotic Brass Ensemble)
3. White Flag (featuring Bashy, Kano, and The Lebanese National Orchestra for Oriental Arabic Music)
4. Rhinestone Eyes
5. Stylo (featuring Bobby Womack and Mos Def)
6. Superfast Jellyfish (featuring Gruff Rhys and De La Soul)
7. Empire Ants (featuring Little Dragon)
8. Glitter Freeze (featuring Mark E. Smith)
9. Some Kind of Nature (featuring Lou Reed)
10. On Melancholy Hill
11. Broken
12. Sweepstakes (featuring Mos Def and Hypnotic Brass Ensemble)
13. Plastic Beach (featuring Mick Jones and Paul Simonon)
14. To Binge (featuring Little Dragon)
15. Cloud of Unknowing (featuring Bobby Womack and sinfonia ViVA)
16. Pirate Jet

Discographie :
Gorillaz (2001)
Demon Days (2005)
Plastic Beach (2010)

Gorillaz – Plastic Beach
Parlophone
www.gorillaz.com
Gorillaz, les singeries de Damon